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Des chenilles et des changements climatiques menacent la sécurité alimentaire en Afrique


Plus d'un millier de femmes et d'enfants font la queue pour recevoir une aide alimentaire dans un centre de distribution de nourriture dans le village de Yama dans le nord-ouest Niger, le 3 août 2005.
Plus d'un millier de femmes et d'enfants font la queue pour recevoir une aide alimentaire dans un centre de distribution de nourriture dans le village de Yama dans le nord-ouest Niger, le 3 août 2005.

Les conditions météorologiques imprévisibles et la propagation des 'chenilles légionnaires d'automne' qui détruisent les cultures pourraient entraîner des "pénuries de nourriture" à travers l'Afrique, ont prévenu cette semaine des experts réunis à Kigali.

Les chenilles légionnaires, issues d'Amérique du Sud et découvertes en Afrique en 2016, se propagent extrêmement rapidement et ont déjà été identifiées dans 44 pays sur le continent (contre 28 l'an dernier).

Le directeur général du développement du Centre britannique pour l’agriculture et les sciences biologiques (CABI), Dennis Rangi, explique la propagation de cette peste par l'accélération des déplacements humains.

Ces insectes, qui mangent les récoltes, pourraient avoir un effet dévastateur lorsqu'ils sont combinés à des conditions météorologiques imprévisibles, a-t-il déclaré en marge d'une conférence agricole (African Green Revolution Forum) dans la capitale rwandaise.

"Les saisons des pluies ne sont déjà plus très fiables, alors quand vous rencontrez un peu de sécheresse ou des fortes précipitation, en plus du légionnaire d'automne, il n'y a plus de récolte du tout", a-t-il déclaré à l'AFP mercredi.

"La légionnaire d'automne ne se nourrit pas uniquement de maïs. Il va de culture en culture, et dévore tout végétal sur sa route", s'inquiète le directeur de CABI, indiquant qu'elle a été retrouvée dans des cultures de pommes de terre, coton, riz, céréales, ou tabac.

Les recherches de son centre estiment que 300 millions de personnes sont menacées en Afrique et que l'insecte pourrait coûter entre 2,2 milliards et 5,5 milliards de dollars aux 10 plus gros producteurs de maïs du continent.

L’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait déjà alerté sur la propagation de cette chenille particulièrement nocive, "qui menace sérieusement la sécurité alimentaire".

Mais selon le représentant de la FAO pour l'Union Africain, Chimimba David Phiri, il est déjà trop tard pour se débarrasser définitivement de cette peste, puisque la chenille a développé des résistances aux pesticides.

May-Guri Saethre, de l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), basé au Nigeria, estime que les experts ne connaissent pas encore très bien les risques.

"Il y a beaucoup de choses auxquelles nous ne savons pas encore répondre", confie Mme Saethre, directrice adjointe de la recherche pour le développement à l'IITA. "Tout cela est tellement nouveau".

"Nous savons comment cela se passe en Amérique latine, mais nous ne savons pas comment cela peut se modifier en Afrique. C'est un grand défi", a-t-elle ajouté.

Les experts pensent que la légionnaire d’automne a été amenée en Afrique via des vols commerciaux en provenance d’Amérique du Sud, notamment par des plantes importées.

Avec AFP

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