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L'Irak confronté à un "désastre humanitaire" à Fallouja


Un soldat irakien aide des civils fuyant Fallouja, Iraq, le 18 juin 2016. (REUTERS/Stringer )
Un soldat irakien aide des civils fuyant Fallouja, Iraq, le 18 juin 2016. (REUTERS/Stringer )

Sous un soleil de plomb, par 42°C, des milliers de civils irakiens continuaient de fuir Fallouja, reprise en grande partie par les forces gouvernementales, les ONG faisant désormais face à un désastre humanitaire.

Au moins 30.000 personnes ont fui les combats en trois jours, rejoignant les dizaines de milliers déjà déplacées, selon le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Et des milliers d'autres sont toujours bloquées à l'intérieur de la ville, dont des femmes enceintes, des personnes malades, âgées ou handicapées.

Le NRC, qui gère les camps de déplacés autour de Fallouja, est submergée par l'afflux massif de civils, dont certains dorment en plein air tandis que les combats se poursuivent entre forces irakiennes et djihadistes du groupe Etat islamique (EI).

"Nous implorons le gouvernement irakien de prendre en charge cette catastrophe humanitaire qui se déroule sous nos yeux", a déclaré dimanche le directeur du NRC pour l'Irak, Nasr Muflahi.

L'organisation a averti qu'elle ne pouvait plus fournir l'assistance nécessaire, avec un déficit de rations d'eau, alors que les conditions sanitaires deviennent de plus en plus précaires.

L'un des camps d'Amriyat al-Fallouja, qui abrite quelque 1.800 personnes, ne dispose ainsi que d'une seule latrine pour les femmes, s'est alarmée l'ONG.

"400 familles ont atteint mon camp au cours des quatre derniers jours, elles n'ont rien", a témoigné le responsable du camp, sous couvert d'anonymat. "Nous avons obtenu des tentes pour certains d'entre eux, mais les autres, y compris les femmes et les enfants, dorment par terre sous le soleil. Leur situation est tragique".

Pour M. Muflahi, "le gouvernement irakien doit jouer un rôle de premier plan dans la fourniture en besoins des civils les plus vulnérables qui ont enduré des mois de traumatisme et de terreur".

- 84.000 déplacés -

Cet exode massif a été provoqué par l'avancée des forces irakiennes qui ont repris jeudi le contrôle de plusieurs zones du centre de Fallouja, à 50 km à l'ouest de Bagdad, aux djihadistes de l'EI.

Des milliers de civils qui étaient jusque-là pris au piège et parfois utilisés comme boucliers humains par l'organisation ultraradicale sunnite ont alors pu quitter la ville.

Selon le HCR, 84.000 personnes ont été forcées de fuir leurs maisons depuis le début de l'offensive lancée le 23 mai avec le soutien aérien crucial de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

"Les agences se démènent pour répondre à la situation qui évolue rapidement - et nous nous préparons à un nouvel exode massif dans les prochains jours", a averti le HCR.

Le Premier ministre Haider al-Abadi a promis de fournir un soutien aux déplacés, confrontés à des températures suffocantes dans la vaste province d'Al-Anbar, où se situe Fallouja.

Les forces irakiennes s'efforcent toujours de déloger les combattants de l'EI de leurs dernières poches de résistance dans le centre de Fallouja mais elles restent menacées par les tirs de snipers, les voitures piégées et les engins explosifs laissés par les djihadistes.

"Il reste encore des poches de Daech dans la ville", a indiqué à l'AFP le chef de la police fédérale, Raed Shaker Jawdat, utilisant un acronyme arabe de l'EI.

La reprise de Fallouja, dont l'EI s'était emparée en janvier 2014, marquerait l'un des plus importants revers infligés aux djihadistes en Irak depuis plus de deux ans.

Les forces irakiennes ont également relancé leurs offensives dans le nord du pays avec l'objectif de reprendre la localité de Qayyarah et "d'en faire un tremplin pour reconquérir Mossoul", la deuxième ville du pays.

En Syrie, une offensive de forces soutenues par Washington est également en cours depuis le 31 mai pour s'emparer de Minbej (nord), un fief du groupe Etat islamique.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau de sources à travers le pays, au moins huit Syriens, dont quatre enfants, ont été tués par des tirs de gardes-frontières turcs alors qu'ils tentaient de fuir leur pays en guerre dimanche avant l'aube. Les victimes étaient des déplacés fuyant la région de Minbej.

Ankara a démenti à plusieurs reprises des rapports, dont ceux de Human Rights Watch (HRW), faisant état de tirs meurtriers de gardes contre des civils syriens tentant de passer en Turquie.

Avec AFP

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