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La Tunisie rend hommage aux six policiers tués dans un attentat djihadiste


Les forces de sécurité tunisiennes face aux manifestants dans la ville septentrionale de Sejenane, Tunisie, 12 décembre 2017.
Les forces de sécurité tunisiennes face aux manifestants dans la ville septentrionale de Sejenane, Tunisie, 12 décembre 2017.

La Tunisie a rendu hommage lundi aux six membres des forces de sécurité tués la veille dans l'ouest du pays, lors de l'opération djihadiste la plus sanglante depuis la série d'attaques de 2015 et début 2016, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

La cérémonie, fermée au public et à la presse, a eu lieu sur une base de la Garde nationale à l'Aouina, près de Tunis, en présence du ministre de l'Intérieur par intérim, Ghazi Jeribi. Certaines victimes ont été enterrées dans la foulée.

Cette attaque intervient alors que la Tunisie, secouée par une crise politique à un an d'échéances électorales majeures, espère vivre une très bonne saison touristique, à la faveur de l'amélioration de la sécurité qui a permis le retour en force des tour-opérateurs.

Les six agents de la Garde nationale ont été tués, et trois autres blessés, lorsque leurs voitures ont été attaquées dimanche matin avec un engin explosif artisanal près de la frontière avec l'Algérie, dans le secteur de Ain Sultan, dans la province de Jendouba.

Les trois policiers blessés, transférés à l'hôpital militaire de Tunis, sont "dans un état stable", a indiqué lundi matin le porte-parole de la Garde nationale, le colonel Houssemeddine Jebabli.

Il a précisé que les opérations de recherches lancées dimanche avec l'appui de l'armée se poursuivent, mais aucune arrestation n'a eu lieu.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la branche tunisienne du groupe djihadiste Aqmi, Okba ibn Nafaa, a revendiqué l'attaque, affirmant avoir saisi plusieurs armes de la patrouille visée.

Aqmi et Jund al-Khilafa, affilié au groupe État islamique (EI), sont implantés dans cette zone frontalière montagneuse.

- Crise politique -

Cette attaque risque d'accentuer la crise politique profonde que traverse la Tunisie, où le Premier ministre Youssef Chahed fait face à une offensive au sein de son propre camp. Un conseil de sécurité exceptionnel est prévu lundi sous la houlette de M. Chahed.

"La guerre contre le terrorisme est (une lutte) de longue haleine", a souligné lundi son parti, Nidaa Tounès. "Elle nécessite le renforcement de l'institution militaire loin des calculs étroits", a ajouté le mouvement dans un communiqué signé du principal rival de Youssef Chahed, Hafedh Caïd Essebsi, le fils du président de la République.

M. Chahed a récemment limogé le ministre de l'Intérieur, et des dizaines de responsables du ministère ont été démis de leurs fonctions sans explication précise.

Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha a de son côté appelé "le peuple tunisien à l'unité nationale", condamnant "fermement le terrorisme, ceux qui y ont recours et ceux qui le soutiennent".

Des heurts ont régulièrement lieu à la frontière algérienne mais c'est la première fois depuis plus de deux ans que les forces de l'ordre essuient de telles pertes.

La dernière attaque de grande ampleur en Tunisie remonte à mars 2016, lorsque des djihadistes avaient lancé des opérations coordonnées contre des installations sécuritaires de Ben Guerdane, près de la Libye, entraînant la mort de 13 membres des forces de l'ordre et de sept civils.

- "Stratégie globale" -

Bien que perpétrée dans une zone montagneuse, loin du littoral touristique, cette attaque intervient dans un moment sensible pour ce pays qui fut le pionnier des Printemps arabes en 2011.

Frappée par une série d'attentats djihadistes meurtriers, notamment au musée du Bardo à Tunis et sur une station balnéaire du littoral en 2015, la Tunisie a beaucoup misé sur l'accalmie de ces deux dernières années pour relancer le tourisme, poumon vital de son économie

Même si la situation sécuritaire s'est nettement améliorée, le pays reste sous état d'urgence depuis l'attentat suicide commis en plein Tunis contre la sécurité présidentielle (12 agents tués), en novembre 2015.

Selon le chercheur Matt Herbert, c'est dans les maquis du nord-ouest qu'ont péri le plus de membres des forces de l'ordre depuis la révolution, avec un bilan de 118 morts.

Le pays garde notamment en mémoire la mort de 15 soldats en juillet 2014 dans une attaque djihadiste au Mont Chaambi.

Celle de dimanche "montre qu'il reste des poches où les problèmes de sécurité n'ont pas été résolus", a déclaré à l'AFP M. Herbert. Il a appelé à "une stratégie globale (...) visant à résoudre les problèmes économiques et de gouvernance que ces groupes exploitent".

Avec AFP

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