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France : prison ferme pour des migrants à la veille d'un ultimatum d'évacuation de la Jungle


La "Jungle" de Calais, France (Nicolas Pinault/VOA)
La "Jungle" de Calais, France (Nicolas Pinault/VOA)

Six migrants ont été condamnés lundi en France à un mois de prison ferme pour avoir tenté de forcer le passage vers l'Angleterre, à la veille d'un ultimatum fixé aux résidents de la "Jungle" de Calais pour évacuer la partie sud de ce vaste bidonville.

Venus du Soudan, de Syrie, d'Erythrée... quelque 4.000 réfugiés ont échoué dans cet immense campement aux conditions extrêmement précaires, où ils rêvent d'un passage vers la Grande-Bretagne toute proche.

Lundi, six d'entre eux ont été condamnés à une peine d'un an de prison ferme pour s'être introduits sur un ferry dans le port de Calais le 23 janvier, à l'issue d'une manifestation demandant l'ouverture de la frontière avec le Royaume-Uni. Deux Français, qui les accompagnaient, se sont vus infliger 300 euros d'amendes.

Face à cette intrusion inédite dans le port de Calais, poumon économique de la zone, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait promis "la totale fermeté de l'Etat".

Autre signe de raidissement du gouvernement: après avoir déplacé fin janvier environ 600 migrants installés à proximité de la rocade portuaire et d'habitations, les autorités souhaitent désormais vider la zone sud du bidonville.

Elles ont donc lancé un ultimatum aux occupants de la moitié sud de la "Jungle" : ils doivent quitter leurs abris d'ici à mardi 19H00 GMT, faute de quoi les forces de l'ordre interviendront.

Préfecture et associations humanitaires divergeaient lundi sur le nombre de personnes concernées : "3.450 personnes dont 300 mineurs isolés", selon l'organisation britannique Help Refugees contre "800 à 1.000" selon les autorités.

Pour se reloger, les migrants ont le choix entre un Centre d'accueil provisoire ouvert en janvier dans la partie nord du camp, et composé de bungalows, ou différents centres d'accueil ailleurs en France.

Des maraudes sociales ont tourné lundi sur la zone concernée pour convaincre les migrants de rallier ces camps, mais aucun habitant ne semblait prêt à déménager. "Partir pour aller où ? Nous allons rester ici c'est sûr", a déclaré à l'AFP Smaïn, un Soudanais de 28 ans.

- 'Qu'ils viennent!' -

"On ne veut pas quitter Calais car on ne veut pas s'éloigner de l'Angleterre, qui reste notre objectif", a ajouté John, un autre Soudanais de 28 ans, installé dans la Jungle depuis six mois.

Et le recours "si nécessaire" à la force publique est loin de les effrayer. "Qu'ils viennent ! Qu'est-ce qu'ils vont faire ?", lance son ami, Abdou.

Le ministre Bernard Cazeneuve a toutefois assuré lundi que les autorités agiraient "de façon progressive et en privilégiant à chaque instant le dialogue, la persuasion et l'information des migrants".

"Cette opération se fera dans le respect des personnes", a-t-il ajouté, en évoquant une opération de "mise à l'abri" de migrants.

Car les tensions se sont exacerbées ces dernières semaines à Calais et dans sa région, avec des manifestations de soutien ou d'hostilité aux migrants et une recrudescence des agressions à leur encontre.

Les occupants de la "Jungle" ont reçu dimanche le soutien de l'acteur Jude Law et d'autres personnalités britanniques, venus à Calais pour alerter l'opinion britannique sur le sort des mineurs isolés.

"J'ai rencontré des gens extraordinaires, et il m'a semblé important de montrer que c'était des êtres humains, a déclaré l'acteur à l'AFP. J'ai été particulièrement ému par des centaines d'enfants, mineurs, seuls qui ne devraient pas être là et qui ont besoin qu'on s'occupe d'eux".

Quelque 260 organisations et personnalités, dont l'humoriste français Guy Bedos et la créatrice Agnès B., ont également demandé l'annulation de l'arrêté d'expulsion des migrants dans une tribune parue lundi dans le quotidien Le Monde

De leur côté, plusieurs migrants ont saisi en urgence le tribunal administratif de Lille (nord) "pour faire suspendre la décision" de la préfecture au nom de la violation des droits fondamentaux, a affirmé à l'AFP leur avocate Julie Bonnier.

Le tribunal devrait se prononcer mardi.

Avec AFP

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