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HRW dénonce le risque de détention des femmes violées en Mauritanie


Des Mauritaniennes lors de l'élection présidentielle, à Nouakchott, le 21 juin 2014.
Des Mauritaniennes lors de l'élection présidentielle, à Nouakchott, le 21 juin 2014.

Les femmes et filles victimes de viol en Mauritanie sont encore plus "mises en danger" par la criminalisation dans ce pays des relations sexuelles hors mariage, la "zina", car elles peuvent être "poursuivies si elles ne parviennent pas à prouver l'absence de consentement", dénonce Human Rights Watch (HRW).

Dans un rapport de 101 pages publié mercredi, l'organisation de défense des droits de l'homme exhorte les autorités mauritaniennes à instaurer un "moratoire immédiat sur les poursuites et la détention des personnes pour +zina+" et à "libérer sans tarder" celles détenues dans ce cadre.

"Les femmes et filles victimes de viol appréhendent le fait de porter plainte et d'intenter des poursuites judiciaires car, si elles ne parviennent pas à prouver leur absence de consentement, elles peuvent être pénalement poursuivies et détenues", relève HRW.

Celles qui portent plainte "malgré ce risque font souvent face à des policiers et autorités judiciaires qui ne respectent pas leurs droits fondamentaux", déplore l'organisation, qui s'appuie notamment sur une trentaine d'entretiens avec des femmes et filles réalisés à Nouakchott et à Rosso (Sud).

HRW a rencontré cinq femmes et filles "qui ont dénoncé un viol, mais ont pourtant été elles-mêmes poursuivies pour +zina+ après avoir signalé leur agression à la police". Celles auxquelles le tribunal avait accordé la liberté provisoire avant le procès "ont été obligées de pointer chaque semaine dans un commissariat", fustige HRW.

"Alors que selon la loi mauritanienne, le crime de +zina+ ne s'applique qu'aux +musulmans majeurs+, certains procureurs vont jusqu'à inculper des filles mineures de +zina+, surtout si elles sont enceintes, même si elles expliquent que leur grossesse est due à un viol", dénonce encore HRW.

"Peu de survivantes d'agressions sexuelles osent s'exprimer" en Mauritanie, rappelle HRW, qui a notamment recueilli le témoignage de Mariama. Cette femme a rapporté avoir été "violée par un chauffeur de taxi à l'âge de 20 ans" et n'en a pas parlé à ses parents par peur. "Alors que j'étais enceinte de huit mois, ma mère s'en est rendu compte et m'a demandé comment c'était arrivé. C'est à ce moment là que je lui ai raconté le viol".

Pris d'une "rage folle", son père l'a alors "amenée au commissariat et dit au policiers" que sa fille "devait être enfermée parce qu'elle avait couché avec un homme, et qu'il ne la voulait plus chez lui", rapporte HRW.

HRW pointe du doigt les "obstacles institutionnels, juridiques et sociaux que rencontrent les survivantes lorsqu'elles veulent rapporter à la police des incidents d'agressions sexuelles, amener les coupables devant la justice et obtenir un soutien médical et psychosocial".

Si l'ONG relève des "avancées" ces dernières années concernant la protection juridique des femmes, elle relève que la loi mauritanienne "ne définit et ne pénalise pas convenablement les violences sexuelles".

Avec AFP

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