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En Libye, vols suspendus à Tripoli, cible d'une offensive de Haftar


Attaque de l’Iaéroport de Tripoli par la brigade Misarata, le 26 juillet 2014 (Archives).
Attaque de l’Iaéroport de Tripoli par la brigade Misarata, le 26 juillet 2014 (Archives).

Le seul aéroport fonctionnel de Tripoli a été touché lundi par une frappe aérienne des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar, qui mènent une offensive meurtrière contre la capitale libyenne, une attaque condamnée par l'ONU.

Depuis jeudi, l'homme fort de l'est libyen et son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) mènent l'assaut vers Tripoli, au prix de violents combats avec ses rivaux du Gouvernement d'union nationale (GNA), provoquant des dizaines de morts et déplaçant plus de 3.400 personnes.

L'ANL a revendiqué le raid aérien contre l'aéroport de Mitiga, dans la banlieue est de Tripoli, qui a provoqué la suspension immédiate des vols et l'évacuation de l'aéroport, même si l'attaque n'a pas fait de victimes.

Un journaliste de l'AFP sur place a aperçu un cratère d'un mètre de profondeur à proximité d'une piste d'atterrissage et un vieil hélicoptère militaire endommagé par la frappe.

Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l'ANL, a indiqué lors d'une conférence de presse que l'attaque visait un avion militaire MiG-23 et un hélicoptère.

Avant même que le raid ne soit revendiqué, l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, avait estimé que l'attaque constituait "une violation grave du droit international humanitaire qui interdit les attaques contre des infrastructures civiles".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a "fermement condamné" dans la soirée "l'escalade" de la violence autour de la capitale libyenne et appelé à "un arrêt immédiat" des combats. Il a appelé "toutes les parties à engager immédiatement le dialogue afin de trouver une solution politique".

Le président français Emmanuel Macron a téléphoné lundi au chef du GNA pour lui affirmer son rejet de l'offensive du maréchal Haftar contre Tripoli, selon un communiqué du service de presse de Fayez al-Sarraj. La présidence française a confirmé à l'AFP l'entretien téléphonique sans en livrer le contenu.

Selon le communiqué du GNA, basé à Tripoli, "le président français a affirmé son refus total de l'offensive contre la capitale et la mise en péril de la vie des civils, et (a souligné) la nécessité de stopper cette attaque".

- Chaos -

Malgré le spectre d'une guerre généralisée en Libye, pays pétrolier en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les grandes puissances ont échoué à se mettre d'accord à l'ONU sur une déclaration appelant les forces du maréchal Haftar à cesser son offensive contre la capitale libyenne.

Présentée au Conseil de sécurité dimanche soir, cette déclaration, soutenue entre autres par les Etats-Unis, a été bloquée par la Russie, qui tient à ce que "toutes les parties" soient appelées à la retenue pour éviter "un bain de sang".

Le maréchal Haftar est appuyé politiquement par une autorité basée dans l'est du pays. Outre les régions orientales, ses forces ont étendu leur emprise sur le sud de la Libye et visent désormais l'ouest, où est située Tripoli.

Mais elles font face au GNA, reconnu par la communauté internationale et soutenu notamment par de puissantes milices basées dans l'ouest.

Le GNA a promis dimanche une contre-offensive nommée "Volcan de la colère" pour "nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs" liés à Khalifa Haftar.

- Crimes de guerre -

Lundi, le GNA a dénoncé l'attaque contre l'aéroport de Mitiga, considérée comme "un crime de guerre et un crime contre l'humanité", et il a promis de poursuivre ses auteurs devant la justice.

Selon un bilan du ministère de la santé du GNA, au moins 35 personnes ont été tuées et une quarantaine blessées depuis le lancement de l'offensive du maréchal Haftar jeudi.

Les forces pro-Haftar ont elles fait état samedi de 14 combattants tués.

Après l'habituelle pause nocturne, les combats ont repris lundi matin pour la cinquième journée consécutive au sud de la capitale, selon des journalistes de l'AFP ayant pu accéder près du front.

Des affrontements ont eu lieu dans le périmètre de l'aéroport international, une infrastructure inutilisée depuis sa destruction par des combats en 2014 et située à une trentaine de kilomètres au sud de Tripoli. L'aéroport était contrôlé par des forces pro-GNA lundi en milieu de journée, selon les journalistes de l'AFP.

Des combats ont été signalés également à Wadi Rabi, dans le sud de Tripoli.

Le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) a exprimé sa "préoccupation", appelant les belligérants "à assurer la sécurité de tous les civils" et un accès humanitaire "permanent".

A New York, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a estimé à 3.400 le nombre de personnes déplacées par les combats.

"Des affrontements avec des armes lourdes ont touché des zones résidentielles et un nombre indéterminé de civils ne sont pas en mesure de fuir ces zones", a déclaré M. Dujarric à la presse.

- Commerces ouverts -

Malgré les violences aux portes de la capitale, les Tripolitains ont vaqué lundi à leurs habitudes, dans un quotidien rythmé par les embouteillages et les files d'attente devant les banques ou les stations-service.

Les services de l'administration fonctionnaient, écoles et commerces étaient ouverts.

Dimanche, le ministère de l'Enseignement du GNA a souligné que les cours se poursuivaient "normalement" à Tripoli, sauf dans les zones de combats.

Les violences actuelles interviennent avant une conférence nationale sous l'égide de l'ONU à Ghadamès (sud-ouest) qui est censée dresser une "feuille de route" pour stabiliser le pays, avec la tenue d'élections.

Ghassan Salamé a assuré samedi que cette conférence était maintenue aux dates prévues, du 14 au 16 avril, sauf en cas de "circonstances majeures".

Avec AFP

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