Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire éclate


Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et porte-parole adjoint du Parti démocratique de la Côte d'Ivoire (PDCI), parti de l'ancien président Bédié, à Abidjan, le 27 mars 2018.
Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et porte-parole adjoint du Parti démocratique de la Côte d'Ivoire (PDCI), parti de l'ancien président Bédié, à Abidjan, le 27 mars 2018.

Après plusieurs mois de tensions croissantes, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a mis fin à son alliance avec le parti du président Alassane Ouattara, faisant éclater la coalition au pouvoir depuis 2010.

Cette rupture marque une "recomposition du paysage politique ivoirien", selon le politologue Sylvain Nguessan, déjà en pleine effervescence avec l'amnistie et la libération mercredi de Simone Gbagbo et des principaux responsables du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), le troisième grand parti du pays.

C'est par un communiqué signé du président du PDCI Henri Konan Bédié, que la rupture a été officialisée, à deux mois des élections locales, et à deux ans de la présidentielle. Ce communiqué a été diffusé jeudi matin, après une rencontre mercredi soir entre MM. Bédié et Ouattara.

>> Lire aussi : Le PDCI salue une "décrispation politique" suite à l'amnistie de Simone Gbagbo

Le PDCI "se réserve le droit de promouvoir une plate-forme de collaboration avec les Ivoiriens qui partagent sa vision d’une Côte réconciliée et soucieuse des droits, des libertés et du bien-être de ses populations", selon le communiqué.

Les élections locales sont prévues le 13 octobre, la prochaine élection présidentielle en 2020.

>> Lire aussi : Révoqué, le maire du Plateau fustige une "dérive totalitaire" du pouvoir en Côte d'Ivoire

Le PDCI "se retire du processus de mise en place d'un Parti unifié dénommé RHDP" (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) et "présentera des candidats pour les élections municipales et régionales sous (sa) bannière", selon son communiqué.

L'éclatement de la coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire est un "véritable danger pour notre parti" le PDCI, a affirmé jeudi Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre des Ressources animales et halieutiques, animateur d'un mouvement dissident favorable à la coalition RHDP.

"Contre toute attente, nous nous rendons compte que le chef (du PDCI Henri Konan Bédié) a décidé de mettre fin à cet accord politique. C'est un problème pour nous" et un "véritable danger pour notre parti", a déclaré à l'AFP M. Adjoumani.

Il y a trois semaines, la direction du PDCI a exclu du parti M. Adjoumani et une vingtaine de cadres favorables au RHDP. M. Adjoumani a lancé début juillet un mouvement baptisé "Sur les traces du président Félix Houphouët-Boigny", censé fédérer les militants du PDCI favorables au parti unifié.

Mesures de rétorsion

De son côté, Mamadou Touré, porte-parole du RDR, a affirmé que la coalition au pouvoir "ne volait pas en éclats", estimant que le RDR "a joué sa partition, est resté en cohérence avec l'ensemble de ses engagements".

"Nous regrettons que la signature de M. Bédié soit remise en cause aujourd'hui par le PDCI. La volonté de continuer à rassembler tous les Ivoiriens reste intacte, à travers des initiatives qui seront prises", a ajouté M. Touré.

Le parti unifié RHDP, créé par le président Ouattara à la mi-juillet, visait à unir sa propre formation, le Rassemblement des Républicains (RDR) et le PDCI, qui aurait été quasi-imbattable aux prochaines élections.

Mais c'est finalement ce projet d'union qui aura provoqué la rupture de la coalition électorale formée par Le PDCI et le RDR depuis 2005, qui avait permis l'élection de Ouattara à la présidence en 2010 puis sa réélection en 2015.

Pour rejoindre le RHDP, le PDCI exigeait un retour d'ascenseur: que le parti unifié présente un candidat unique issu des rangs du PDCI à la prochaine présidentielle.

Exigence refusée par Alassane Ouattara, qui a en retour multiplié les pressions sur le PDCI, maniant carotte et bâton.

Une dizaine de hauts cadres et d'élus du PDCI qui se sont déclarés publiquement favorables au RHDP ont été récompensés par des portefeuilles de ministre dans le nouveau gouvernement formé début juillet, tandis que les réfractaires ont subi des mesures de rétorsion. Dernier exemple en date: la révocation pour malversations par le gouvernement du maire de la lucrative commune du Plateau, quartier des affaires d' Abidjan, Noël Akossi Bendjo, un cacique du PDCI et proche de Bédié.

Nouvelle alliance ?

"Le RDR, en créant le parti unifié dit RHDP a de facto rompu l'alliance", a commenté pour l'AFP N'Goran Djédri, directeur de l'administration et du personnel du PDCI. "On ne se sent plus désormais concernés par les activités de l'alliance RHDP".

Selon un responsable du PDCI s'exprimant sous couvert d'anonymat, Henri Konan Bédié va maintenant "recevoir individuellement les ministres et présidents d'institution" encartés au PDCI "afin que chacun se détermine sur son appartenance ou non au RHDP".

Conséquence de cette rupture, le PDCI envisage une nouvelle alliance électorale.

Le parti "se réserve le droit de promouvoir une plate-forme de collaboration avec les Ivoiriens qui partagent sa vision d'une Côte réconciliée et soucieuse des droits, des libertés et du bien-être de ses populations", selon son communiqué.

Le FPI pro-Gbagbo n'a pas tardé à réagir à l'annonce du PDCI. "Le FPI n'est pas fermé à un rapprochement avec le PDCI, pour réconcilier les Ivoiriens et reconstruire la démocratie", a déclaré l'un de ses porte-parole, César Etou,

Les élections municipales et régionales sont prévues le 13 octobre, la présidentielle en 2020.

"Une alliance tactique dans les régions est possible" entre le PDCI et le FPI, pour le politologue Sylvain Nguessan.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG