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Génocide au Rwanda: L'association Survie dénonce les "complicités françaises"


L'ancien président français François Mitterrand, en exercice au moment du génocide au Rwanda, à Paris, France, 11 juillet 1994.
L'ancien président français François Mitterrand, en exercice au moment du génocide au Rwanda, à Paris, France, 11 juillet 1994.

L'association Survie a lancé jeudi à Paris une campagne intitulée "25 ans d'impunité", qui vise à dénoncer "les complicités françaises", selon elle, dans le génocide au Rwanda de 1994.

Survie, qui affirme lutter contre "toutes les formes d'intervention néocoloniale en Afrique", publie vendredi un rapport intitulé "Déni et non-dits: 25 ans de mensonges et de silences complices sur la France et le génocide des Tutsis du Rwanda".

"Il est temps que les plus hautes autorités de l'Etat (français) reconnaissent (...) les soutiens diplomatiques, militaires et économiques apportés aux extrémistes hutus avant et pendant le génocide par les autorités civiles et militaires françaises", martèle l'association.

Les zones d'ombres sur le rôle de la France avant, pendant et après ce génocide en 1994 au Rwanda - qui fit au moins 800.000 morts en cent jours selon l'ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi - restent une source récurrente de polémique.

Plusieurs fois promise, l'ouverture des archives françaises sur cette période reste parcellaire, entretenant le soupçon sur l'attitude des autorités de l'époque.

Le président Emmanuel Macron doit dévoiler vendredi, à quelques jours du 25e anniversaire du déclenchement du génocide (perpétré par le régime extrémiste hutu entre le 7 avril et début juillet 1994), la composition d'un "groupe de chercheurs" chargé d'examiner les archives qui pourront l'être.

Dans son rapport, Survie réclame notamment la "déclassification et l'accès au public de tous les documents officiels concernant cette politique, y compris les archives de l'Elysée et les archives militaires".

Elle préconise également de "faire cesser l'imupunité dont jouissent les militaires français au cours des opérations militaires extérieures", de "supprimer le commandement des opérations spéciales (COS)", qualifié de "force discrétionnaire sous commandement de l'Elysée" et "qui a eu un rôle essentiel au Rwanda", accuse l'association.

Jeudi matin, des membres de Survie, dont deux déguisés en facteurs, ont en outre déposé à Paris dans le hall du cabinet de conseil d'Hubert Védrine (l'ancien secrétaire général de la présidence française au moment du génocide) une fausse caisse d'armes, avant d'en être refoulés, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Hubert Védrine a reconnu que la France avait livré des armes à l'armée rwandaise et aux extrémistes hutus après le début du génocide; c'est vraiment un acte que Survie dénonce, et donc pour interpeller Hubert Védrine, on fait semblant de lui ramener une fausse caisse d'armes pour symboliser les dernières livraisons d'armes françaises", a déclaré sur place à l'AFP le chercheur François Graner.

Survie prévoit de poursuivre sa campagne "jusqu'à cet été", avec notamment "un focus sur le rôle de l'opération" militaire à but humanitaire française Turquoise, (23 juin-21 août 1994).

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