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Le Kenya a participé à l'extradition d'un dissident sud-soudanais, selon des experts


Le président sud-soudanais Salva Kiir.
Le président sud-soudanais Salva Kiir.

La police kényane a coopéré avec des services de renseignement du Soudan du Sud pour enlever un dissident au régime sud-soudanais et le transférer de Nairobi à Juba, selon une enquête publiée jeudi par des experts indépendants de l'ONU.

La Commission des Nations unies sur les droits de l'homme au Soudan du Sud a affirmé que Morris Mabior avait disparu après avoir été renvoyé de force au Soudan du Sud en février. Bien que mandatés par le Conseil des droits de l'homme, ces spécialistes indépendants ne s'expriment pas au nom de l'ONU.

"Nous supposons qu'il est toujours en vie et sous la garde du Service de sécurité nationale" (NSS), les services de renseignement sud-soudanais, a déclaré Carlos Castresana Fernández, l'un des trois membres de la commission, aux journalistes à Nairobi, la capitale kényane, où le rapport a été publié. Pour Carlos Castresana Fernández, cela n'a pu avoir lieu "qu'avec la coopération de certains agents au Kenya". Une porte-parole de la police kényane a déclaré à l'AFP qu'elle n'avait pas vu le rapport et ne pouvait donc pas commenter ses conclusions.

La disparition de Morris Mabior a refroidi d'autres critiques cherchant refuge en dehors du Soudan du Sud et a souligné la volonté des autorités de Juba de poursuivre les voix dissidentes, où qu'elles soient, a indiqué la commission. Des membres de la société civile ont fait l'objet, selon la commission, de représailles pour avoir dénoncé des violations des droits humains, et ont vu leurs téléphones et leurs activités en ligne mis sur écoute et surveillés.

Pour la commission, des agents du NSS sont également présents dans des rédactions pour faire pression sur les médias. "Même les médias en ligne ne sont pas épargnés", a déclaré Barney Afako, membre de la commission. "Les médias basés à l'extérieur du pays, hors de portée physique des agents de sécurité, sont néanmoins la cible de cyberattaques et de blocages de sites Web afin de réduire au silence leurs reportages".

Le climat de peur et de contrôle s'étend au-delà du Soudan du Sud, a indiqué la commission, Juba ciblant les critiques vivant à l'étranger, en particulier dans les pays voisins comme le Kenya, le Soudan et l'Ouganda. "Ces opérations extraterritoriales ont impliqué la participation des forces de sécurité d'autres pays", indique le rapport.

Dans le cas de Morris Mabior, un ancien fonctionnaire, la commission a reçu des "informations crédibles" selon lesquelles des policiers kényans étaient impliqués et présents lors de l'enlèvement et a demandé l'ouverture d'une "enquête crédible". En janvier, un mois avant la disparition de Morris Mabior, le président kényan William Ruto avait promis qu'il n'y aurait pas de disparitions forcées sous son administration.

Après avoir obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018.

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