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La mort d'une militante pakistanaise exilée au Canada suscite des interrogations


Karima Mehrab, dissidente pakistanaise retrouvée morte à Toronto au Canada, où elle vivait, le 21 décembre 2020.
Karima Mehrab, dissidente pakistanaise retrouvée morte à Toronto au Canada, où elle vivait, le 21 décembre 2020.

La famille de la dissidente Karima Mehrab a appelé à une enquête approfondie sur sa mort au Canada, affirmant qu'elle n'acceptait pas une conclusion de la police selon laquelle elle se serait suicidée.

Karima Mehrab, connue sous le nom de Karima Baloch, s'était réfugiée au Canada en 2015 après avoir été accusée de terrorisme par le gouvernement pakistanais. La jeune activiste de 37 ans a été retrouvée morte lundi dernier dans lac Ontario à Toronto, a indiqué la police locale.

Dans une interview accordée à l'agence de presse La Presse Canadienne, son frère Sameer Mehrab a estimé qu'il était peu probable qu'elle se soit noyée, tout en disant que la famille n'avait aucune preuve qu'elle ait été victime d'un acte criminel.

D'après Radio-Canada, la police penche pour la thèse du suicide et dit n'avoir trouvé aucun indice de meurtre après que son corps eût été retiré du lac lundi.

Sans suggérer une piste en particulier, Sameer Mehrab a cependant souligné que la famille était "ouverte à d'autres possibilités en raison des menaces qu'elle recevait". Il a dit regretter que les enquêteurs ne prennent pas en considération ces menaces, dont une avertissant son mari qu'elle recevrait un "cadeau de Noël inoubliable".

Des enregistrements de transport et une vidéo de surveillance montrent qu'elle s'est rendue seule aux îles de Toronto dimanche dernier. Selon Lateef Johar, un ami de la famille, ses biens ont été retrouvés sur une île.

Dans la région pakistanaise du Balouchistan, des centaines de personnes ont manifesté mercredi pour protester contre ce qu'elles considèrent comme un meurtre et ont appelé à une enquête transparente. Karima Mehrab militait pour l'autonomie de cette province, confrontée à des violences sectaires, et elle avait continué son activisme depuis le Canada.

La famille affirme que la jeune femme était une personne forte pour qui la vie s'améliorait au Canada et qu'elle ne se serait jamais suicidée. Elle devait passer un examen d'économie à l'Université de Toronto.

Sa mort est "profondément choquante", a tweeté Amnesty International, appelant la police à mener une enquête approfondie.

Sameer Mehrab, lui-même réfugié vivant à Toronto, a travaillé pendant des années au Moyen-Orient avec un autre dissident pakistanais exilé, Sajid Hussain, rédacteur en chef du Balochistan Times.

Hussain a également été retrouvé noyé dans une rivière cette année en Suède. Là-bas aussi, les autorités avaient déclaré qu'il n'y avait aucune indication de meurtre, sans toutefois exclure une telle éventualité.

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    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

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