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Golf: les enfants pauvres goûtent au "sport de riches" en Côte d'Ivoire


Barack Obama au Farm Neck Golf Club sur l'île de Martha's Vineyard, le 14 août 2015.
Barack Obama au Farm Neck Golf Club sur l'île de Martha's Vineyard, le 14 août 2015.

Le golf, un sport de riches? Un projet ivoirien vise à scolariser 1.000 enfants défavorisés en passant par le prestigieux Président Golf club de Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d'Ivoire, habituellement réservé à une élite.

Sur le parcours, Jessica, 10 ans, élève à l'école primaire habillée d'un simple tricot et d'un collant noir, réalise son premier swing. "J'aime le golf et mon rêve est de devenir une golfeuse internationale et de travailler à la banque mondiale", assure la fillette.

Issue du quartier précaire de Dioulabougou à Yamoussoukro, elle fait partie des 120 enfants de la première "promotion" de sport-études golf sélectionnés par la Golf académie team STL dans le cadre de ce projet intitulé "Golf pour tous".

Une bande joyeuse foule gaiement pour la première fois une pelouse de golf. Ces fils de paysans, de forgerons ou de tisserands ont été sélectionnés lors d'une campagne de détection à Korhogo, la région la plus déshéritée du pays, ou lors d'une campagne d'initiation dans les quartiers défavorisés de Yamoussoukro et à l'orphelinat SOS Village.

La plupart sont dépaysés par le cadre: créé par le premier président ivoirien Félix Houphoüet Boigny, le parcours de 18 trous, dessiné par le golfeur et architecte gallois de terrains de golf Thomas Dave, s'étend sur 90 hectares au milieu d'une végétation luxuriante ornée de grands arbres centenaires.

'Sortir les enfants de la pauvreté'

"L'idée est de sortir les enfants de la pauvreté à travers le golf et de donner une chance à tous les enfants de Côte d'Ivoire, quel que soit leur rang social", explique Jean-Claude N'Da, éducateur de golf et collaborateur au projet.

Le projet a bénéficié du soutien inestimable d'un partenaire suédois Henrik Lundqvist, entraîneur de golf de renom.

Lundqvist a offert 20 tonnes d'équipements aux enfants ivoiriens, qu'il a recueillis en parcourant 3.000 kilomètres en Suède pendant quatre mois à bord de son camion.

"Nous allons former parallèlement de jeunes Ivoiriens afin que ces derniers puissent vulgariser le golf", a expliqué le Suédois, à l'image de son pays qui compte "500.000 joueurs sur une population de dix millions" d'habitants.

"Il n'y a pas de raison que la Côte d'Ivoire exporte des footballeurs comme Didier Drogba et qu'on ne le fasse pas pour d'autres disciplines", a dit à l'AFP le Belge Francis Hollogne, directeur de l'académie et responsable de l'association francophone de golf (AFG).

Pour lui, ce sport permet aussi d'acquérir un réseau de relations qui pourraient bénéficier aux enfants et leur donner accès à des opportunités de travail et de réussite.

Gary Player et Richard Nixon

Les activités de l'académie marquent la "renaissance" du golf en Côte d'Ivoire, un sport autrefois dynamique qui était en train de sombrer.

Le premier président et père de la nation ivoirienne (1960-1993) Félix Houphouët Boigny voyait en effet "grand" pour son village natal Yamoussoukro, dont il a fait la capitale politique officielle, la dotant d'écoles nationales, de larges avenues, d'un grand hôtel, d'un centre de convention et d'une célèbre basilique, sorte de réplique en plus grand de Saint-Pierre de Rome.

"M. Houphouët-Boigny voulait faire de Yamoussoukro un attrait touristique et, à travers le golf, vendre comme produit le plaisir de jouer au golf au soleil en fuyant l'hiver en Europe", commente un expert en tourisme, Tom Aboudramane Coulibaly.

Fort de ces installations, le pays a autrefois organisé un open de Côte d'Ivoire (de 1980 à 1991), qui était doté d'un prix Félix Houphouët-Boigny.

Mais la Côte d'Ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire qui a laissé de nombreux secteurs sinistrés, dont ont pâti les activités sportives et touristiques, et notamment le golf, souligne l'expert en tourisme.

Le projet de Golf académie est ainsi "une chance" pour les enfants, celle "d'aller à l'école et d'apprendre un sport", souligne le Sud-africain Dennis Marc Bristow, patron de Randgold Resources, une compagnie minière sponsor du projet. "Le futur de l'Afrique se trouve dans l'éducation des enfants".

Avec AFP

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