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La mortalité maternelle en hausse aux Etats-Unis, notamment chez les femmes noires


Une femme passe une échographie à l'hôpital, le 8 octobre 2009.
Une femme passe une échographie à l'hôpital, le 8 octobre 2009.

Le taux de mortalité maternelle aux Etats-Unis a encore augmenté en 2020 pour atteindre un plus haut depuis un demi-siècle, selon de nouvelles données qui montrent en outre que les femmes noires ont trois fois plus de risque de mourir d'une grossesse que les femmes blanches.

La mortalité maternelle est définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un décès survenu au cours de la grossesse ou bien dans les 42 jours suivants, pour une cause liée ou aggravée par cette grossesse ou sa prise en charge.

Au total, 861 femmes sont ainsi décédées aux Etats-Unis en 2020.

Le taux de mortalité maternelle s'est par conséquent élevé à 23,8 décès pour 100.000 naissances, selon un rapport du National center for health statistics publié mercredi.

Il s'agit du pire taux parmi les pays industrialisés. Le Canada enregistre par exemple un taux de mortalité maternelle de 7,5 décès pour 100.000 naissances, selon les statistiques de l'OCDE pour la même année.

Et la situation américaine n'a cessé d'empirer ces dernières années: le taux était de 20,1 décès pour 100.000 naissances en 2019, et de 17,4 en 2018.

Pour ce qui est de 2020, "le Covid-19 a probablement contribué", a dit à l'AFP Donna Hoyert, qui a participé au rapport. Mais cette maladie n'était pas mentionnée dans 88% des cas, et n'est donc responsable que d'une partie du tableau général, a-t-elle souligné.

La mortalité maternelle a reculé dans le monde au 20ème siècle grâce aux avancées médicales. Mais depuis les années 2000, les Etats-Unis sont de nouveau sur la mauvaise pente, contrairement à la plupart des autres pays comparables.

La dernière fois que le taux de mortalité maternelle américain était aussi haut remonte officiellement à 1968, même si une nouvelle méthodologie utilisée depuis 2018 rend la comparaison délicate.

"La plupart des pays comparables ont une certaine forme de couverture maladie universelle", note auprès de l'AFP Eugene Declercq, professeur spécialisé dans ce domaine à l'Université de Boston.

"Aux Etats-Unis, nous nous concentrons intensément sur les soins au moment de la naissance - et c'est bien -, mais le fait est que les femmes démarrent leurs grossesses en moins bonne santé", explique-t-il.

Un accès difficile à l'avortement - de plus en plus compliqué dans les Etats conservateurs - a également été lié à davantage de complications maternelles, selon une étude de 2021.

Inégalités

Les données américaines révèlent surtout des inégalités criantes.

En 2020, le taux de mortalité maternelle était ainsi de 55,3 pour 100.000 naissances parmi les femmes noires, contre 19,1 chez les femmes blanches.

Selon les experts, l'explication ne peut se résumer à des différences de classe et de revenu entre ces deux populations, même si celles-ci jouent un rôle.

En 2016, une étude des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire du pays, a montré que le risque de décès maternel était toujours plus élevé de 60% pour une femme noire avec un diplôme universitaire que pour une femme blanche n'ayant pas été plus loin que le lycée.

"Il a été maintes fois démontré que les femmes noires ne reçoivent pas le même niveau de soins" aux Etats-Unis, a expliqué à l'AFP Ebony Hilton, anesthésiste à l'Université de Virginie, et experte des disparités dans l'accès aux soins de santé.

Une autre étude publiée en 2020 dans la revue PNAS avait examiné les naissances en Floride entre 1992 et 2015 et a par ailleurs conclu que les nouveaux-nés noirs avaient trois fois plus de risque de mourir que les blancs. Mais ce risque diminuait lorsque le médecin était également noir.

Il y a bientôt un an, le gouvernement du président Joe Biden avait qualifié le taux de mortalité maternelle américain d'"inacceptable", et annoncé des investissements pour s'attaquer à ce problème, par exemple en finançant des programmes de formation aux "préjugés inconscients" pour les personnels de santé.

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