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Flambée de violence au Nicaragua: 14 morts dans des affrontements dans le sud-ouest


Des manifestants antigouvernementaux forment une «chaîne humaine» à Managua, au Nicaragua, le 4 juillet 2018.
Des manifestants antigouvernementaux forment une «chaîne humaine» à Managua, au Nicaragua, le 4 juillet 2018.

Au moins 14 personnes - civils et forces de l'ordre - ont été tuées dimanche dans le sud-ouest du Nicaragua lors d'affrontements entre des forces gouvernementales et des opposants au président Daniel Ortega, alors que le pays est secoué par une vague de contestation pour exiger le départ du président, qui a exclu des élections anticipées.

Les forces gouvernementales, notamment des forces anti-émeutes et des paramilitaires, ont mené une incursion dans deux villes du département de Carazo, Diriamba et Jinotepe, pour démanteler des barrages érigés par des opposants.

"Ca a été une horreur. Il y a au moins 14 morts, mais cela pourrait être plus. Ce nombre inclut au moins un membre des forces anti-émeutes, un paramilitaire et deux policiers", a déclaré à l'AFP Vilma Nunez, présidente du Centre nicaraguayen des droits de l'Homme (Cenidh).

Des hommes en tenue civile, avec des capuches noires et fortement armés, sont entrés avec la police à 6 heures du matin dans ces deux localités du département de Carazo, où ils ont détruit des barricades, au milieu de tirs nourris, ont indiqué des témoins et des associations de défense des droits de l'homme.

"Cela ressemblait à une armée d'occupation. Ils ont balayé toutes les barricades. Il y a d'autres morts dont nous ne pouvons confirmer l'identité. Il y a un grand nombre de prisonniers et de blessés. Un désastre", a ajouté Vilma Nunez.

Des pelles mécaniques ont été utilisées pour démanteler les barrages et ouvrir la route à quelque 350 camions, bloqués depuis plus d'un mois à Jinotepe, à une quarantaine de kilomètres de Managua.

Les forces gouvernementales ont encerclé une basilique à Diriamba "pour empêcher l'ouverture des portes aux blessés", a rapporté Vivian Zúñiga, représentante du Cenidh dans le département de Carazo.

"La situation est grave", a déclaré le secrétaire de l'Association nicaraguayenne pour les droits de l'Homme (ANPDH), Alvaro Leiva, dénonçant une "répression disproportionnée" de la part des forces pro-Ortega.

La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), qui enquête depuis début juillet sur les violences au Nicaragua dans le cadre d'un mandat de six mois, a exhorté les autorités à démanteler "les appareils répressifs pro-gouvernementaux" qui opèrent dans le pays.

"La situation reste critique (...), très grave à la lumière de la violation des droits de l'homme, et requiert une attention toute particulière de la part de la communauté internationale", a déclaré le secrétaire exécutif de la CIDH, Pablo Abräo, à la chaîne d'information 100% Noticias.

- "L'Histoire les jugera" -

Déclenchée le 18 avril par une réforme de la sécurité sociale, vite abandonnée, la vague de protestation au Nicaragua - qui a déjà fait plus de 240 morts et près de 2.000 blessés - cible le chef de l'Etat et son épouse Rosario Murillo, accusés de confisquer le pouvoir et de brider les libertés.

Comme l'opposition, l'Eglise catholique du Nicaragua - médiatrice du dialogue avec le pouvoir - a appelé le président Ortega, 72 ans, à organiser des élections générales anticipées en mars 2019 au lieu de fin 2021, date de la fin de son mandat.

Mais l'ex-guérillero sandiniste, au pouvoir depuis 2007 après l'avoir déjà été de 1979 à 1990, a exclu samedi d'avancer la date des élections, qualifiant publiquement ses opposants de "groupe de putschistes" lors d'un rassemblement de ses partisans à Managua.

"La Conférence épiscopale va sérieusement réévaluer la poursuite" de sa médiation, a déclaré dimanche l'évêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio Baez, dans son homélie.

"Nous ne pouvons pas continuer à nous asseoir avec les représentants d'un gouvernement qui ment, qui n'accepte pas sa responsabilité et continue à attaquer et massacrer la population", a dit Mgr Baez.

Le prélat a averti que l'Eglise continuerait à parier sur le dialogue, mais "s'il se rompt", ce sera en raison de "la dureté du coeur, la fierté, l'ambition du pouvoir de ceux qui détiennent l'autorité politique au Nicaragua".

"Ils seront responsables, si le dialogue se rompt, de ne pas avoir voulu une sortie pacifique de cette crise nationale qu'ils ont eux-même provoquée et l'Histoire les jugera intransigeants, menteurs et arrogants", a-t-il déclaré.

L'opposition nicaraguayenne a annoncé une grève générale de 24 heures pour le 13 juillet, précédée d'une manifestation jeudi, pour réclamer le départ du président Ortega.

Avec AFP

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