Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Handball de plage: les Norvégiennes sanctionnées pour avoir boycotté le bikini


Image composite de tenues de beach-volley pour hommes et femmes lors des jeux olympiques de Tokyo 2020.
Image composite de tenues de beach-volley pour hommes et femmes lors des jeux olympiques de Tokyo 2020.

Les joueuses de Beach Handball norvégiennes ont porté pour la première fois dimanche dernier en compétition un short au lieu du bikini obligatoire, ce qui leur a valu une amende de 1 500€.

La Fédération Européenne de Handball a santionné l'équipe féminine norvégienne de handball de plage au lendemain d'un match contre l'Espagne, qui a remporté la troisième place de l'Euro 2021 à Varna, en Bulgarie.

Sur son site internet, la commission disciplinaire de l'EURO 2021 de Handball de Plage indique avoir "été saisie d'un cas de tenue inappropriée. Lors du match pour la médaille de bronze contre l'Espagne dimanche, l'équipe de Norvège a joué avec des shorts qui ne sont pas conformes au Règlement sur les uniformes de l'athlète défini dans les Règles du jeu de beach handball de l'IHF."

"La commission disciplinaire a décidé d'infliger une amende de 150 € par joueuse, pour un total de 1 500€", indique la déclaration officielle.

Le ministre norvégien de la Culture, Abid Raja, s'est insurgé contre l'amende. "C'est vraiment ridicule (...) les changements de comportements sont nécessaires dans l'univers international macho et conservateur du sport", a-t-il écrit sur Twitter.

Combat de longue date

La fédération norvégienne de handball bataille depuis des années pour que ses joueuses de Beach Handball puissent porter des tenues plus adaptées au sport, plus confortables et moins légères que le bikini, qu'elles jugent dégradant.

Quand son président, Kare Geir Lio, a compris que l'équipe ne risquait pas d'être disqualifiée pour si peu, il a gracieusement déclaré qu'il payerait volontiers l'amende, sans cacher son militantisme en faveur d'une tenue plus appropriée.

Depuis 2015, plusieurs voix se sont en effet élevées contre le bikini de rigueur, jugeant que cette ancienne conception vestimentaire pour les femmes dans le sport est issue d'une approche purement plastique, et qu'elle sexualise les joueuses à leur insu.

Des fédérations liguées contre le bikini

"L'EHF est engagée à faire avancer ce sujet dans l'intérêt de ses fédérations membres, mais il convient de préciser qu'un changement des règles ne peut se produire qu'au niveau de la Fédération Internationale de Handball", a précisé le porte-parole de la fédération européenne, Andrew Barringer, cité par l'AFP.

La balle est donc dans le camp de la fédération internationale, qui seule peut faire évoluer le code vestimentaire. Une motion norvégienne visant à amender les règles sera discutée dans les mois à venir.

La France, la Suède et le Danemark collaborent avec la Norvège pour apporter ce changement souhaité par plusieurs joueuses et entraineurs. Certains entraineurs ont même remarqué que les joueuses, plus à l'aise en short, font de meilleures prouesses techniques lors des entrainements.

"Nous avons perdu des joueuses à cause du code vestimentaire", a déclaré la manager de l'équipe française Valérie Nicolas au journal Verdens Gang. "Les joueuses disent qu'elles sont mal à l'aise, se sentent nues et observées. C'est un sport avec beaucoup de mouvement et on est gêné par le bikini", souligne l'ancienne gardienne de buts, qui sait combien les étirement, envolée et plongeons sont légion pendant les matchs.

Les joueuses de l'équipe de handball de plage de Norvège ont porté le short lors de leur dernier match au Mondial 2021 pour contester contre le port du bikini obligatoire.
Les joueuses de l'équipe de handball de plage de Norvège ont porté le short lors de leur dernier match au Mondial 2021 pour contester contre le port du bikini obligatoire.

S'inspirer du tennis?

Mais le code vestimentaire en sport de compétition est souvent aussi rigide que les règle du jeux, et certaines joueuses n'ont d'autres possibilités que d'enfreindre ces règles pour entrevoir une quelconque évolution.

En 2019, la fédération internationale de tennis a fini par permettre officiellement aux joueuses de porter des leggings et des shorts mi-cuisses sans jupe ou robe pendant les tournois.

Dans le cas du tennis, le code vestimentaire ne s'applique toutefois qu'aux tournois du calendrier, tandis que ceux du Grand Chelem ont le droit d'établir leurs propres règles.

Le changement est intervenu après que la Fédération française de tennis se soit opposée à la combinaison intégrale -- portée par la star américaine Serena Williams à Roland-Garros -- affirmant qu'elle ne serait plus acceptée lors du tournoi.

L'habit ne fait pas le moine

Les règles officielles du Handball de plage ont été codifiées en 2002, deux ans après les premiers championnats européens.

Selon le règlement de la Fédération Internationale de Handball, les joueurs masculins de handball de plage doivent porter un débardeur et un short qui doit rester 10 cm au-dessus de la rotule, tandis que les joueuses doivent porter des hauts et des bas de bikini. Les bas doivent avoir une coupe ajustée et inclinée vers le haut de la jambe (échancrée).

Le port du bikini pour les femmes en compétition n'est pas aussi simple à défendre, tant il dispose de peu d'arguments en faveur de la performance sportive des dames du beach handball. Son abandon ne serait qu'une suite logique des nombreuses luttes féministes dans le milieu sportif, qui ne reçoivent que peu d'écho mais persistent jusqu'à l'obtention d'une tribune d'écoute.

A cet endroit, nul doute que les championnes font preuve d'endurance et de perséverance à la hauteur des exigences du domaine de la compétition, héritage de la Grèce antique qui formalisa le sport... et la réthorique.

  • 16x9 Image

    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

XS
SM
MD
LG