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L'attente du nouvel exécutif taliban se prolonge en Afghanistan


Un membre des forces talibanes monte la garde à la frontière pakistano-afghane, à Torkham, au Pakistan, le 2 septembre 2021.
Un membre des forces talibanes monte la garde à la frontière pakistano-afghane, à Torkham, au Pakistan, le 2 septembre 2021.

Les Afghans et la communauté internationale devront patienter encore un peu: le nouveau gouvernement, sur lequel les talibans sont attendus au tournant après leur promesse d'ouverture, ne devrait finalement pas être dévoilé avant samedi, au plus tôt.

Aucune annonce ou cérémonie liée à la présentation de ce nouvel exécutif n'est prévue vendredi, a affirmé un porte-parole du mouvement à l'AFP, précisant qu'il ne fallait s'attendre à aucun développement à ce sujet avant samedi au plus tôt.

Des sources talibanes avaient indiqué jeudi que la composition du nouveau gouvernement pourrait être annoncée dès vendredi, après la prière. Le chef adjoint de leur bureau politique au Qatar, Sher Mohammad Abbas Stanekzai, avait lui assuré mercredi qu'il serait connu dans les deux jours.

De retour au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition emmenée par les Etats-Unis, les talibans ont promis la mise en place d'un gouvernement "inclusif" et ont multiplié, depuis leur prise de Kaboul le 15 août, les déclarations d'ouverture visant à rassurer la population et la communauté internationale.

La composition du nouvel exécutif fera donc figure de test quant à la volonté réelle de changement affiché par les islamistes, dont le premier passage au pouvoir (1996-2001) avait été marqué par une politique brutale à l'égard des femmes et des opposants politiques.

- Quid des femmes ? -

Les appels à intégrer les femmes au sein du nouvel exécutif devraient toutefois rester lettre morte. Interrogé mercredi, Sher Mohammad Abbas Stanekzai a laissé entendre qu'il "pourrait ne pas y avoir" de femmes ministres ou à des postes à responsabilité, jugeant cette option possible uniquement à des échelons inférieurs.

En réaction, une cinquantaine de militantes afghanes sont descendues dans la rue jeudi à Hérat, capitale de l'Ouest, pour réclamer la participation des femmes aux consultations en cours.

Sur un autre front - militaire cette fois-ci -, de nouveaux affrontements se sont produits dans la vallée du Panchir, entre forces talibanes et le Front national de résistance (FNR), emmené par le fils du commandant Massoud.

"Les talibans ont proposé d'attribuer deux sièges au FNR dans le gouvernement qu'ils veulent créer, alors que nous demandions un meilleur avenir pour l'Afghanistan", a expliqué Ahmad Massoud. "Nous n'avons même pas considéré" leur offre, a-t-il poursuivi, estimant que les talibans avaient "choisi le chemin de la guerre".

Ces dernières semaines, les talibans ont noué des contacts notamment avec certains de leurs opposants, comme l'ex-président Hamid Karzaï, ou l'ancien vice-président Abdullah Abdullah.

Parmi les scénarios possibles qui circulent, le chef des talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, devrait exercer l'autorité suprême au titre de guide religieux, selon la chaîne de télévision privée afghane Tolo News.

La responsabilité de mener le gouvernement serait confiée à quelqu'un d'autre. Le co-fondateur du mouvement, Abdul Ghani Baradar, devrait quant à lui occuper un poste important au sein de l'exécutif, toujours selon la première chaîne d'information afghane.

- Urgence économique -

Pour Martine van Bijlert, du réseau des analystes de l'Afghanistan (AAN), le mouvement "n'était pas du tout préparé au départ soudain du président Ashraf Ghani le 15 août, et à ce que Kaboul tombe entre leurs mains si rapidement".

"Il n'avait jamais préparé de plan détaillé ou de politique gouvernementale", souligne-t-elle dans une note publiée mercredi, estimant les talibans "désormais divisés sur la voie à suivre".

Le temps presse pourtant au vu des nombreux défis à surmonter. L'urgence est avant tout économique: l'Afghanistan, l'un des pays les plus pauvres du monde, a vu l'aide internationale dont dépend son économie largement gelée.

Quelques bonnes nouvelles sont toutefois venues éclaircir légèrement ce tableau.

L'ONU a fait savoir que de ses vols humanitaires reprenaient dans le nord et le sud de l'Afghanistan. Quant à la compagnie aérienne afghane, Ariana Airlines, elle prévoyait de reprendre ses vols intérieurs vendredi.

Voisine de l'Afghanistan, la Chine a pour sa part promis de maintenir son ambassade à Kaboul et d'augmenter son aide au pays, selon un porte-parole des talibans. "Nous espérons que les talibans mettront en place une structure politique ouverte et inclusive (...) et qu'ils rompront définitivement avec tous les groupes terroristes", a toutefois prévenu un porte-parole chinois.

A Moscou, le président Vladimir Poutine a de son côté dit espérer que les talibans se comporteraient de manière "civilisée".

Près d'une semaine après la fin du gigantesque pont aérien mis en place à l'aéroport de Kaboul pour évacuer afghans et ressortissants étrangers, les réseaux diplomatiques s'activent encore pour tenter de venir en aide aux Afghans menacés.

Les ministres italien et britannique des Affaires étrangères étaient respectivement attendus dans la région ce vendredi et la semaine prochaine.

Sollicité par les talibans, le Qatar a dit travailler à la réouverture "dès que possible" de l'aéroport de Kaboul, crucial pour faire transiter l'aide médicale et humanitaire".

Les Afghans attendent la formation d’un nouveau gouvernement
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