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La Super Ligue se déballonne, le foot européen reprend son souffle


Les joueurs de Brighton portent des t-shirts de l'UEFA Champions League et de la Super League anti-européenne alors qu'ils s'échauffent avant le match de football de la Premier League anglaise entre Chelsea et Brighton et Hove Albion à Stamford Bridge à Londres le 20 avril 2021.
Les joueurs de Brighton portent des t-shirts de l'UEFA Champions League et de la Super League anti-européenne alors qu'ils s'échauffent avant le match de football de la Premier League anglaise entre Chelsea et Brighton et Hove Albion à Stamford Bridge à Londres le 20 avril 2021.

La Super Ligue s'est dégonflée: le renoncement des clubs anglais, puis de l'Atlético, suivi du constat d'échec des trois équipes italiennes, a précipité la déroute de cette compétition dissidente mercredi, après seulement 48 heures d'existence, même si son patron Florentino Perez assure qu'elle reste en "stand-by".

Par un retournement de situation aussi tonitruant que son irruption lundi dans le paysage, ce tournoi privé et quasi fermé, imaginé par de grands clubs pour supplanter l'historique Ligue des champions de l'UEFA, a perdu dix des douze sécessionnistes, deux jours après son lancement !

Pourtant, Florentino Perez, le président du Real Madrid et de la "Super League", a refusé de signer l'arrêt de mort : "Le projet est en stand-by. La société (de la "Super League") existe toujours", a maintenu le dirigeant madrilène dans la nuit de mercredi à jeudi sur la radio espagnole Cadena Ser.

Mercredi matin, l'Atlético Madrid, premier club espagnol démissionnaire, a emboîté le pas des clubs anglais. C'est ensuite l'Inter Milan qui a donné le signal du retrait de tous les clubs italiens. Il ne reste donc plus que le Real Madrid et le FC Barcelone à ne pas avoir renoncé publiquement.

C'est dire si l'ambitieuse tentative de sécession a viré au fiasco. La Juventus, présidée par Andrea Agnelli, l'un des principaux instigateurs du projet avec Florentino Pérez, a reconnu que la Super Ligue avait désormais "peu de chances" de voir le jour en l'état.

Il est "admirable de reconnaître une erreur, et ces clubs ont fait une grosse erreur", a souligné mercredi Aleksander Ceferin, le patron de l'UEFA qui avait multiplié les menaces envers les sécessionnistes depuis 48 heures et notamment contre Agnelli, son ancien ami.

Mea culpa

"Mais ils sont de retour au bercail maintenant, et je sais qu'ils ont beaucoup à offrir non seulement à nos compétitions, mais aussi à l'ensemble du football européen", a-t-il insisté dans un communiqué, se disant prêt à "aller de l'avant" et à "rebâtir l'unité".

Une main tendue vers ces riches clubs dissidents, dont la vision mercantile a été rattrapée en quelques heures par le monumental tollé des supporters, des gouvernements, des instances et des plus grands joueurs du ballon rond.

L'UEFA va également pouvoir compter sur des partenaires de confiance, avec la nomination mercredi du patron du Paris SG, Nasser Al-Khelaïfi, à la présidence de l'Association européenne des clubs (ECA), succédant à Andrea Agnelli (Juventus Turin) démissionnaire.

Le patron du PSG, déjà reconduit mardi comme représentant de l'ECA au comité exécutif de l'UEFA, était l'un des seuls patrons de clubs parmi les plus riches d'Europe à ne pas avoir fait partie du projet de Super Ligue.

Dos au mur, les promoteurs de la Super Ligue ont publié un communiqué s'apparentant à une mise en pause de leur projet, en plein milieu de la nuit en Europe, en annonçant qu'ils allaient "reconsidérer les étapes les plus appropriées pour remodeler le projet".

Les clubs italiens ont néanmoins continué à défendre l'initiative, à l'image de la Juventus qui s'est dite "convaincue du bien-fondé des hypothèses sportives, commerciales et juridiques" du projet. L'action de la Juve s'est malgré tout effondrée de 13,70% mercredi à la Bourse de Milan.

L'entraîneur de l'Inter Milan Antonio Conte, tout en soutenant la "méritocratie", a par ailleurs incité l'UEFA à "réfléchir" à une meilleure distribution des recettes du football, jugeant que les clubs n'étaient pas assez "récompensés".

Le dénouement de cette crise a été salué notamment par le Premier ministre britannique, très en pointe sur le sujet. "C'est la bonne issue pour les fans de football, les clubs et les communautés à travers le pays", a tweeté Boris Johnson.

L'heure du mea culpa a commencé pour ces dissidents repentis. Le propriétaire américain de Liverpool John Henry a ainsi publié une vidéo d'excuses, se disant "seul responsable" de la situation, tandis que son compatriote Joel Glazer, co-propriétaire de Manchester United et vice-président de l'éphémère Super Ligue, a reconnu avoir eu "tort".

Divisions

Dans la nuit, Arsenal avait aussi reconnu une "erreur" sur Twitter. Et les joueurs de l'Atlético ont affiché leur "satisfaction" à propos du renoncement de leur club.

En attendant de savoir ce qu'il adviendra des derniers représentants de cette Super Ligue, Real Madrid et FC Barcelone, cet épisode rocambolesque place le foot européen face aux immenses divisions qui le traversent, entre riches clubs avides de bénéfices et nécessaire maintien d'une forme d'équité et d'incertitude sportives.

Les dissidents seront-ils punis pour avoir envisagé une telle révolution ? La réforme de la Ligue des champions à l'horizon 2024, adoptée lundi, sera-t-elle maintenue alors qu'elle ne semblait pas les satisfaire suffisamment, tout en étant critiquée par certains supporters comme étant peu lisible ?

Autant de questions dont l'Union européenne de football (UEFA), qui réunit à nouveau vendredi son comité exécutif, devra se saisir, elle qui a pourtant lâché du lest ces dernières années face aux plus gros.

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