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Le président Guelleh au pouvoir depuis 17 ans à Djibouti, quasi-certain d'être reconduit


Le Président djiboutien Ismael Omar Guelleh au sommet des pays de l'IGAD à Addis Ababa, le 14 Juin 2008.
Le Président djiboutien Ismael Omar Guelleh au sommet des pays de l'IGAD à Addis Ababa, le 14 Juin 2008.

Les Djiboutiens votent vendredi pour choisir leur président, le chef de l'Etat sortant Ismaël Omar Guelleh étant presque certain d'être réélu à la tête d'un pays qu'il dirige d'une main de fer depuis 1999, en raison des divisions au sein de l'opposition.

Quelque 187.000 électeurs, soit un peu moins du quart de la population (875.000 habitants), sont appelés aux urnes. Les 455 bureaux de vote doivent ouvrir à 03H00 GMT et les résultats sont attendus le soir même.

Le suspense est mince. A Djibouti-ville, les affiches de campagne de M. Guelleh sont sur tous les murs et de nombreux Djiboutiens arborent casquettes et t-shirts verts, la couleur du candidat-président, massivement distribués à la population.

Les candidats d'opposition, eux, sont invisibles. "Cela ne sert à rien de coller des affiches. Elles sont arrachées le lendemain", soupire l'un d'eux, Omar Elmi Khaireh.

Cette ancienne colonie française, où plusieurs grandes puissances (Etats-Unis, Japon) ont établi des bases militaires pour profiter de son positionnement stratégique entre l'océan Indien et le Canal de Suez, n'a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1977.

Ismaël Omar Guelleh, dit "IOG", a succédé en 1999 à Hassan Gouled Aptidon, père de l'indépendance de ce petit pays de la corne de l'Afrique, après en avoir été pendant 22 ans le chef de cabinet.

M. Guelleh, 68 ans, brigue un quatrième mandat de cinq ans, après avoir fait modifier la Constitution en 2010 pour en supprimer toute limitation. Il est opposé à cinq autres candidats, dont trois indépendants.

L'opposition, qui avait réussi à se rassembler pour les législatives de 2013, sous la bannière de l'Union pour le salut national (USN), est cette fois-ci morcelée.

Trois partis membres de l'USN, dont le MRD de Daher Ahmed Farah, son ex-porte-parole, ont décidé de boycotter le scrutin, en dénonçant une "mascarade électorale".

Ils estiment qu'un des points-clés de l'accord-cadre signé en décembre 2014 avec le gouvernement, la création d'une Commission électorale nationale indépendante (Céni) n'a pas été respecté, ce que conteste le régime.

Chômage et pauvreté

Pour arracher cet accord, l'opposition avait dû accepter de n'avoir que 10 députés, au lieu des 52 auxquels elle estimait avoir droit, considérant avoir gagné les législatives de 2013 contrairement aux résultats officiels.

Le reste de l'USN n'a pas pu s'accorder sur une candidature unique et est représenté par deux candidats: Mohamed Daoud Chehem et Omar Elmi Khaireh. L'opposition n'a cessé de reprocher au pouvoir d'imposer des restrictions à la liberté d'expression.

Une équipe de la BBC a ainsi été expulsée du pays après avoir notamment rencontré M. Khaireh, ce pour quoi le gouvernement s'est ensuite excusé.

Pour cette élection, l'Union africaine a dépêché une mission d'observation conduite par l'ancien Premier Ministre du Mali, Soumana Sako.

Les organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé ces derniers mois la répression de toute voix dissidente, symbolisée selon elles par le "massacre" du 21 décembre 2015.

L'intervention de la police lors d'une cérémonie traditionnelle à Balbala, un quartier populaire de Djibouti-ville, avait fait 27 morts, selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH). Le gouvernement a parlé d'un incident "regrettable", avec un bilan de sept morts.

Le président Guelleh entend incarner la stabilité et fait valoir la nécessité pour Djibouti de poursuivre la politique de grands travaux (ports, chemins de fer, oléoducs, gazoducs...) adoptée ces dernières années.

Djibouti, situé à l'entrée de la mer Rouge, le long d'une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, ambitionne de devenir une plateforme régionale d'échanges commerciaux et de services.

La plupart de ces projets d'infrastructures sont financés par la Chine, qui va aussi installer une base militaire dans le pays d'ici fin 2017.

Ces projets favorisent la croissance économique (6% en 2014, selon la Banque mondiale) mais la population n'en profite pas. Le taux de chômage avoisine les 60%, et 79,4% des Djiboutiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté relative.

Si la grogne sociale est forte, l'appareil sécuritaire étouffe toute velléité de l'exprimer.

Avec AFP

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