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La France en suspens à la veille d'un scrutin sous la menace terroriste


Les candidats à la présidentielle française posent pour une photo de groupe avant un débat télévisé sur BFM TV et CNews, à La Plaine-Saint-Denis, à l'extérieur de Paris, le 4 avril 2017.
Les candidats à la présidentielle française posent pour une photo de groupe avant un débat télévisé sur BFM TV et CNews, à La Plaine-Saint-Denis, à l'extérieur de Paris, le 4 avril 2017.

La France retenait son souffle samedi, à la veille du premier tour d'une élection présidentielle à l'issue très indécise, organisée sous haute surveillance quelques jours après un nouvel attentat à Paris.

La fusillade visant jeudi soir un groupe de policiers sur les Champs-Elysées, en plein coeur de Paris, a bouleversé la fin de la campagne électorale et réveillé la peur du terrorisme, dans un pays traumatisé par une vague d'attentats - avec désormais un total de 239 morts depuis début 2015.

L'assaillant, Karim Cheurfi, un Français de 39 ans au lourd passé judiciaire, a tué de sang-froid un policier et en a blessé deux autres, ainsi qu'une touriste avant d'être abattu.

Le groupe Etat islamique (EI) a rapidement revendiqué l'attaque, qui, après plusieurs attentats meurtriers en Europe et plusieurs tentatives récemment déjouées en France, risque de peser sur la mobilisation et sur le choix des Français, centré sur deux grandes questions, la sécurité et le chômage.

Un quart des électeurs s'avouait encore indécis avant ce scrutin qui s'annonce comme un "match à quatre" serré entre le centriste Emmanuel Macron, la patronne de l'extrême droite Marine Le Pen, le conservateur François Fillon et le champion de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon.

Les deux candidats qui arriveront en tête des suffrages dimanche soir s'affronteront dans un second tour le 7 mai.

La campagne officielle a pris fin vendredi soir à minuit (22H00 GMT) et, dès ce samedi les électeurs des territoires d'outremer, de Saint-Pierre et Miquelon aux Antilles, commençaient à voter, en raison du décalage horaire.

Au dernier jour, les représentants de la droite et de l'extrême droite ont durci leur discours sécuritaire, appelant à un renforcement de la lutte anti-terroriste.

"Depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a été fait pour que nous perdions" la "guerre qui nous est menée", a dénoncé la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen qui espère capitaliser sur la peur des attentats.

François Fillon, affaibli par une affaire d'emplois fictifs présumés au bénéfice de sa famille, s'est pour sa part dit déterminé à combattre le terrorisme "d'une main de fer". "Certains n'ont semble-t-il pas encore totalement pris la mesure du mal qui nous agresse", a-t-il lancé, visant le gouvernement socialiste.

L'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui espère tirer partie du désir de renouvellement exprimé par les Français, a en retour reproché à M. Fillon, ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy (2007-2012), d'avoir lui-même conduit à "l'affaiblissement du renseignement territorial" du fait des suppression de postes.

- Sécurité renforcée -

Dans ce climat tendu, le président François Hollande a assuré que tout serait fait pour sécuriser le vote: 50.000 policiers et gendarmes et 7.000 militaires seront mobilisés dimanche. La mairie de Paris a promis des renforts aux bureaux de vote qui le demanderont.

"Rien ne doit entraver" ce "rendez-vous démocratique", a souligné le Premier ministre Bernard Cazeneuve.

Signe de l'intérêt que suscite l'élection française à l'étranger, le président américain Donald Trump a mis son grain de sel dans les débats, se disant persuadé que l'attentat aurait un impact important et "aiderait probablement" la candidate d'extrême droite qui lui voue une admiration non dissimulée.

La perspective d'une victoire de Marine Le Pen ou du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon - deux fervents critiques de l'Union européenne qui envisagent de la quitter si son fonctionnement n'est pas modifié - inquiète nombre de responsables politiques en Europe et au delà.

Après l'attentat de jeudi, de nombreux policiers ont dit leur colère en apprenant que l'assassin de leur collègue était un multirécidiviste qui avait plusieurs fois menacé de s'en prendre aux forces de l'ordre.

Condamné à quatre reprises, notamment pour la tentative de meurtre d'un policier, le tueur, Karim Cheurfi, a passé presque 14 ans en prison. Il avait été placé en garde à vue en février après avoir affirmé à un proche vouloir "tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie". Mais avait été relâché, faute de preuves.

Il n'a jamais donné de "signes de radicalisation ou de signes de prosélytisme", a justifié vendredi le procureur de Paris François Molins.

La fusillade a eu lieu quelques jours après l'arrestation à Marseille, dans le sud de la France, de deux hommes suspectés d'avoir projeté de commettre un attentat. Murés dans le silence depuis mardi, leur garde à vue a été exceptionnellement prolongée samedi.

Avec AFP

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