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France:l'exécutif face au vertige de la foire aux revendications


Des manifestants sur une autoroute située près d'Aix-en-Provence, dans le sud-est de la France, le mardi 4 décembre 2018. (AP Photo / Claude Paris)
Des manifestants sur une autoroute située près d'Aix-en-Provence, dans le sud-est de la France, le mardi 4 décembre 2018. (AP Photo / Claude Paris)

La volte-face sur la taxation des carburants fait chanceler le cap des réformes tenu par Emmanuel Macron depuis 18 mois, ouvrant la porte aux revendications les plus diverses sur fond de communication confuse du gouvernement.

Le président français et son gouvernement espèrent que les concessions faites mardi aux "Gilets jaunes" permettront de dissiper un peu de leur colère et d'éviter une nouvelle effusion de violence après les heurts de samedi à Paris.

Incapable d'éteindre l'incendie avec des aides décidées en urgence mi-novembre, l'exécutif a cette fois couplé ses annonces à la promesse d'un dialogue protéiforme - sur la transition écologique, mais également sur la fiscalité.

Dès le lendemain de l'annonce des nouveaux gestes fiscaux, le porte-parole du gouvernement a ouvert une brèche dans un des socles du "macronisme" - un discours clair sur la fiscalité du capital - en évoquant une possible révision de la réforme de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Le rétablissement de cet impôt, qualifié par le camp d'Emmanuel Macron d'accélérateur d'expatriation des contribuables les plus riches, n'est pas à l'ordre du jour, a insisté Benjamin Griveaux, mais l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui lui a succédé pourrait être modifié.

"Si quelque chose ne marche pas, on n'est pas idiots, on va le changer", a-t-il déclaré sur RTL.

La secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a vu dans ces déclarations l'officialisation de sa propre opinion sur la nécessité de rétablir l'ISF, avant d'être contredite par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.

La transformation de l'ISF en IFI au bénéfice des détenteurs d'importants patrimoines financiers est dénoncée depuis le début du quinquennat par la gauche et le Rassemblement national (ex-FN) mais est également critiquée par certains députés de la majorité.

VERS DE NOUVELLES MESURES ?

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a souhaité mardi "ouvrir un large débat sur les impôts et les dépenses publiques". "Notre système fiscal est terriblement complexe et il est souvent critiqué parce qu'il serait injuste. Discutons des modifications qu'il faut lui apporter", a-t-il ajouté.

Des "Gilets jaunes" ont fait savoir que les annonces de mardi ne suffiraient pas à éteindre la colère et ont remis sur la table la question des injustices fiscales.

Reçus vendredi par le Premier ministre, les dirigeants syndicaux, y compris les plus modérés, ont eux aussi insisté sur ce point.

Dans un entretien publié mercredi dans La Croix, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, juge nécessaire "une contribution plus forte des hauts revenus à la solidarité nationale".

La ministre de la Justice a expliqué mercredi qu'à l'issue des débats à venir des mesures fiscales complémentaires pourraient être prises qui aient "un effet de solidarité renforcée".

Le recul de l'exécutif face aux "Gilets jaunes" permet également aux syndicats d'aborder la négociation sur l'assurance chômage dans une position plus forte qu'auparavant, alors qu'ils avaient été contraints de l'ouvrir à contre-coeur.

L'annulation de la présentation ce mercredi en conseil des ministres de l'ordonnance relevant le seuil de revente à perte, une mesure de la loi sur l'alimentation qui se traduira par une hausse des prix des produits pour les consommateurs, a jeté le trouble parmi les professionnels qui craignent de faire les frais des revendications sur le pouvoir d'achat.

Des syndicats du transport routier se sont quant à eux engouffrés dans la brèche en annonçant une grève dimanche pour réclamer d'autres mesures pour le pouvoir d'achat et défendre la rémunération des heures supplémentaires.

Mercredi, Emmanuel Macron a demandé aux forces politiques, syndicales et au patronat de lancer un appel au calme à l'approche d'une nouvelle mobilisation des "Gilets jaunes" samedi à Paris.

Les leaders syndicaux des cinq organisations représentatives du privé se rencontreront jeudi, a-t-on appris mercredi de la CFDT.

Avec Reuters

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