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La Turquie dira "au revoir" si l'UE n'ouvre pas de nouveaux chapitres de négociations


Le président turc Recep Tayyip Erdogan donne une conférence de presse à Istanbul, le 29 avril 2017.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan donne une conférence de presse à Istanbul, le 29 avril 2017.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé mardi de dire "au revoir" à l'Union européenne si le processus d'adhésion n'était pas relancé, peu après la mise en oeuvre du premier volet d'une réforme constitutionnelle renforçant ses pouvoirs.

"Vous n'avez d'autre choix que d'ouvrir les chapitres (de négociation d'adhésion) que vous n'avez pas ouverts", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. "Si vous les ouvrez, très bien. Dans le cas contraire, au revoir", a-t-il lancé.

Ces déclarations surviennent alors que les relations entre Ankara et Bruxelles, houleuses depuis le putsch manqué du 15 juillet en Turquie, se sont fortement tendues pendant la campagne pour le référendum constitutionnel sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan.

M. Erdogan a d'ailleurs adressé son message à l'UE lors d'un discours marquant sa réadmission dans les rangs du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), première disposition de la réforme constitutionnelle à être appliquée.

La courte victoire de M. Erdogan lors du référendum sur cette réforme constitutionnelle et qui s'est tenu le 16 avril a été accueillie par le silence par les capitales européennes, inquiètes de la situation des droits de l'Homme en Turquie. Et son résultat est contesté par l'opposition turque qui dénonce des irrégularités.

'Rien à discuter'

Le processus d'adhésion d'Ankara à l'UE est actuellement dans les limbes et des progrès semblent peu probables. Depuis le début officiel des pourparlers, en 2005, 16 chapitres sur 35 ont été ouverts, le dernier en juin 2016.

Si l'Autriche réclame l'arrêt des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, les responsables à Bruxelles appellent à ne pas rompre les liens avec Ankara, qui reste un important partenaire, notamment sur le dossier migratoire et dans la lutte antiterroriste.

Le président du Conseil européen Donald Tusk compte ainsi avoir une discussion avec le président turc lors d'un sommet de l'Otan le 25 mai à Bruxelles.

"D'abord, vous devez vous occuper de ces chapitres, vous devez tenir vos promesses", a affirmé le président turc. "Après cela, nous nous assiérons à la table. Dans le cas contraire, nous n'avons plus rien à discuter avec vous".

Le chef de l'Etat turc a plusieurs fois évoqué une possible consultation populaire afin de décider de poursuivre ou non le processus d'adhésion à l'UE. Il s'est également prononcé en faveur du rétablissement de la peine de mort en Turquie, une ligne rouge pour Bruxelles.

Son 'cinquième enfant'

La réintégration de M. Erdogan au sein de l'AKP lui permettra de briguer, lors d'un congrès extraordinaire le 21 mai, la direction du parti qu'il a cofondé en 2001 et qui domine depuis 15 ans la scène politique turque, remportant toutes les élections depuis 2002.

M. Erdogan avait officiellement coupé ses liens avec l'AKP lorsqu'il a été élu président en août 2014, comme le prévoyait alors la Constitution, mais avait conservé une large influence sur le parti qu'il avait pris soin de truffer de fidèles.

Les détracteurs de M. Erdogan critiquent une mesure qui met fin à l'impartialité du président, mais ce dernier rétorque que le fondateur de la République, Mustafa Kemal, était lui aussi à la tête de son parti lorsqu'il dirigeait la Turquie.

Les liens organiques entre M. Erdogan et l'AKP sont si forts que le président turc, qui est père de deux fils et deux filles, a autrefois décrit le parti comme son "cinquième enfant".

Lorsqu'il a été élu président, M. Erdogan avait remis les clés de l'AKP au Premier ministre d'alors Ahmet Davutoglu, puis à son successeur Binali Yildirim en 2016.

En reprenant les rênes de la formation, M. Erdogan "compte contrôler (les) dissensions pour ne pas perdre son pouvoir sur le parti", explique Samim Akgönül, politologue et enseignant à l'Université de Strasbourg (France).

Le référendum sur la révision constitutionnelle renforçant les prérogatives du président a été remporté par le camp du oui à 51,41%.

La révision constitutionnelle, dont la plupart des dispositions entrent en vigueur en 2019, prévoit la suppression de la fonction de Premier ministre au profit d'un hyperprésident qui pourra émettre des décrets et aura une main dans le domaine judiciaire.

Avec AFP

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