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La lutte antiterroriste, "priorité absolue" de la politique étrangère française


Emmanuel Macron rend visite, en compagnie du président malien Ibrahim Boubacar Keita, aux soldats de l'opération Barkhane, Gao, Mali, le 19 mai 2017. (Christophe Petit Tesson, Pool via AP)
Emmanuel Macron rend visite, en compagnie du président malien Ibrahim Boubacar Keita, aux soldats de l'opération Barkhane, Gao, Mali, le 19 mai 2017. (Christophe Petit Tesson, Pool via AP)

Durement frappée par des attentats depuis 2015, la France a fait de la sécurité un des axes majeurs de sa politique étrangère, mais cette ligne semble encore s'être renforcée avec l'arrivée d'Emmanuel Macron, certains évoquant même une "diplomatie antiterroriste".

"Priorité absolue", "fondamentale": le chef de l'Etat évoque le sujet du terrorisme quasiment à chacune de ses interventions, qu'il s'agisse d'une rencontre avec un chef d'Etat ou lors de discours intérieurs.

L'une de ses premières mesures a été la création d'une task force antiterroriste à l'Elysée, l'un de ses premiers voyages à l'étranger a été pour visiter les troupes françaises engagées au Mali.

Et il a nommé à la diplomatie Jean-Yves Le Drian, ex-ministre influent de la Défense, qui a mis en musique les interventions françaises au Mali, dans le Sahel, en Irak et en Syrie, décidées par l'ancien président socialiste François Hollande.

En arrivant au Quai d'Orsay, M. Le Drian s'est d'ailleurs engagé à "poursuivre d'une autre manière" son combat "pour la sécurité des Français".

"Cette thématique - la sécurité- a toujours été dans la feuille de route des ministres des Affaires étrangères, mais rarement de manière aussi affirmée", constate un diplomate.

Ni l'Elysée ni le ministère des Affaires étrangères ne s'expriment beaucoup, assurant refuser toute "diplomatie déclarative".

'Pragmatisme'

Mais qu'il s'agisse de la Libye, du Sahel ou de la Syrie, les mots d'ordre dans l'entourage du chef de la diplomatie sont: "pragmatisme", "réalisme", et "défense des intérêts français".

Les premiers déplacements de M. Le Drian ont été essentiellement consacrés à des thématiques sécuritaires: il s'est rendu en Tunisie, en Egypte, en Algérie pour parler Libye, il sera mardi à Moscou pour évoquer la Syrie.

"La Libye est une priorité absolue", explique une source gouvernementale, et la France, forte des relations "excellentes" établies par M. Le Drian lorsqu'il était ministre de la Défense avec le président égyptien Abdel Fattab al-Sissi, entend jouer un rôle de premier plan pour juguler la crise.

L'Egypte, menacée par le chaos libyen à ses frontières, soutient sur le terrain le maréchal Khalifa Haftar, qui conteste l'autorité du gouvernement de Fayez al-Sarraj installé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale.

Paris entend désormais prendre en compte "la réalité du terrain" (et les succès militaires de Haftar, considéré comme un rempart contre les groupes terroristes) pour pousser une solution politique.

Concernant la Syrie, la France est concentrée sur la chute de Raqa, le fief du groupe Etat islamique où ont été planifiés les attentats en France et où se trouveraient encore des dizaines de djihadistes français.

Paris veut jouer "le pragmatisme" avec Moscou, allié indéfectible de Damas, et "entrer dans le dossier avec un seul principe: assurer la sécurité des Français", selon la source gouvernementale. "On change d'approche. On a besoin d'une solution politique, mais on commence par éradiquer l'Etat islamique".

Lors de sa rencontre à Versailles fin mai avec le président russe Vladimir Poutine, Emmanuel Macron a proposé de renforcer le partenariat avec la Russie pour "gagner la guerre contre le terrorisme" en Syrie. Il a certes évoqué la nécessité d'une "transition politique" dans ce pays ravagé par six ans de guerre, mais en restant très flou, et en évitant d'aborder le sort du président syrien Bachar al-Assad.

La France a longtemps réclamé à cor et à cri le départ du président syrien. Cette doctrine s'était atténuée depuis les attentats de 2015, mais, comme le constate Monzer Makhous, un responsable de l'opposition syrienne en exil, "la problématique Assad n'est plus la priorité".

Cette approche fait grincer quelques dents au Quai d'Orsay, où "la vision très défense" du nouveau locataire "n'est pas forcément dans la tradition de la maison", selon un diplomate.

"On ne fait pas de la diplomatie en faisant uniquement du sécuritaire, c'est une vision un peu réductrice", remarque un autre.

"L'Elysée est très à l'écoute des préoccupations des ONG", nuance de son côté un responsable humanitaire, qui s'interroge cependant sur la vision française à long terme de la résolution des crises au Moyen-Orient et en Afrique.

Avec AFP

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