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Les missions de maintien de la paix de l'ONU condamnées à se réformer en Afrique


Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, Bruxelles, 15 mai 2017.
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, Bruxelles, 15 mai 2017.

Matériel insuffisant, vulnérabilité, mandat inadapté... des dirigeants africains ont dénoncé au Forum de Dakar l'inadéquation des missions des Casques bleus au nouvel environnement sécuritaire, une préoccupation partagée par les Nations unies, qui veulent faire évoluer leurs interventions.

"Face à la violence asymétrique, les missions de maintien de la paix éprouvent des difficultés, au point qu'elles sont parfois contraintes de consacrer leurs moyens à leur propre sécurité", constate le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, déplorant à ce Forum annuel sur la paix et la sécurité en Afrique "l'impuissance de la puissance".

"On ne peut maintenir la paix là où elle n'existe plus, là où il faut la rétablir", a fait valoir le président sénégalais Macky Sall, dont le pays deviendra à la fin de l'année l'un des principaux contributeurs de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), avec quelque 1.500 militaires et policiers.

"Nous n'avons pas besoin d'une force de maintien de la paix, nous avons besoin d'une force d'imposition de la paix", juge lui aussi le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Marcel Alain de Souza.

Déployée depuis juillet 2013, la Minusma, qui compte environ 12.500 militaires et policiers, est actuellement la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines, avec plus de 140 Casques bleus morts, dont 89 tués par des actes hostiles.

Ailleurs sur le continent, qui concentre huit des 15 actuelles missions de maintien de la paix de l'ONU, plusieurs autres peinent à convaincre.

Déployée en Centrafrique depuis 2013, l'opération de l'ONU (Minusca) est loin de garantir la paix dans un pays où les violences entre groupes armés se sont intensifiées en 2017.

Quant à la mission en République démocratique du Congo, la Monusco, le plus important et coûteux déploiement de Casques bleus au monde, elle est également critiquée pour son inefficacité.

- 'Plus mobiles' -

Des griefs que n'ignorent pas les Nations unies, qui tiennent mardi et mercredi à Vancouver (Canada) une conférence ministérielle sur le maintien de la paix, pour débattre des défis rencontrés sur le terrain.

"Il faut être réaliste, certaines opérations de maintien de la paix de l'ONU ont eu du succès, comme en Côte d'Ivoire ou au Liberia, mais il y aussi des difficultés", reconnaît Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU.

"Plusieurs de nos opérations ont lieu alors que les processus politiques avancent lentement et dans des environnements sécuritaires de plus en plus difficiles", explique-t-il.

Face aux nouvelles menaces, "nous devons nous adapter, être dotés d'équipements à la hauteur pour être moins vulnérables aux attaques, être moins statiques, plus mobiles", juge-t-il.

Toutefois, nuance M. Lacroix, "quand il s'agit de lutter contre des groupes terroristes, il faut d'autres types d'instruments. Il faut soutenir les forces comme celle du G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie)", qui s'est déployée pour la première fois en novembre.

Selon lui, "l'avenir, c'est la complémentarité entre des forces de maintien de la paix et la lutte anti-terroriste".

"Les opérations de maintien de la paix ont été définies après la Guerre (mondiale de 1939-1945, NDLR). Une réflexion est engagée depuis les années 2000 pour les adapter au nouvel environnement", assure à l'AFP le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif.

"Mais la Minusma a son rôle à jouer, la réponse ne doit pas être uniquement sécuritaire", se défend-il.

"Notre mission est multidimensionnelle: au Mali, il faut aider à reconstruire la justice, défendre les droits de l'Homme et les principes démocratiques, mettre en oeuvre l'accord de paix" de 2015, dont l'application tarde encore, énumère-t-il. "Le terrorisme nous empêche de faire notre travail, c'est sur ce point qu'il faut trouver une solution".

Avec AFP

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