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Le Synode sur la famille reste sur la ligne de bienveillance du pape


Le pape Francois avec le Cardinal Peter Erdo de la Hongrie au Vatican, 24 octobre, 2015.
Le pape Francois avec le Cardinal Peter Erdo de la Hongrie au Vatican, 24 octobre, 2015.

Les ouvertures sur les divorcés remariés, qui doivent faire "pleinement" partie de l'Eglise, contrastent cependant avec une fermeture sur les couples homosexuels, en raison en particulier de la ferme opposition des évêques africains.

Le synode sur la famille est resté en-deçà des attentes mais représente une victoire de la ligne bienveillante du pape François, qui désire réintégrer dans l'Eglise, contre l'avis des rigoristes, toutes les personnes en situation irrégulière.

Les ouvertures sur les divorcés remariés, qui doivent faire "pleinement" partie de l'Eglise, contrastent cependant avec une fermeture sur les couples homosexuels, en raison en particulier de la ferme opposition des évêques africains.

"François a réussi son pari. Il a libéré la parole et les évêques ont fait route ensemble, tout en percevant les limites d'un débat qui se voulait universel. L'institution s'ancre dans une pastorale de terrain, elle veut changer radicalement de langage et entend accompagner plus que juger", analyse le vaticaniste Antoine-Marie Izoard, de l'agence de presse I. Media.

Samedi soir après le vote du rapport final, le pontife argentin a félicité les évêques pour avoir examiné "sans se cacher la tête dans le sable" les problèmes très divers des familles, au cours de débats parfois houleux.

Les "vrais défenseurs de la doctrine sont ceux qui défendent non les idées mais l'homme", a-t-il insisté à l'attention des conservateurs. Et cela "ne signifie pas diminuer l'importance des lois et des commandements divins" comme l'indissolubilité du sacrement du mariage.

Dans sa messe de clôture dimanche dans la basilique Saint-Pierre, le pape a demandé aux évêques d'accueillir "sans sermons" ceux qui "sont tenus en marge".

Avant toute chose, le rapport final du synode exalte le "trésor" de la famille traditionnelle, appelant à "l'encourager" par tous les moyens. Mais le texte propose aussi de nombreuses mesures d'"accompagnement" et de "discernement" pour les "familles blessées".

Par rapport au document de travail illisible et pessimiste du début des travaux, la version finale est plus fluide et positive, et des mots nouveaux comme "tendresse" reviennent souvent, signe que le message du pape argentin a été compris.

Le rapport a pourtant failli subir un désaveu magistral : le passage clé qui explore les voies d'un discernement au cas par cas pour certains divorcés remariés n'a obtenu que d'une voix la majorité requise des deux tiers.

- 'Solution allemande' -

Un groupe de prélats conservateurs, très critiques de François et estimant que tout accès à la communion de divorcés remariés est une trahison gravissime du message de Jésus, "se préparait à faire un coup d'éclat" le soir du vote, affirme le vaticaniste Andrea Tornielli, de Vatican Insider.

Tout en paraissant "faire l'éloge" de la dernière mouture du document, ceux-ci espéraient que le quorum ne serait pas atteint.

Au premier synode préparatoire sur la famille il y a un an, trois paragraphes - deux sur les divorcés remariés et un sur les homosexuels - n'avaient déjà pas obtenu la majorité des deux tiers.

D'éminents théologiens conservateurs et progressistes du groupe germanophone ont alors sauvé la mise en concoctant une "solution allemande" de compromis. Ainsi, le texte évite habilement de parler de communion pour les divorcés remariés, mais expose des critères détaillés ouvrant la voie à "une plus pleine participation à la vie de l'Eglise".

Le texte du synode s'appuie d'ailleurs sur l'exhortation "Familiaris consortio" de Jean-Paul II (1981), pape préféré des conservateurs, qui avait reconnu que, dans certains cas, la responsabilité de l'échec d'un mariage n'est pas équitablement partagée entre les époux.

Interrogé sur le point de savoir si cette ouverture ira jusqu'à accorder la communion à des divorcés remariés, le recteur de l'Institut catholique de Paris, Mgr Philippe Bordeyne, s'est montré prudent : "Ce n'est pas un hasard si ce n'est pas écrit. La fin du chemin n'est pas indiquée" mais "rien n'est fermé".

La décision reviendra au pape, qui doit se prononcer l'année prochaine dans un "document sur la famille". Les ultra-conservateurs, vaincus au synode et critiqués par le pape pour "leurs méthodes pas du tout bienveillantes", seront sur leurs gardes.

La grande déception des partisans de l'ouverture porte sur la question de l'homosexualité, quasiment absente du synode, le rapport final parlant de l'accompagnement des parents d'homosexuels et non des homosexuels eux-mêmes. Un recul, voulu par les conservateurs, par rapport au synode de 2014.

Avec AFP

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