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Kinshasa et Kampala annoncent des frappes depuis l'Ouganda contre les ADF


Des soldats congolais et des forces de l'ONU patrouillent dans la zone d'une attaque par des forces démocratiques alliées présumées près d'Oicha, à 30 km de Beni, en République démocratique du Congo, le 23 juillet 2021.
Des soldats congolais et des forces de l'ONU patrouillent dans la zone d'une attaque par des forces démocratiques alliées présumées près d'Oicha, à 30 km de Beni, en République démocratique du Congo, le 23 juillet 2021.

Des frappes aériennes et d’artillerie ont visé mardi en RDC depuis l'Ouganda des positions rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), accusées par Kinshasa de nombreux massacres de civils et par Kampala de récents attentats sur son sol revendiqués par le groupe jihadiste État islamique (EI).

Ces opérations ont été annoncées dans la matinée presque simultanément par des sources officielles des deux pays.

"Comme annoncé, les actions ciblées et concertées avec l’armée ougandaise ont démarré aujourd’hui avec des frappes aériennes et des tirs d’artillerie à partir de l’Ouganda sur les positions des terroristes ADF en RDC", a indiqué sur Twitter le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya.

"Ce matin, nous avons lancé des frappes aériennes et d'artillerie conjointes contre des camps ADF avec nos alliés congolais", a dit également sur le réseau social le porte-parole de l'armée ougandaise (UPDF, Uganda People's Defence Force).

Tôt dans la matinée, des témoignages parvenus à Beni, chef-lieu de la province congolaise du Nord-Kivu, frontalière de l'Ouganda, avaient fait état de tirs d'armes lourdes entendus vers la chefferie (entité administrative) de Watalinga, qui avaient provoqué la panique notamment au poste-frontalier de Kamango et ses environs.

Un conseiller de la présidence de RDC avait confirmé dimanche à l'AFP sous couvert d'anonymat des informations de sources diplomatiques selon lesquelles le président Félix Tshisekedi avait autorisé l'armée ougandaise à traverser la frontière pour combattre les rebelles des ADF.

Cette autorisation n'est pas vue d'un bon œil par tous les Congolais, certains pointant du doigt le rôle joué par les voisins ougandais et rwandais dans la déstabilisation de l'est de la RDC depuis près de 30 ans.

- "Ennemi commun" -

Lors d'un briefing habituel consacré à l'état de siège instauré dans deux provinces de l'est, le ministre congolais de la Communication avait assuré lundi qu'il n'y avait "pas de troupes ougandaises" en RDC, mais que des "actions ciblées et concertées" étaient "envisagées avec l’armée ougandaise pour combattre les terroristes de l’ADF, notre ennemi commun".

A l'origine, les ADF étaient une coalition de groupes armés ougandais, dont le plus important était composé de musulmans opposés au régime du président Yoweri Museveni.

Ils sont installés depuis 1995 dans l'est congolais, où ils ont fait souche et sont considérés comme le plus meurtrier des multiples groupes armés sévissant depuis des décennies dans la région.

Depuis avril 2019, certaines de leurs attaques sont revendiquées par l'EI qui désigne le groupe comme sa "Province d'Afrique centrale" (Iscap). En mars dernier, les États-Unis ont placé les ADF parmi les "groupes terroristes" affiliés aux jihadistes de l'EI. Les experts sont toutefois partagés sur le degré de cette affiliation.

L'Ouganda a accusé "un groupe local lié aux ADF" d'être l'auteur d'un double attentat suicide qui a tué quatre personnes le 16 novembre à Kampala et a été revendiqué par l'EI. Cet attentat était survenu trois semaines après deux autres attaques, un attentat à la bombe contre un restaurant de la capitale le 23 octobre et un attentat-suicide dans un bus près de Kampala deux jours plus tard.

La police ougandaise avait indiqué fin octobre avoir arrêté "un certain nombre" de membres présumés des ADF après ces attaques, soupçonnant le groupe de "préparer un attentat sérieux contre des infrastructures importantes".

Dans l'est de la RDC, le Nord-Kivu et la province voisine de l'Ituri sont placées depuis début mai sous état de siège, avec les autorités civiles remplacées par des officiers de l'armée et de la police.

Malgré cette mesure exceptionnelle, l'armée n'a pu empêcher le massacre de près de 1.200 civils pendant cette période, selon un bilan du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), qui dispose d'experts dans les zones de ces violences.

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