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Deux soldats français blessés par des tirs tchadiens lors d'un "accident" à N'Djamena


Le président tchadien Idriss Deby Itno serre la main de la ministre française des Forces armées, Florence Parly, avant leur rencontre au palais présidentiel à N'Djamena au Tchad le 31 juillet 2017.
Le président tchadien Idriss Deby Itno serre la main de la ministre française des Forces armées, Florence Parly, avant leur rencontre au palais présidentiel à N'Djamena au Tchad le 31 juillet 2017.

Deux militaires français ont été blessés mardi à N'Djamena par des tirs de l'armée tchadienne, un "accident" impliquant un allié majeur de la France en Afrique subsaharienne, en particulier dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel.

Les deux soldats "étaient en patrouille de reconnaissance à proximité du palais présidentiel en vue de préparer une rencontre officielle à venir", a expliqué à l'AFP le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l'état-major, sans préciser la nature de cette rencontre.

"Ils ont été blessés par balles par des militaires tchadiens", a-t-il indiqué en précisant que des investigations étaient en cours. "Les circonstances de l'accident sont encore à déterminer".

Un journaliste de l'AFP situé à proximité du palais présidentiel a entendu plusieurs coups de feu. Le pronostic vital des deux hommes n'est pas engagé mais l'un d'eux était dans un état grave. Ils ont été pris en charge par les moyens sanitaires de la force antijihadiste Barkhane, déployée au Sahel depuis août 2014, et devaient être évacués.

- Les militaires "en train de filmer" -

Les autorités tchadiennes n'ont pas officiellement communiqué sur cet incident.

En fin de matinée, un officier de la garde présidentielle avait cependant informé l'AFP, sous couvert de l'anonymat, de tirs sur des individus en civil devant le palais.

Les deux hommes "étaient venus à bord d'un Prado blanc (un véhicule civil), ils étaient en civil et se sont arrêtés face au portail principal du nouveau palais et donc les militaires en faction ont tiré sur eux. Ensuite une autre voiture est venue les récupérer", a-t-il expliqué.

Selon lui, les deux hommes - accompagnés d'un troisième dans la voiture - étaient en train de filmer le palais quand ils ont essuyé les tirs.

Devant le bâtiment, des panneaux de la mairie indiquent pourtant qu'il est interdit de stationner. Et il faut une autorisation préalable du ministère de la Communication pour filmer le palais.

"Ce genre d'incidents est fréquent, surtout la nuit. L'année dernière, il y a eu deux Tchadiens qui ont été blessés par des tirs, l'un d'eux a succombé à ses blessures", a ajouté l'officier. "Mais c'est la première fois que cela arrive sur des blancs".

L'incident fait tache dans les relations entre Paris et N'Djamena. Le Tchad est à la fois un important allié de la France, une des armées les plus fortes de la région et un acteur important de la force conjointe du G5 Sahel (avec Mauritanie, Mali, Niger et Burkina Faso) qui combat les groupes jihadistes au Sahel avec la force française Barkhane.

L'armée tchadienne est aussi confrontée aux groupes jihadistes, dont Boko Haram, autour du lac Tchad.

Le régime du président Déby, arrivé au pouvoir en 1990 par les armes, fait également face à des groupes rebelles stationnés dans le sud de la Libye voisine bien déterminés à le renverser.

En février 2019, une colonne rebelle avait traversé la frontière avant d'être stoppée par des bombardements de l'aviation française sur demande de N'Djamena. Une décenie auparavant, l'allié français avait déjà sauvé le président Déby, repoussant en 2008 in extremis des rebelles arrivés jusqu'aux portes du palais présidentiel.

Après cette attaque, le pouvoir avait creusé des tranchés autour de N'Djamena, toujours visibles aujourd'hui, et le palais pris des allures de bunker militaire.

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