Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Dispersés, les ADF massacrent désormais par petits groupes mobiles


Des soldats se tiennent dans un camp de terrain des FARDC à Paida près de Beni, dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, le 7 décembre 2018.
Des soldats se tiennent dans un camp de terrain des FARDC à Paida près de Beni, dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, le 7 décembre 2018.

Des combattants du groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) ont massacré au moins 25 civils à Beni, région meurtrie dans l'est de la République démocratique du Congo où ils opèrent désormais par petits groupes mobiles, mettant en mal les dispositifs de l'armée congolaise.

"Hier (jeudi), on a constaté le passage de l'ennemi ADF. C'est en les poursuivant que l'armée a retrouvé au moins 25 corps de civils tués, surpris dans leurs champs le jour du réveillon de nouvel an", a déclaré vendredi à l'AFP Donat Kibuana, administrateur du territoire de Beni.

"Des gens se sont rendus dans leurs champs pour préparer le réveillon de nouvel an, les ADF les ont récupérés l'un après l'autre. Le bilan est d'au moins trente morts", a de son côté déclaré Bravo Mohindo Vukulu, un responsable des organisations de la société civile de Tingwe, lieu du massacre situé à 8 km d'Eringeti-centre dans la province du Nord-Kivu.

"On avait alerté nos forces [de sécurité] qu'il y a eu passage des ADF de l'est vers le nord-est d'Eringeti. Elles n'ont pas réagi rapidement", a déploré M. Mohindo Vukulu.

Les ADF sont des rebelles musulmans d'origine ougandaise installés dans l'Est de la RDC depuis 1995. Ils n'attaquent plus l'Ouganda voisin depuis des années, vivant de trafics dans la forêt dense autour de Beni.

Ce groupe armé est le plus meurtrier (plus de 800 morts en un an) parmi les dizaines qui sont encore en activité dans les deux provinces du Kivu, malgré les opérations militaires.

Dans un rapport adressé le 23 décembre au Conseil de sécurité des Nations unies, un groupe d'experts missionnés par cette instance indique que "les opérations des Forces armées de la RDC (FARDC) ont conduit à la dispersion" des ADF "en plusieurs groupes mobiles et à l’extension de leur zone d’opérations".

Engins explosifs improvisés

Le 30 octobre 2019, l'armée congolaise avait lancé des opérations "d'envergure" contre des fiefs des ADF d'où ils ont été délogés. Cinq de leurs principaux chefs avaient été "neutralisés", selon l'armée.

Mais, le nombre des civils tués par des groupes armés a explosé durant le premier semestre 2020, selon un rapport du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (BCNUDH) qui affirme avoir recensé 1.315 morts contre 416 à la même période en 2019.

Après les opérations militaires, "les chaînes d’approvisionnement(des ADF) étaient perturbées", d'après le rapport des experts onusiens.

Cependant, "les ADF ont continué d’attaquer les FARDC et les populations civiles, en faisant preuve d’une meilleure connaissance des techniques de fabrication des engins explosifs improvisés", indique ce document.

Depuis avril 2019, plusieurs de leurs attaques ont été revendiquées par "l'État islamique - Afrique centrale", avec parfois des erreurs factuelles.

"Bien que l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) ait revendiqué de nombreuses attaques commises dans le territoire de Beni, le groupe d’experts n’a pu établir aucun lien direct entre l’EIIL et les ADF", concluent ces experts.

Depuis fin novembre, les attaques des ADF se déplacent de l'extrême nord (région de Oicha-Mbau-Beni) vers le sud-est dans la zone de Rwenzori à Mutwanga, qui abrite le parc des Virunga, joyau naturel, touristique et menacé.

La dernière attaque dans cette zone remonte à la nuit de mardi à mercredi lorsqu’au moins quatre personnes, trois civils et un militaire, ont été tués par des ADF.

XS
SM
MD
LG