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La purge s'intensifie dans les milieux économiques en Turquie


L'un des militaires suspecté d'avoir fait partie du putsch amené à la cour de Justice turque à Mugla, Turquie, le 17 août 2016.
L'un des militaires suspecté d'avoir fait partie du putsch amené à la cour de Justice turque à Mugla, Turquie, le 17 août 2016.

La purge menée en Turquie contre le "virus" des sympathisants de l'ex-imam Fethullah Gülen a frappé jeudi de plein fouet de gros conglomérats ainsi que la puissante confédération patronale, à Istanbul, poumon économique du pays, et dans de nombreuses provinces.

Les milieux économiques avaient déjà été visés par la traque aux sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen accusé du putsch raté du 15 juillet, mais le coup porté au monde de l'entreprise jeudi en Turquie est le plus radical.

Le parquet a émis 187 mandats d'arrêt après une vaste opération policière, la deuxième depuis le début de la semaine, visant notamment le chef de la puissante confédération patronale Tüskon et des hommes d'affaires connus, a annoncé la chaîne d'information CNN-Türk.

Parmi eux, 60 suspects, dont des patrons de grandes entreprises, ont été placés en détention préventive, a rapporté l'agence de presse Dogan. Le parquet a également ordonné la saisie des biens des 187 suspects.

Jeudi à l'aube, la police financière avait lancé une vaste opération coordonnée à Istanbul et dans 18 provinces contre des entreprises soupçonnées de "participation à un réseau terroriste" et de "financement d'activités pro-Gülen".

Un millier de policiers a pris part à des perquisitions dans 204 adresses -- 100 dans plusieurs quartiers d'Istanbul et le reste dans les 18 provinces.

Parmi les compagnies visées figurent les groupes Aydinli et Eroglu Holding ainsi que Gulluoglu Baklava (confiserie). Aydinli (prêt-à-porter et construction) est implanté dans une quarantaine de pays avec 3.500 employés. Eroglu (prêt-à-porter) a 14.000 employés et un demi-millier de magasins.

Par ailleurs, Rizanur Meral, président de Tüskon, la puissante Confédération des industriels et hommes d'affaires de Turquie, fait partie des entrepreneurs visés par un mandat d'arrêt, a précisé Dogan.

Fondée en 2005, Tüskon regroupe environ 55.000 membres et est accusée par le gouvernement de financer les réseaux de Gülen.

"Nids de terroristes"

Après le putsch raté, le président Recep Tayyip Erdogan a promis d'éradiquer toutes les entreprises, associations caritatives et écoles liées au réseau de Gülen, les qualifiant de "nids de terroristes".

L'économie en Turquie repose pour une bonne part sur de gros conglomérats familiaux qui possèdent les plus grandes marques et ont largement contribué à la formidable ascension politique du président Erdogan.

Mardi, une opération de police similaire avait visé des entreprises réputées proches de Gülen qui vit en exil volontaire aux Etats-Unis depuis 1999. Près de 100 personnes ont été placées en détention préventive.

Avaient été ciblées notamment Akfa Holding, grand groupe de construction, et ses filiales, de même que la chaîne de supermarchés discount A101, qui dispose de 6.300 magasins dans le pays.

Selon la version anglaise du quotidien Hurriyet, les suspects arrêtés du groupe Akfa Holding ont été accusés d'avoir effectué des transferts de fonds d'un montant de 40 millions de dollars (35 millions d'euros) entre 2011 et 2015 via la Bank Asya vers les Etats-Unis ou le Canada. Bank Asya s'était vu retirer sa licence juste après le coup d'Etat avorté.

"PKK et FETO ensemble"

La FETO (acronyme forgé par Ankara pour désigner l'organisation "terroriste" de Gülen) est accusée d'avoir collecté des fonds versés par des hommes d'affaire sous couvert de "dons" et d'avoir transféré cet argent aux Etats-Unis via des banques aux Emirats arabes unis, en Afrique du Sud, en Tunisie, au Maroc, en Jordanie et en Allemagne.

Fin juillet, la purge des milieux d'affaires avait commencé par le gros conglomérat familial Boydak Holding (énergie, finance et meubles), dont le chef, Mustafa Boydak, avait été arrêté dans le centre du pays.

L'ex-Premier ministre Ahmet Davutoglu a suggéré jeudi sur Twitter que le mouvement de Gülen travaillait de concert avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a relancé sa campagne d'attentats en frappant pour la première fois des régions de l'est de la Turquie où la population n'est pas majoritairement kurde.

"Encore une fois, les attaques à Van et Elazig montrent que le PKK et la FETO travaillent ensemble", a assuré M. Davutoglu.

En quelques heures, trois attaques --dont deux à la voiture piégée à Van et Elazig-- ont fait au moins dix morts et plus de 200 blessés mercredi soir et jeudi matin.

Avec AFP

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