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Le Sénat d'Ethiopie autorise le Premier ministre Abiy Ahmed à rester au pouvoir au-delà de son mandat


Le Premier ministre Abiy Ahmed lors de la cérémonie où il a reçu le prix Nobel en 2019. (Photo Reuters)
Le Premier ministre Abiy Ahmed lors de la cérémonie où il a reçu le prix Nobel en 2019. (Photo Reuters)

Les sénateurs éthiopiens ont approuvé mercredi le projet de garder le Premier ministre Abiy Ahmed au pouvoir au-delà de son mandat, à la suite du report des élections prévues en août en raison du coronavirus.

La décision de la chambre haute du Parlement ne devrait pas manquer de susciter la colère des leaders de l'opposition, qui ont accusé M. Abiy d'utiliser l'épidémie pour rester en poste.

"La chambre de la Fédération (équivalent du Sénat) a approuvé la décision d'étendre le terme de toutes les assemblées jusqu'à ce que les institutions sanitaires mondiales considèrent le risque du coronavirus comme inexistant", a rapporté l'agence de presse éthiopienne.

Les élus n'ont pas spécifié à quelle date les élections devraient se tenir.

Mais leur vote a entériné une recommandation du Conseil éthiopien des questions constitutionnelles, qui appelait à ce que ces "élections se tiennent 9 à 12 mois après que le coronavirus ne soit plus considéré comme un enjeu de santé publique".

M. Abiy, nommé Premier ministre en 2018 et lauréat du prix Nobel de la Paix en 2019, souhaite se voir conforter par les urnes pour mener à bien de nouvelles réformes politiques et économiques.

Mais, en mars, la commission électorale éthiopienne avait annoncé que l'épidémie de coronavirus rendait impossible l'organisation du scrutin à temps.

Par conséquent, les élections ne pourront se tenir avant la fin du mandat des députés, qui expire début octobre, débouchant sur une situation délicate pour laquelle la Constitution n'offre pas de marche à suivre claire.

Le Conseil éthiopien des questions constitutionnelles a mené le mois dernier des auditions publiques, qui selon les critiques, n'ont pas suffisamment donné voix à l'opposition.

Certains de ses leaders ont appelé à la formation jusqu'aux élections d'un gouvernement de transition, mais Abiy Ahmed a rejeté lundi cette option lors d'une session de questions-réponses avec les parlementaires.

Dawud Ibsa, président du Front de libération Oromo (opposition), a dit mercredi à l'AFP que le vote de la chambre haute n'avait "aucune base constitutionnelle" et que son parti allait réfléchir aux suites à donner à cette annonce.

Si les principaux partis d'opposition rejettent les recommandations du Conseil éthiopien des questions constitutionnelles, "des manifestations ou des boycotts pourraient devenir une réalité, réduisant ainsi les chances d'un scrutin réussi et performant en 2021", estime William Davison, d'International Crisis Group.

"Cela signifierait plus d'instabilité politique et minerait la transition démocratique", a-t-il dit.

L'Éthiopie a annoncé son premier cas de Covid-19 mi-mars et dénombre actuellement 2.506 cas et 35 décès.

Cependant, plus de la moitié de ces cas ont été enregistrés au cours des 10 derniers jours, et le ministère de la Santé a déclaré la semaine dernière que les cas "augmentaient rapidement en raison d'une transmission au sein des communautés".

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