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La Zambie sous haute tension à une semaine d'élections serrées


Hakainde Hichilema, du parti d'opposition zambien United for National Development, s'adresse à un rassemblement électoral à Lusaka, en Zambie, en janvier 2015.
Hakainde Hichilema, du parti d'opposition zambien United for National Development, s'adresse à un rassemblement électoral à Lusaka, en Zambie, en janvier 2015.

Le président Edgar Lungu, élu en 2015, ne participera pas à un débat télévisé prévu mercredi soir.

La tension monte en Zambie, pays enclavé d'Afrique australe, à une semaine d'élections générales disputées, des explosions de violence politique ayant entraîné un déploiement militaire sans précédent.

Le scrutin risque de se jouer serré entre le président Edgar Lungu, 64 ans, et le chef de l'opposition Hakainde Hichilema, 59 ans, qui se présente pour la sixième fois.

Les réunions électorales sont interdites pour cause de Covid, ce qui n'empêche pas leurs partisans respectifs de s'affronter sporadiquement depuis juin, munis de haches, machettes et autres tournevis.

Au moins trois morts selon la police. Les deux derniers, des militants du Front patriotique (PF) au pouvoir battus à mort, ont poussé le président dimanche à mobiliser l'armée pour maintenir l'ordre.

Un débat doit avoir lieu mercredi soir, mais le camp présidentiel a déclaré que le chef d'État sortant n'y participerait pas car il n'a pas été formellement invité, rapporte le quotidien Lusaka Times.

L'optimisme de la seule femme candidate

Il n'y a qu'une seule femme candidate dans un champ de 16 prétendants : Chishala Kateka, qui se présente sous la bannière du Parti du nouvel héritage.

Dans un entretien exclusif avec Peter Clottey de la VOA, elle a affirmé son optimisme. Elle estime que les Zambiens apprécient son intégrité, son expérience, sa force d'âme, son caractère incorruptible et sa réputation. Autant d'atouts qui, selon elle, la rendent particulièrement qualifiée pour administrer efficacement les affaires du pays.

Les analystes, pour leur part, estiment que se démarquer d'un groupe de 15 candidats masculins à la présidence sera une tâche herculéenne pour elle. Depuis l'indépendance, le pays n'a pas élu de femme présidente.

Au dernier scrutin présidentiel, le président sortant n'avait battu que de justesse son opposant de longue date, surnommé "HH" - lorsqu'il s'était présenté pour la première fois à la présidence en 2015, puis lors des législatives de l'année suivante.

L'économie, un enjeu majeur

L'inflation et la hausse du chômage alimentent la déception à l'égard de Lungu, accusé de s'être engouffré dans des projets d'infrastructure coûteux et d'avoir plongé le pays riche en cuivre dans le premier défaut de paiement de la dette en Afrique depuis la pandémie.

"Je ne peux pas soutenir des voleurs, on a trop souffert à cause d'eux", souffle Josephine Nakazwe, 23 ans, qui vend des crédits pour téléphone portable devant un centre commercial de Lusaka.

Un sondage Afrobarometer fin 2020 trouve moins d'électeurs se déclarant proches du PF que trois ans plus tôt. Et le nombre de sondés refusant d'indiquer pour qui ils vont voter, est passé de 12% à 38%, signe tangible d'une peur croissante.

La Zambie est familière des violences pré-électorales, comme en 2016 déjà.

Les militants de l'UPND rusent pour se protéger d'être pris pour cible par leurs rivaux: Ils portent des insignes du parti PF au pouvoir, à dominante verte, plutôt que leur propre couleur rouge. Cela s'appelle la tactique "de la pastèque".

Un jeune homme croisé dans Lusaka porte un T-shirt blanc avec l'impression du visage du président. "Pour ne pas me faire casser la figure par les gars du PF", confie Amos Mwale, 18 ans, à l'AFP. Mais "le jour du vote, nous allons les chasser du pouvoir", assure-t-il.

Plusieurs événements de l'opposition ont été empêchés ou dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes sous prétexte qu'ils enfreignaient les restrictions anti-Covid, les poussant en retour à accuser la police de saboter leur travail.

Seule la campagne de porte-à-porte est autorisée. Mais des foules se sont rassemblées pour des "distributions de masques" organisées par les deux camps, contournant ainsi l'interdiction des meetings.

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