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Kenya : un avocat critique des abus de la police retrouvé mort, mutilé


Des policiers pourchassent des protestataires lors d'une manifestation à Kibera Slums, Nairobi, Kenya 23 mai 2016. (AP Photo / Sayyid Azim)
Des policiers pourchassent des protestataires lors d'une manifestation à Kibera Slums, Nairobi, Kenya 23 mai 2016. (AP Photo / Sayyid Azim)

Un corps mutilé retrouvé dans une rivière à la sortie de la capitale kényane Nairobi a été identifié vendredi comme étant celui d'un avocat accusant la police de harcèlement et d'intimidation, ont dénoncé ses collègues.

Le corps inerte, aux poignets ligotés et aux yeux qui semblaient exorbités, a été trouvé tard jeudi soir, recouvert par un sac et flottant sur la rivière Ol Donyo Sabuk, au sud-est de Nairobi.

"Nos pires craintes sont confirmées. Les avocats et les citoyens sont en danger d'être éliminés par des escadrons de la mort de la police", a déclaré le président du barreau kényan, Isaac Okero. "Il s'agit d'un jour sombre pour l'Etat de droit au Kenya", a-t-il ajouté.

Selon ses pairs, la victime est Willie Kimani, un jeune avocat disparu le 23 juin avec son client, Josephat Mwenda, et leur chauffeur de taxi, Joseph Muiruri, après une audience au tribunal de Makovo, en banlieue de Nairobi.

L'avocat défendait M. Mwenda, qui accuse la police locale de l'avoir harcelé et intimidé afin qu'il abandonne une plainte contre un haut responsable des forces de l'ordre qui, disait-il, lui avait tiré dessus sans raison en avril 2015.

La corps mutilé de l'avocat a été retrouvé à côté d'un autre, également enroulé dans une bâche, qui pourrait être celui de son client ou de leur chauffeur de taxi. Un troisième corps a été aperçu sur la rivière mais n'avait pas encore été récupéré vendredi.

"Les corps sont dans un piteux état. Il semble que les victimes aient été abondamment torturées avant d'être tuées", a déclaré Me Duncan Kinuthia, un proche de Willie Kimani, après avoir identifié le corps de ce dernier à la morgue.

Mercredi, à la veille de la découverte macabre, des avocats kényans avaient manifesté devant la Cour suprême. Onze organisations de défense des droits de l'Homme avaient par ailleurs accusé la police, dans un communiqué, d'avoir enlevé les trois hommes.

"Il y a des éléments de preuves convaincants indiquant que Willie et ses collègues ont été détenus illégalement au commissariat de Syokimau pendant un certain temps", souligne le communiqué.

Trois policiers ont été arrêtés en lien avec ces meurtres, dont un haut responsable impliqué dans le procès, a assuré vendredi le chef de la police kényane, Joseph Boinnet.

Willie Kimani était un jeune avocat spécialisé dans les droits de l'Homme oeuvrant pour l'organisation américaine International Justice Mission (IJM). Il avait défendu de nombreux prisonniers politiques et des victimes d'abus de l'Etat au Kenya.

Par le passé, la police kényane a souvent été accusée de mener des opérations dans l'ombre contre des personnes enquêtant sur les abus perpétrés par ses membres.

Avec AFP

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