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Les Guinéens votent en masse pour une présidentielle disputée


File d'électeurs attendant de voter devant un bureau de vote à Conakry, en Guinée, le 11 octobre 2015. (Photo: C. Stein/VOA)
File d'électeurs attendant de voter devant un bureau de vote à Conakry, en Guinée, le 11 octobre 2015. (Photo: C. Stein/VOA)

Les Guinéens ont voté massivement dimanche pour désigner leur président, un scrutin sous tension dont l'opposition compte déjà contester les résultats, alors que le camp du sortant Alpha Condé le donne vainqueur dès le premier tour.

Les bureaux de vote étaient fermés à partir de 20H00, après l'autorisation accordée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à tous ceux ayant ouvert en retard - une proportion importante selon journalistes de l'AFP, témoins et observateurs électoraux - à prolonger d'autant leur période d'ouverture.

Le dépouillement a aussitôt débuté, mais les premiers résultats n'étaient pas attendus avant mardi.

"Je demande à tous les Guinéens, quel que soit leur bord, de remplir leur devoir civique dans la paix et la tranquillité et d'attendre les résultats", a dit M. Condé, en allusion aux violences électorales qui ont fait une dizaine de morts cette semaine, après avoir voté dans la matinée à Conakry.

"Après l'épidémie d'Ebola, la Guinée a vraiment besoin de s'unir pour reprendre sa marche en avant", a ajouté le chef de l'Etat, qui impute à l'épidémie déclarée en décembre 2013 dans le pays le fléchissement de sa croissance.

Il a fait campagne sur son bilan: réforme de l'armée et de la justice, achèvement du barrage hydro-électrique de Kaléta pour pallier la pénurie criante d'électricité, transparence sur l'attribution aux sociétés minières des contrats d'exploitation des précieuses ressources du pays (bauxite, minerai de fer, or, diamant et pétrole)...

Ses adversaires - dont les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté - accusent Alpha Condé de mauvaise gestion, notamment de la crise Ebola, d'exercice solitaire du pouvoir et d'attiser les tensions ethniques, particulièrement envers les Peuls, la communauté de M. Diallo.

L'enjeu principal porte sur l'éventuelle réélection de M. Condé au premier tour, comme le proclame sa campagne - cinq ans après une victoire à l'arraché au second tour sur le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo - un objectif que ses concurrents jugent irréalisable sans fraude caractérisée.

- 'Pagaille organisée' -

Après avoir voté dans son quartier de Dixinn, en banlieue, M. Diallo a appelé à "faire en sorte que les suffrages des Guinéens soient respectés, qu'ils soient sécurisés, pour que le meilleur gagne", appelant lui aussi à éviter les violences.

Une de ses porte-parole a ensuite dénoncé "des graves irrégularités", voire "des fraudes massives directement constatées sur le terrain", citant notamment l'expulsion de ses délégués de bureaux de vote dans l'est du pays, région d'origine de M. Condé.

Sidya Touré a dénoncé dans une déclaration à la presse en début de soirée les tâtonnements de la Céni, qui a multiplié tout au long de la journée les instructions, parfois contradictoires.

"Toute cette pagaille a été organisée de façon volontaire pour aboutir à une proclamation des résultats qui ne correspond pas du tout à l'expression populaire", a-t-il accusé, annonçant une prochaine réunion des concurrents de M. Condé pour en tirer les conclusions.

Le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne, Frank Engel, a en revanche dressé un tableau favorable à la mi-journée, considérant que le "vote se passe bien" malgré de nombreux retards, disant "comprendre un certain énervement" des électeurs après des heures d'attente.

"Ce que nous avons vu, observé, et ce qui nous a été signalé, pour moi n'entache pas la régularité du vote", a-t-il souligné, égratignant toutefois au passage la Céni, "probablement moins prête qu'elle ne le croyait".

Les sept concurrents de M. Condé ont invoqué une série d'"anomalies" pour réclamer un report de l'élection.

Faute des corrections demandées, "les sept candidats ne reconnaîtront pas les résultats qui seront proclamés à l'issue du scrutin organisé avec ces anomalies et irrégularités", ont-ils affirmé vendredi dans une déclaration commune.

Les deux précédents scrutins dans le pays, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été entachés par des violences et des accusations de fraude.

"Généralement ce n'est pas le jour du vote qu'il y a des problèmes, c'est au moment où on proclame les résultats", met en garde le Dr Alpha Amadou Bano Barry, professeur de sociologie politique, estimant qu'un "deuxième tour en Guinée est toujours beaucoup plus conflictuel que le premier", en raison de l'exacerbation des rivalités ethniques.

Ancien opposant qui a connu la prison, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de cette ex-colonie française d'Afrique de l'Ouest, dirigée jusqu'alors par des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux.

Avec AFP

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