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La contestation se poursuit au Sénégal après la mort d'un troisième manifestant


Des manifestants sénégalais protestent contre le report de l'élection présidentielle du 25 février, à Dakar, au Sénégal, le 9 février 2024.
Des manifestants sénégalais protestent contre le report de l'élection présidentielle du 25 février, à Dakar, au Sénégal, le 9 février 2024.

Un lycéen de 16 ans a été tué alors qu'il manifestait dans le sud du Sénégal, portant à trois le nombre de personnes tuées dans le pays depuis le début de la contestation du report de l'élection présidentielle.

Landing Camara, dit Diedhiou, est mort samedi soir des suites de ses blessures à l'hôpital régional de Ziguinchor, fief de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko, où des affrontements entre groupes de jeunes et forces de sécurité se sont poursuivis samedi.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux, l'ambassade des Etats-Unis au Sénégal a présenté ses condoléances aux familles et amis des victimes. "Nous exhortons toutes les parties à agir de manière pacifique et mesurée, et nous continuons à demander au président Sall de rétablir le calendrier électoral, de restaurer la confiance et d'apaiser la situation", a-t-elle déclaré.

"L'Union européenne (UE) présente ses condoléances aux proches des défunts et appelle les autorités à garantir les libertés fondamentales", a pour sa part réagi sur X Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

Le 3 février, Macky Sall a pris tout le monde de court en reportant les élections à trois semaines du scrutin, une décision entérinée par l'Assemblée nationale qui a voté un ajournement de l'échéance électorale au 15 décembre, après avoir expulsé par la force les députés de l'opposition.

L'Assemblée a aussi voté le maintien au pouvoir de M. Sall jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Son deuxième mandat expirait officiellement le 2 avril.

Vendredi, l'ensemble du pays a été secoué par une contestation d'ampleur, réprimée par les forces de sécurité. Celles-ci dispersaient le moindre rassemblement en tirant des gaz lacrymogènes.

Jeunesse

La majorité des villes ont retrouvé leur calme samedi, dont Dakar, la capitale. Mais à Ziguinchor, chef-lieu de Casamance, les heurts ont continué, mettant aux prises des dizaines de jeunes, parfois très jeunes, qui ont formé des barrages et jeté des pierres, aux forces de sécurité.

"Un jeune a reçu un projectile sur la tête et il est décédé de ses blessures à la réanimation hier soir", a déclaré dimanche à l'AFP un responsable hospitalier sous couvert de l'anonymat. Cette source avait affirmé dans un premier temps que le défunt avait 19 ans, mais une pièce d'identité du garçon transmise à l'AFP indique qu'il en avait 16.

"Il y a eu plusieurs blessés graves pendant les manifestations et l'un est décédé. Il a été atteint d'une balle à la tête", a affirmé à l'AFP Abdou Sané, coordinateur du parti d'opposition Pastef à Ziguinchor. Le garçon était lycéen, a-t-il précisé.

Une enquête a aussi été ouverte après la mort vendredi d'un étudiant en géographie de 22 ans à Saint-Louis (nord) dans des circonstances encore floues. Un vendeur ambulant a également succombé à ses blessures samedi à Dakar, victime selon ses proches d'un tir de gendarme la veille.

Le report de la présidentielle a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux, l'opposition criant au "coup d'Etat constitutionnel". Les partenaires internationaux du Sénégal ont exprimé leur préoccupation et appelé à organiser des élections le plus rapidement possible.

Samedi, la mobilisation s'est étendue à la diaspora, avec des manifestations qui ont drainé quelques milliers de personnes à Paris et Berlin. Dimanche, à la paroisse Notre Dame des Anges de Ouakam, à Dakar, comme dans d'autres églises, le prêtre qui officiait la messe a dit que la situation politique "affectait" et "inquiétait" tous les Sénégalais.

Manifestation mardi

La répression des manifestations a suscité l'indignation de l'opposition. "Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant", a déclaré Khalifa Sall, l'un des principaux candidats à la présidentielle.

La coalition du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, qui a reçu le soutien d'Ousmane Sonko, a dénoncé "la brutalité des forces de sécurité qui ont exercé des violences inouïes". Elle a salué "les efforts" de la société civile et des acteurs politiques pour "faire barrage au coup d'Etat constitutionnel" du président Sall et maintenir la présidentielle le 25 février.

Une nouvelle manifestation lancée par un collectif de la société civile, Aar Sunu Election ("Protégeons notre élection"), est prévue mardi.

Face à la répression, "il faut une stratégie de lutte citoyenne. La désobéissance civile est une arme que l'on va utiliser pour mettre ce pays à l'arrêt et rétablir la légalité constitutionnelle", a déclaré à l'AFP Malick Diop, coordinateur de ce collectif.

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