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En Afrique du Sud, des contractuels pour remplacer les employés permanents des mines


En Afrique du Sud, les mineurs sont remplacés par des contractuels
En Afrique du Sud, les mineurs sont remplacés par des contractuels
Le secteur minier sud-africain connait d’énormes difficultés à cause des grèves sauvages de ces dernières semaines. Les compagnies minières font appel aux entreprises de courtage pour trouver des remplaçants aux grévistes, une pratique combattue par les syndicats. Les courtiers, eux, disent qu'ils jouent un rôle essentiel.

Après plusieurs semaines de grèves illégales dans ses mines, l’entreprise Gold Fields, spécialisée dans l’or, a licencié mardi 8.500 travailleurs. Ces derniers espéraient obtenir une amélioration de leurs conditions de vie et une revalorisation de leur salaire, mais se sont heurtés à une dure réalité : des milliers d’autres mineurs sont prêts à les remplacer au pied levé, sans rien exiger.

Les compagnies minières disposent d’une importante réserve de travailleurs qu’elles peuvent engager en un clin d’œil. Elles font alors appel à des courtiers qui envoient des camionnettes recruter les gens en quête d’emploi. Ces derniers font souvent le même travail que les travailleurs permanents, mais sans contrat de travail. L’entreprise paie le courtier, qui paye ensuite ces employés temporaires.

Selon le COSATU, principale centrale syndicale du pays, l’Afrique du Sud compte quelques 980 000 personnes travaillant par l’intermédiaire des courtiers. Selon les leaders syndicaux, 30% de la main d’œuvre sont employés de cette manière et ne bénéficient pas entièrement des protections de la loi.

Ce système laisse la porte ouverte à toutes sortes d’abus, déplore Lesiba Seshoka du Syndicat sud-africain des mineurs. De tels travailleurs acceptent d’importantes réductions de salaire par rapport aux permanents, et sont menacés de licenciement s’ils s’avisent de joindre un syndicat, dit-il. « D’une manière ou d’une autre, ces courtiers asservissent la majorité de la population. Car le courtier vous recrute pour une compagnie. Vous travaillez pour la compagnie, mais vous êtes payé par le courtier », souligne M. Seshoka en expliquant que, si la compagnie paie ses mineurs 4.000 rands chacun, le courtier ne reverse que 2.000 à 2.500 rands au travailleur et empoche la différence.

Basil Skopelitis dirige Ziyabuya, une firme de courtage en travail de Johannesburg. L’année dernière, il a remplacé entre 600 et 800 travailleurs. M. Skopelitis affirme que sa compagnie rend un grand service en plaçant des travailleurs parfois sans grande formation professionnelle dans des emplois dont ils ont désespérément besoin. Toutefois, le patron de Ziyabuya reconnait que des courtiers peu scrupuleux existent.

« Je ne vais pas dire que tous les courtiers en travail sont des anges, parce que je sais de par mon expérience qu’ils ne le sont pas. Mais je pense que si le secteur est correctement règlementé, le gouvernement peut utiliser les courtiers comme moyen d’aider un grand nombre de personnes inemployables dans ce pays, explique-t-il.

Lonmin, le géant minier qui a été secoué par des grèves sauvages au mois d’août, a fait savoir que 11.000 de ses employés sont des contractuels, contre 28.000 permanents. En dépit de l’opposition à cette pratique du courtage, le fort taux de chômage en Afrique du Sud accentue la demande du service des courtiers du travail.
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