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Difficile intégration pour les Camerounais déplacés internes


Les déplacés internes de la crise anglophone lors d’une cérémonie de remise de dons à Yaoundé, le 31 août 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Les déplacés internes de la crise anglophone lors d’une cérémonie de remise de dons à Yaoundé, le 31 août 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Après 4 ans de crise anglophone, et 6 ans d’exactions de Boko Haram contre les populations civiles, les déplacés internes peinent à acquérir des espaces vitaux pour mener leurs activités dans les villes d'accueil.

La solution pérenne à ce problème, d'après la société civile, est de leur faciliter l’accès à la terre. Plus de 700.000 Camerounais des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont fui leurs localités d’origine depuis le déclenchement de la crise anglophone et sont installés dans la partie occidentale du Cameroun, limitrophe à la région du Nord-Ouest.

Selon Pelerine Tchatat, avocate et présidente de l’association Avocats sans frontières et humanitaires du Cameroun (Asfh-Cam), ces déplacés internes ne sont pas pleinement intégrés dans les villes et villages d’accueil pour mener leurs activités de production d’antan.

"Nous avons pour objectif de sensibiliser les populations locales et les autorités administratives et gouvernementales afin qu’elles intègrent ces déplacés internes en leur permettant d'avoir des terres avec le titre foncier", explique l’avocate.

A droite, l’avocate Pelerine Tchatat, présidente de l’association Avocats sans frontières et humanitaires du Cameroun bénéficiaire du programme de petites subventions pour améliorer la gouvernance foncière locale, au Cameroun, le 2 novembre 2020. (VOA/
A droite, l’avocate Pelerine Tchatat, présidente de l’association Avocats sans frontières et humanitaires du Cameroun bénéficiaire du programme de petites subventions pour améliorer la gouvernance foncière locale, au Cameroun, le 2 novembre 2020. (VOA/

Son association fait partie des quatre organisations de la société civile bénéficiaires d’une subvention de plus $33.000 cette année pour appuyer les communautés locales dans la gouvernance foncière.

Pour mener le plaidoyer sur les droits fonciers en faveur des déplacés internes de la crise anglophone, Asfh-Cam va se déployer dans trois arrondissements de la région de l'Ouest au cours des 9 prochains mois.

Plus de 270.000 déplacés

Dans la région de l’Extrême-Nord, l’ONG Action pour le développement ACDEV, autre bénéficiaire de la subvention, affirme que "beaucoup d’agriculteurs et d’éleveurs partis des villages où sévit Boko Haram vivent désormais dans le désarroi en zone urbaine".

"A l’Extrême-Nord​, c’est le chef traditionnel qui a la main mise sur les terres, lorsque les personnes viennent d’ailleurs, elles ont d’abord les problèmes d’acceptation", souligne William Edouard, conseiller technique au sein de l’ONG Action pour le développement basée à Maroua.

L’ONG a également planifié ses activités sur une période de 9 mois. Celles-ci vont tourner autour "des concertations avec toutes les parties prenantes, tels que la mairie et les chefs traditionnels où ces déplacés internes vivent", rapporte-t-il. "A l’issue de ces concertations, chacun devra avoir une portion de terre à exploiter pour sa famille", espère-t-il.

Depuis 2015, sur financement de l’Union européenne, le Cameroun met en œuvre le projet dénommé Landcam, élaboré par l’institut international pour l'environnement et le développement. Le projet vise l’amélioration de la gouvernance foncière locale.

"Toute intervention au développement rural se trouve confrontée à la problématique d’accès à la terre, et notamment pour les déplacés internes", confie à VOA Afrique, Sylvanie Jardinet, chargée de programme équipe agriculture et rural à la délégation de l’Union européenne au Cameroun.​

Les experts camerounais de développement préconisent une réforme urgente de la loi foncière au Cameroun au regard de la situation des déplacés internes de la crise anglophone et de ceux victimes des exactions de Boko Haram.

"L’accès à la terre aux personnes qui sont de passage, aux victimes des catastrophes naturelles, aux plus de 200.000 réfugiés depuis quelques années sont au Cameroun et ont besoin de continuer avec leurs activités de production sont des problématiques importantes sur lesquelles il faille se pencher", soutient le secrétaire général du Centre pour l’environnement et le développement, Samuel Nguiffo.

Les problèmes sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l'Extrême-Nord ont contraint, d'après le rapport 2019 d'Amnesty international, près d'un million de Camerounais à quitter leurs terres.

Crise anglophone: les déplacés internes ne sont pas intégrés
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