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Division sur la nomination d’un nouveau chef traditionnel du Ouaddaï


Vue de la devanture du palais royal de Dar-Ouaddaï N’Djamena, le 19 août 2019. (VOA Afrique/André Kodmadjingar).
Vue de la devanture du palais royal de Dar-Ouaddaï N’Djamena, le 19 août 2019. (VOA Afrique/André Kodmadjingar).

La nomination d’un nouveau chef traditionnel de Dar-Ouaddaï, une communauté vivant dans l’Est du Tchad, divise la population. Pour la famille du sultan déchu et la société civile, cette nomination est politique et ne respecte pas les normes des chefferies traditionnelles.

Le limogeage de l’ancien sultan Ourada du Dar Ouaddaï est une conséquence de mauvaise gestion des violences meurtrières enregistrées ces derniers temps dans cette province, estiment les autorités de N’Djamena.

Mais le nouveau sultan nommé par décret du chef de l’Etat est contesté par la population.

Division autour de la nomination d’un nouveau chef traditionnel de Dar-Ouaddaï
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Pour la famille royale, l’arbre généalogique conservé au palais et remontant à l'année 1635 ne contient pas le nom de Chérif Abdelhadi Mahd, qui vient d’être nommé. C’est la preuve qu’il n’est pas de la lignée royale, précise la source proche de la famille royale déchue.

"On ne sait pas comment il a monté ses scénarios pour être nommé sultan du Dar-Ouaddaï",a déclaré un notable qui requiert l’anonymat. La famille royale demande au chef de l’Etat d’annuler son décret.

Pour les organisations de la société civile, la dynastie du Oauddaï est une propriété culturelle du Tchad, un bien national qu’il faut protéger.

Maitre Midaye Guerimbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, estime que "s’il y a des conflits entre les gens qui appartiennent à cette dynastie, que cela soit réglé de façon démocratique".

Pour lui, si le gouvernement ne change pas sa manière de gérer ces genres de conflits, il arrivera un jour où l’Etat fera face à un certain nombre de révoltes, et il n’aurait pas les moyens pour les régler de manière pacifique.

Maitre Midaye Guerimbaye invite les pouvoirs publics et toutes les sociétés tchadiennes à revoir ce problème autrement, en privilégiant l’intérêt national.

Le secrétaire général de la Convention tchadienne (CTDH) pour la défense des droits humains, Mahamat Nour Ibédou, estime, pour sa part, que la chefferie traditionnelle est devenue un outil de gouvernance pour le pouvoir actuel.

Or, c’est une "arme très dangereuse" parce qu’elle "incarne le plus souvent le principe de replis identitaire", explique-t-il..

Toujours selon le secrétaire général de la CTDH, l’ordonnance 4 et la loi 13 sont claires: "en cas de démission, de révocation et de décès, c’est la famille royale qui se réunit pour désigner quelqu’un sur procès-verbal et l’administration est obligée d’entériner par un acte administratif".

Pour lui, il y a donc une volonté de l’administration de vouloir diviser la communauté.

Le président Déby, en déplacement le week-end dernier dans les provinces du Sila et du Ouaddaï, deux provinces en proie à la violence intercommunautaire, a instauré verbalement l’état d’urgence pour une durée de 3 mois renouvelable.

Il a ordonné aussi la saisie systématique de toutes les motos dans la zone durant cette période. Les propriétaires vont récupérer leurs engins après 3 mois, si la situation redevient normale, a-t-il assuré.

Selon Maître Midaye Guerimbaye, le président semble avoir outrepassé ses prérogatives et verse dans une gestion empirique de la République.

Tout en rappelant la rétroactivité de la loi qui ne devrait pas frapper ceux qui ont acquis légalement leurs engins, le président de la LTDH qualifie la décision de confisquer toutes les motos dans la zone "d’escroquerie d’Etat".

Idriss Déby Itno, président du Tchad, a également instruit son ministre de la Défense et celui de l’administration du territoire de mettre de l’ordre en renforçant l’effectif des militaires dans les deux provinces et de fermer la frontière entre le Dar-Sila et le Soudan. "Les belligérants me trouveraient sur leur chemin", a averti le président Déby.

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