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Héréros et Namas exigent des excuses de Berlin pour le génocide en Namibie


Esther Utjiua Muinjangue, présidente de la Fondation du génocide d'Ovaherero en Namibie, et les membres de la délégation namibienne, le 27 août 2018.
Esther Utjiua Muinjangue, présidente de la Fondation du génocide d'Ovaherero en Namibie, et les membres de la délégation namibienne, le 27 août 2018.

Des représentants des ethnies namibiennes Héréro et Nama ont exigé lundi à Berlin que l'Allemagne présente enfin ses excuses pour les massacres perpétrés au temps de la colonisation.

Une excuse permettrait "de guérir des blessures émotionnelles", a déclaré Mme Esther Utjiua Muinjangue, présidente de la fondation Ova Herero Genocide lors d'une conférence de presse à Berlin.

L'appel intervient avant une cérémonie, mercredi, de remise de restes osseux d'Héréros et de Namas, dérobés il y a plus d'un siècle, et qui aurait pu être, selon elle, une occasion pour le pays de présenter officiellement ses excuses.

"Est-ce que c'est trop demander? Non je ne crois pas", a dit Mme Muinjangue.

L'historien Christian Kopp, de l'ONG Pas de prescription pour les génocides, a lui aussi estimé que la cérémonie de mercredi, qui doit avoir lieu dans une église, aurait dû se tenir "à la chambre des députés et être accompagnée d'excuses officielles" dans un entretien à l'AFP.

Privés de leurs terres et de leur bétail, les Héréros s'étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands.

Envoyé pour mater la rébellion, le général allemand Lothar von Trotha avait ordonné l'extermination de tout Héréro trouvé en "territoire allemand", armé ou non. Les Namas s'étaient soulevés un an plus tard et subirent le même sort.

Au total, quelque 60.000 Héréros et environ 10.000 Namas perdirent la vie entre 1904 et 1908 dans ce que les historiens qualifient de premier génocide du XXe siècle.

Leurs ossements, en particulier les crânes, furent envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial.

Le gouvernement allemand a entre-temps reconnu sa responsabilité et indiqué en 2016 qu'il prévoyait des excuses officielles dans le cadre de négociations avec le gouvernement namibien pour clore ce sombre chapitre de son histoire.

Mais les négociations sont toujours en cours, et les excuses en suspens.

Berlin refuse de payer des réparations financières, et met en avant les centaines de millions d'euros d'aides au développement versés à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du sud en 1990.

Mais tout le pays en profite, or les seules victimes sont les tribus Héréros, qui représentent environ 7% de la population namibienne contre 40% au début du XXe siècle, et les Namas, estiment leurs représentants, qui ont lancé une procédure judiciaire à New York pour demander réparation.

Avec AFP

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