Droits humains
Guinée: des victimes de répression formulent leurs exigences à la junte

Des organisations de défense des droits humains et de victimes de répression en Guinée ont fixé leurs conditions vendredi pour participer la semaine prochaine à des assises présentées par la junte comme une importante occasion de dialogue.
Ces organisations disent dans un communiqué refuser de cautionner ces assises sans garanties.
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 et s'est depuis fait investir président, a convoqué ces assises pour mardi. Elles auront lieu au moment où, après l'accueil initialement favorable fait aux putschistes, la grogne va grandissant contre un exercice autoritaire et solitaire du pouvoir.
Le chef du gouvernement installé par les militaires, Mohamed Béavogui, a expliqué le 12 mars sur la télévision d'Etat que ces assises seraient "une opportunité de se parler, de s'écouter surtout, et de s'entendre sur ce que nous voulons que notre pays devienne demain".
Il a souligné la nécessité "que nous arrivions à pardonner et avancer", dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ou dictatoriaux et coutumier des violences politiques meurtrières.
Les dernières années d'Alpha Condé, devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu, ont été marquées par des mois de contestation sévèrement réprimée, avant son renversement en 2021.
Une douzaine d'organisations s'interrogent dans un communiqué sur les acteurs, les objectifs ou la durée des assises.
"Ne désirant pas servir de cautions en nous associant à des évènements aux objectifs indéfinis et imprécis", elles formulent des "exigences" et préviennent qu'elles ne participeront pas si elles ne sont pas satisfaites.
Elles réclament de connaître les termes de référence des assises. Elles exigent aussi l'engagement des autorités à mettre en place à la fin des assises une Commission de réconciliation.
De telles commissions ont été instituées dans différents pays ouest-africains pour faire la lumière sur des crimes commis pendant des guerres ou des périodes de violence politique, dégager des responsabilités ou permettre des réparations.
Parmi les douze signataires figurent des organisations de victimes du Camp Boiro, site d'internement, de torture et d'exécution sous Sékou Touré (1958-1984), de victimes de la répression consécutive à une tentative de coup d'Etat avorté en 1985 ou de victimes du massacre perpétré par des militaires dans un stade de Conakry en 2009.
La junte a promis de rendre le pouvoir à des civils élus à l'issue d'une période transitoire, mais n'a toujours pris aucun engagement quant à la durée de cette période.
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Malawi: raids policiers contre des réfugiés des Grands Lacs

Des centaines de Rwandais, Burundais et Congolais, dont certains tenaient des commerces illégaux, ont été arrêtés à Lilongwe après avoir refusé de retourner dans un camp de réfugiés, a-t-on appris jeudi auprès des autorités du Malawi.
Le ministère de la Sécurité intérieure a précisé que 408 réfugiés et demandeurs d'asile, y compris des enfants, ont été interpelés dans le cadre d'une opération policière lancée mercredi au petit matin dans plusieurs townships de la capitale.
Ces arrestations interviennent deux mois après un ultimatum lancé par le gouvernement pour que ces réfugiés retournent au camp surpeuplé de Dzaleka, à quelque 40 km de Lilongwe.
"Le délai accordé avait expiré", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, Patrick Botha. "Nous avions indiqué que si ces personnes ne se déplaçaient pas, la police serait appelée à intervenir pour les y obliger".
La plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile au Malawi viennent de la République démocratique du Congo (RDC), troublée par des conflits et violences, ainsi que du Rwanda et du Burundi.
Un représentant de la communauté burundaise de Lilongwe, Bantubino Leopold, s'est dit "surpris" par ces raids, le gouvernement s'étant engagé à protéger les réfugiés.
"Nous avons un accord [...] qui permet aux réfugiés qui peuvent se débrouiller seuls de gérer des entreprises dans le pays, afin qu'ils ne dépendent pas de l'aumône", a déclaré M. Leopold à l'AFP, alors que le gouvernement accuse certains des interpelés de gérer des commerces sans autorisation.
Ces arrestations sont une "violation flagrante du droit international des réfugiés" et favorisent "un environnement de peur et d'incertitude" pour les personnes concernées, a dénoncé la Coalition des défenseurs des droits de l'homme du Malawi.
Le Malawi accueille près de 70.000 réfugiés et demandeurs d'asile, selon l'agence onusienne pour les réfugiés (HCR). La plupart vivent à Dzaleka, camp de réfugiés créé en 1994 pour en accueillir environ 12.000, mais qui en compte plus de 56.000 selon le HCR.
- Eric Manirakiza