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Le satellite CHEOPS révèle la forme d'une planète ovoïde


Galaxie Messier 63 dans la constellation Canes Venatici.
Galaxie Messier 63 dans la constellation Canes Venatici.

Un phénomène jamais observé auparavant. Le satellite CHEOPS de l'Agence Spaciale Europréenne a permis de révéler une exoplanète déformée, en forme "d'oeuf" ou de "ballon de rugby", dans la constellation d'Hercule.

WASP-103 b est une exoplanète géante, probablement gazeuse, découverte en 2014, qui orbite autour d'une étoile de type F. Elle fait deux fois la taille de Jupiter - plus grosse planète de notre système solaire - et une fois et demie sa masse, indique la NASA.

Cette exoplanète est cinquante fois plus proche de son étoile que la Terre ne l’est du Soleil, ce qui lui vaut notamment d'avoir une température vingt fois plus chaude que Jupiter.

Une étoile de type F a de 1 à 1,4 fois la masse du Soleil et des températures de surface comprises entre 6 000 et 7 600 °K. Cette plage de température lui donne une teinte blanc-jaune, d'où son appellation de naine jaune-blanche.

Sur la planète WASP-103b, les marées sont extrêmes en raison de sa proximité avec son étoile. Mettant moins d'une journée pour en faire le tour (22 heures), elle est soumise à des forces si intenses qu'elle est déformée jusqu'à prendre l’apparence d’un "ballon de rugby", indique l'Université de Genève en Suisse (UNIGE).

Travail d'équipe de Cheops, Hubble et Spitzer

Selon l'étude - dont les détails ont été publiés par la revue scientifique Astronomy & Astrophysics - mesurer la déformation des marées de la planète permettrait de mieux comprendre sa structure interne.

L'équipe d'astronomes, menée par l'astrophysicienne portugaise Susana Barros, a combiné les courbes de lumière prises par le satellite CHEOPS avec les transits précédemment observés de WASP-103b via les télescopes Hubble et Spitzer de la NASA pour mieux distinguer le signal minute de la déformation planétaire.

C'est la première fois que la déformation des marées est directement détectée à partir de la courbe de lumière de transit (phénomène qui se produit quand la planète atténue légèrement la lumière de l'étoile sur son passage).

"L'effet de la déformation des marées sur une courbe de lumière de transit d'exoplanète est très petite, mais grâce à la très haute précision de Cheops, nous sommes en mesure de le voir pour la première fois", souligne l'astrophysicienne britannique de l'ESA, Kate Isaak, ajoutant que "cette étude est un excellent exemple des questions très diverses que les scientifiques des exoplanètes sont en mesure d'aborder avec Cheops, illustrant l'importance de cette mission de suivi évolutive."

En attendant WEBB, la star des satellites

Les futures observations avec le télescope spatial James Webb, lancé le 25 décembre 2021, pourront mieux contraindre le nombre de Love radial de WASP-103b, notamment à l'aide de l'infrarouge. Ce satellite ne sera pas opérationnel avant fin juin.

Le nombre de Love est un paramètre qui indique comment la masse est répartie au sein de la planète. Autrement dit, il mesure la rigidité d'un corps planétaire et la susceptibilité de sa forme à changer en réponse à un potentiel de marée.

En fonction de l'intensité de la déformation, les astrophysiciens peuvent déterminer quelle proportion est constituée de roche, de gaz ou d’eau, précisent les co-auteurs de l'étude.

Les astronomes sont constamment à la recherche de nouvelles planètes en orbite autour d'étoiles. Chacune d'entre elle fournit des connaissances inestimables sur l'histoire de l'univers.

Selon la NASA, plus de 4.500 exoplanètes ont été officiellement confirmées depuis 1992, et plus de 7.700 autres candidates nécessitent des observations afin de pouvoir être confirmées.

Bien que l’idée d’une Terre sphérique se soit imposée dans le monde dès l'antiquité, de nombreux "platistes" suivent encore au 21ème siècle le mythe de la terre plate... La découverte de planètes ovales semble être un petit clin d'oeil aux savants et astronomes de tous les temps, histoire de rappeler qu'en matière d'exploration, les découvertes ne manquent jamais de nous surprendre, quelle qu'en soit l'époque.

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    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

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