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Les Etats-Unis veulent faire suspendre la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU


Un pompier ukrainien marche dans les décombres de la ville de Trostianets, dans le nord-est du pays, le 29 mars 2022.
Un pompier ukrainien marche dans les décombres de la ville de Trostianets, dans le nord-est du pays, le 29 mars 2022.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont réclamé lundi la "suspension" de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, en réponse "aux images de Boutcha", ville ukrainienne où ont été retrouvé de nombreux cadavress après le départ des forces russes.

Un vote de l'Assemblée générale de l'ONU pour décider de cette suspension pourrait intervenir dès jeudi, selon Wahington. La Russie a réagi en qualifiant cette démarche d'"incroyable" et en jugeant qu'elle ne faciliterait pas les "pourparlers de paix" entre les Russes et les Ukrainiens.

"Nous ne pouvons pas laisser un Etat membre qui est en train de saper tous les principes qui nous tiennent à coeur participer au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU", a tweeté l'ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield.

Elle s'est adressée aux 140 pays sur les 193 que compte l'ONU qui ont "déjà voté pour condamner" l'invasion russe de l'Ukraine dans une résolution de l'Assemblée générale début mars: "Les images de Boutcha et la dévastation à travers l'Ukraine nous imposent à présent de passer de la parole aux actes."

"En étroite coordination avec l'Ukraine et les autres Etats membres et partenaires à l'ONU, les Etats-Unis vont travailler à la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU", a donc indiqué la diplomate.

"On ne peut pas laisser la Russie utiliser son siège au Conseil comme outil de propagande lui permettant de suggérer qu'elle a une préoccupation légitime au sujet des droits humains", a-t-elle ajouté.

Une telle suspension ne peut être décidée que par l'Assemblée générale des Nations unies, lors d'un vote par acclamation ou à la majorité des deux tiers des Etats membres présents qui voteraient pour ou contre. Les abstentions ne sont pas prises en compte dans cette majorité requise, que les Etats-Unis comme le Royaume-Uni estiment pouvoir obtenir.

- Vote jeudi ? -

"Notre objectif est de le faire (le vote) aussi vite que possible -- cette semaine et possiblement dès jeudi", a déclaré Linda Thomas-Greenfield lors d'un entretien avec la radio américaine NPR. Elle a estimé qu'une telle suspension serait bien plus que symbolique et irait à l'encontre du récit des événements développé par la Russie depuis le début de la guerre.

Le Royaume-Uni a apporté son soutien à la démarche américaine.

"La Russie ne peut pas demeurer membre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU", elle "doit être suspendue", a déclaré sur Twitter la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, évoquant une "forte présomption de crimes de guerre" et les informations faisant état de "fosses communes et de tuerie atroce à Boutcha".

Interrogé lors du point-presse quotidien de l'ONU sur la position du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à l'égard d'une telle suspension, son porte-parole adjoint, Farhan Haq, s'est montré embarrassé.

"Nous laissons aux Etats membres le soin de décider", a-t-il dit. Avant d'ajouter: "Ce qui inquiète ici, c'est le précédent créé par cette action." Pressé de questions pour clarifier sa déclaration, il a refusé d'en dire plus.

En mars 2011, l'Assemblée générale de l'ONU avait approuvé par acclamation la suspension de la Libye du Conseil des droits de l'Homme, qui siège à Genève. Il ne s'agissait pas alors d'un membre permanent du Conseil de sécurité comme l'est la Russie.

Interrogé lors d'une conférence de presse sur cette annonce américaine, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, l'a jugée "incroyable".

"Ce que l'Occident essaie de faire avec la Russie, en essayant de l'exclure des forums multilatéraux que nous avons dans le monde (...), c'est du jamais vu", a-t-il dit. "Cela ne facilitera ni n'encouragera, ni ne sera utile, à ce qui se passe entre Russes et Ukrainiens dans les pourparlers de paix", a-t-il asséné.

Les autorités ukrainiennes ont accusé les forces russes d'avoir tué de nombreux civils à Boutcha, mais Moscou a démenti toute responsabilité. Les Occidentaux dénoncent des crimes de guerre.

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