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Gabon: vendredi de tous les dangers dans l'attente du verdict de la Cour


Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise, le 26 février 2013.
Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise, le 26 février 2013.

Le Gabon s'est réveillé vendredi avec la peur de nouvelles violences et dans l'incertitude la plus totale alors que la Cour constitutionnelle doit trancher le contentieux électoral entre le président sortant Ali Bongo Ondimba et son rival Jean Ping.

Aux abois depuis des semaines, les Gabonais ne savent même pas si la Cour rendra sa décision vendredi, dans les délais prévus par la Constitution, soit quinze jours après le recours de Jean Ping contre la réélection d'Ali Bongo.

La présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, a laissé elle-même planer le suspense jeudi en fin de soirée à l'issue d'une séance publique, où les avocats de MM. Bongo et Ping ont procédé à une dernière passe d'armes.

"L'affaire est mise en délibéré. En principe, la décision pourrait être rendue à l'audience du 23 septembre, mais je demande au greffier de communiquer la date exacte, l'heure exacte aux conseils des deux partis", a déclaré la femme qui tient entre ses mains l'avenir de ce petit pays (1,8 million d'habitants) aux grandes richesses naturelles (pétrole, bois, manganèse, mines...).

Saisie par Jean Ping, la Cour peut soit valider l'élection d'Ali Bongo, soit annuler l'élection présidentielle à un tour du 27 août, soit donner gain de cause au requérant qui se proclame le "président élu".

Rangée derrière Jean Ping, ex-enfant chéri du régime de feu le président Omar Bongo, une partie des 628.000 électeurs veut mettre un terme au règne de la même famille au pouvoir depuis 1967.

"Ali doit partir", scandent les opposants à l'intention d'Ali Bongo, 57 ans, élu une première fois en 2009 à la mort de son père, resté au pouvoir 41 ans.

Dans les rues de Libreville, la tension est déjà palpable. A quelques centaines de mètres de l'imposant siège de la Cour, la Garde républicaine avait coupé jeudi en fin d'après-midi la circulation sur le front de mer devant le palais présidentiel.

Forces de sécurité en position

Vendredi matin, la circulation était rétablie mais des forces de sécurité étaient en position dans plusieurs carrefours de la capitale.

L'exécutif redoute de nouvelles violences à l'annonce de la décision de la Cour, surtout si elle confirmait la victoire d'Ali Bongo.

"Dès la proclamation des résultats, il vous est demandé d'éviter tout déplacement jusqu'à nouvel ordre", a indiqué l'ambassade de France sur son site, dans un message à la communauté française

Des ministres ont déjà prévenu Jean Ping, 73 ans, qu'il pourrait être arrêté s'il franchissait "la ligne rouge" dans l'hypothèse où il n'obtiendrait pas gain de cause en justice.

Le 31 août, la proclamation de la réélection du président sortant avait provoqué des manifestations, des émeutes, des morts, des pillages, des assauts policiers et des arrestations par centaines dans un pays habitué à la paix civile.

Dans la capitale économique Port-Gentil, touchée par des violences post-électorales cette année et en 2009, le syndicat des salariés du pétrole (Onep) a demandé aux employeurs (Total, Shell...) la possibilité de "rester à la maison, auprès des familles" à partir jeudi.

En prévision de ce week-end de tous les dangers, les Gabonais ont pris d'assaut dès jeudi boulangeries et supérettes pour stocker des provisions, comme il y a trois semaines.

'Ça dure trop'

Vendredi matin, les derniers retardataires se pressaient dans les commerces encore ouverts. Entre énervement et fatalisme, certains ne cachaient pas leur lassitude. "Ça gave déjà. Ça dure trop. On attend les résultats, une bonne fois", commentait Fété, commerçante. "Pourquoi ils font traîner, traîner, traîner...", s'interrogeait une cliente.

L'heure est cependant encore au droit. Face aux neuf juges constitutionnels, le conseil de Jean Ping, Jean-Rémy Bantsantsa, a plaidé jeudi soir pour le recomptage des voix dans le province du Haut-Ogooué, bureau par bureau, en présence d'experts internationaux.

Dans la province du Haut-Ogooué, fief familial de la famille Bongo, le président sortant a officiellement obtenu 95% des voix pour 99% de participation, lui garantissant à l'échelle du pays une avance de quelque 5.000 voix sur Jean Ping, sur un peu plus de 325.000 électeurs, selon les résultats de la commission électorale qui ont mis le feu aux poudres le 31 août.

Avec AFP

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