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L’opposition dénonce un "ethnicisme violent", après des massacres de communautés


Des campements Peulh détruits par les Koglweogo dans le Centre-Nord du Burkina, 3 janvier 2019.
Des campements Peulh détruits par les Koglweogo dans le Centre-Nord du Burkina, 3 janvier 2019.

L'opposition politique au Burkina Faso a dénoncé jeudi un "ethnicisme" qui prend une "tournure violente" après une série de massacres de communautés du nord du pays en proie à des attaques djihadistes.

"Des nouvelles plus qu'alarmantes nous parviennent d'Arbinda (commune rurale située au Nord) et font état de ce que des citoyens sont ciblés et assassinés sur la base de leur appartenance ethnique", s'est inquiété le chef de file de l'opposition Zéphyrin Diabré, lors d'une conférence de presse.

"C'est grave quand on arrête des cars, on vérifie les identités (des passagers) et on exécute ceux qui sont apparentés à des foulsés (communauté proche des mossi, l'ethnie majoritaire au Burkina)", a-t-il dénoncé.

Mardi, quatre passagers voyageant dans un car reliant Dori à Arbinda, ont été tués par des individus armés qui pourraient être des djihadistes. "Les quatre personnes abattues sont membres de la même communauté ethnique" foulsé, a indiqué une autorité locale à l'AFP.

Début avril, 62 personnes ont été tuées lors d'attaques djihadistes suivies d'affrontements inter communautaires dans la même commune d'Arbinda, frontalière du Mali.

Début janvier, 49 personnes selon les autorités, plus de 70 selon des organisations de la société civile ont été tuées à Yirgou (nord), lors d'une expédition punitive contre la communauté peule après l'assassinat par des djihadistes du chef du village et de six autres personnes.

"Cela fait 125 jours que les filles et fils de ce pays ont été lâchement assassinés tout simplement parce qu'ils ont eu le tort d'appartenir à une ethnie, que des gens malsains se sont permis de détester", a déploré M. Zéphyrin Diabré.

"Yirgou est la preuve que l'ethnicisme qui était jusque-là latent dans notre pays, a pris une autre tournure violente, a-t-il estimé, appelant à " le combattre et l'éradiquer avec la dernière énergie".

Au Burkina Faso, tout comme au Mali, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent nomades et musulmans, présents dans toute l'Afrique de l'Ouest, et autochtones agriculteurs.

Certains membres de la communauté peule ont rejoint des groupes djihadistes. Il n'est pas rare que des populations fassent l'amalgame entre Peuls et djihadistes et lancent des représailles sanglantes sur fond de conflits inter communautaires.

Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes djihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS).

D'abord concentrées dans le nord du pays avant de toucher d'autres régions, ces attaques ont fait depuis 2015 plus de 320 morts, selon un comptage de l'AFP.

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