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Deux ex-bourgmestres condamnés à la prison à perpétuité à Paris pour le génocide au Rwanda


L’avocat français Richard Gisagara représente Constance Mukabazayire lors du procès sur le génocide au Rwanda dans lequel comparaissent Octavien Ngenzi et Tito Barahira accusés pour le massacre des centaines de Tutsis, au palais de justice de Paris, France, 10 mai 2016. REUTERS / Gonzalo Fuentes
L’avocat français Richard Gisagara représente Constance Mukabazayire lors du procès sur le génocide au Rwanda dans lequel comparaissent Octavien Ngenzi et Tito Barahira accusés pour le massacre des centaines de Tutsis, au palais de justice de Paris, France, 10 mai 2016. REUTERS / Gonzalo Fuentes

Octavien Ngenzi et Tito Barahira  à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur participation au génocide des Tutsi dans leur village de Kabarondo, dans l'est du Rwanda, en avril 1994.

La cour d'assises de Paris a jugé les deux anciens bourgmestres rwandais coupables de "crimes contre l'humanité" et "génocide", pour "une pratique massive et systématique d'exécutions sommaires" en application d'un "plan concerté tendant à la destruction" du groupe ethnique tutsi.

Octavien Ngenzi, 58 ans, et Tito Barahira, 65 ans, ont été condamnés à l'issue de deux mois d'un procès qualifié d'"historique" par les parties devant la cour d'assises de Paris.

C'est la deuxième et la plus lourde condamnation en France en relation avec les massacres de 1994 au Rwanda, après celle en 2014 de l'ex-capitaine de l'armée Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion, pour génocide et complicité de crime contre l'humanité.

Cette peine correspond aux réquisitions de l'avocat général Philippe Courroye, qui avait désigné les deux hommes, qui se sont succédé à la tête du village de Kabarondo, comme des rouages essentiels du génocide dans leur commune, autant des "superviseurs" que des "bourreaux à l'œuvre". Des "valets des planificateurs du génocide" qui ont "manqué leur rendez-vous avec l'humanité, avec le pardon" en niant jusqu'au bout.

Fidèles à eux-mêmes, les accusés sont demeurés impassibles à l'énoncé du verdict. Ngenzi, très droit, a à peine cillé, Barahira, de retour d'une de ses séances de dialyse, est resté enfoncé dans son fauteuil bleu.

Pour les parties civiles, ce fut une libération silencieuse. Les sanglots discrets éclatent, c'est le soulagement après deux mois d'un procès hors norme: des débats filmés pour l'histoire, une centaine de témoins, un changement de président en cours de route, plus de 30 tonnes de procédure.

Huit semaines de débats ont donné à voir un génocide entre voisins, dans une région frontalière de la Tanzanie. Un crime de proximité loin des centres du pouvoir, contrairement au procès de Simbikangwa, un homme influent de la capitale.

A Kabarondo, le massacre le plus effroyable eut lieu le 13 avril à l'église, où des milliers de paysans tutsi s'étaient réfugiés, espérant gagner un sanctuaire, comme l'avaient été les lieux de culte lors des pogroms précédents depuis les années 1960. C'est pour ce massacre mais aussi pour leur participation à des réunions préparatoires, des rafles ou des perquisitions chez des Tutsi que ces deux hommes ont été jugés.

Avec AFP

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