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Le recours de Tariq Ramadan contre sa détention examiné jeudi


Tariq Ramadan, New York, le 8 avril 2010.
Tariq Ramadan, New York, le 8 avril 2010.

La cour d'appel de Paris se prononce sur une remise en liberté de Tariq Ramadan, après avoir ordonné une expertise médicale qui a jugé l'état de santé de l'islamologue suisse compatible avec sa détention provisoire.

L'intellectuel, qui conteste les accusations portées par deux femmes en France contre lui, est écroué à la prison de Fleury-Mérogis, dans la banlieue parisienne. La semaine dernière, la justice avait suspendu sa décision à cette expertise.

Sa détention a suscité un vif émoi parmi ses partisans dans une partie des rangs musulmans, certains dénonçant l'impression d'un "deux poids, deux mesures" voire d'un "complot" contre une des rares figures médiatiques de l'islam européen.

>> Lire aussi : Tariq Ramadan reste en prison en attendant une expertise médicale

M. Ramadan, 55 ans, a été inculpé le 2 février pour viols, dont l'un sur personne vulnérable, après les plaintes de deux femmes fin octobre qui ont débouché sur une information judiciaire confiée à trois juges d'instruction.

Toutes deux ont confié aux enquêteurs l'"emprise mentale" qu'exerçait sur elles ce "maître spirituel". Elles ont décrit des rendez-vous ayant soudainement basculé dans des rapports sexuels d'une grande violence sous la contrainte, dans des hôtels en marge des conférences à succès de l'islamologue, le 9 octobre 2009 à Lyon et en mars-avril 2012 à Paris.

La justice a ordonné son placement en détention provisoire car elle craint une fuite à l'étranger ou d'éventuelles pressions sur les plaignantes ou d'autres femmes ayant témoigné sous X -- un dispositif destiné à protéger le témoin -- lors de l'enquête préliminaire.

Des sources proches du dossier ont expliqué à l'AFP que l'expertise médicale demandée par la justice établissait que l'état de santé de M. Ramadan était compatible avec sa détention. L'islamologue dit souffrir de deux maladies: une sclérose en plaques et une neuropathie, une affection de plusieurs nerfs moteurs et sensitifs.

L'expert médical estime aussi que ces pathologies ne peuvent s'aggraver brutalement.

Dans un mémoire transmis à la chambre de l'instruction, la défense de M. Ramadan critique un examen effectué "sommairement" jeudi dernier et fait valoir que le médecin ne disposait pas du dossier médical de M. Ramadan.

Ce dernier avait été hospitalisé le lendemain de cet examen durant quatre jours après avoir vu son état de santé se dégrader, selon son entourage.

Dans leur mémoire, les avocats proposent également diverses garanties pour obtenir la remise en liberté de Tariq Ramadan: la remise de son passeport suisse, le versement d'une caution de 50.000 euros et une obligation de pointer chaque jour au commissariat.

Les conseils dénoncent par ailleurs ce qu'ils considèrent être des incohérences dans les récits des plaignantes ainsi que l'absence d'investigations sur des éléments présentés comme étant à décharge.

Ils ont déjà réclamé un dépaysement de la procédure, en raison de ce qu'ils estiment être des dysfonctionnements au détriment de leur client.

Ils avaient riposté une première fois en novembre, en déposant une plainte contre X pour subornation de témoin, en visant l'essayiste Caroline Fourest qui combat l'islamologue depuis plusieurs années dans les médias.

La polémiste, qui a reconnu avoir été en contact avec les deux accusatrices après le dépôt de leur plainte afin de "se soutenir", a annoncé le week-end dernier qu'elle allait porter plainte pour dénonciation calomnieuse.

Avant de se rendre à la convocation de la police française le 31 janvier, M. Ramadan n'avait pris publiquement la parole qu'à deux reprises sur cette affaire: sur Facebook, fin octobre, pour dénoncer une "campagne de calomnie" enclenchée par ses "ennemis de toujours", et sur Twitter, début novembre, pour démentir des accusations d'abus sexuels sur mineures publiées par le journal La Tribune de Genève.

Lors d'une rare prise de parole publique provenant de responsables musulmans depuis le début de l'affaire, le recteur de la Grande mosquée de Lyon et son homologue de Villeurbanne, dans l'est de la France, ont réclamé mercredi la "libération immédiate" de M. Radaman, petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans.

Avec AFP

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