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Des experts de l'ONU demandent la libération de l'opposante béninoise Reckya Madougou


Les partisans de Reckya Madougou se rassemblent au Tribunal de répression des délits économiques et du terrorisme (CRIET), à Porto-novo, le 10 décembre 2021.
Les partisans de Reckya Madougou se rassemblent au Tribunal de répression des délits économiques et du terrorisme (CRIET), à Porto-novo, le 10 décembre 2021.

La détention de l'opposante béninoise et ancienne garde des Sceaux Reckya Madougou est "arbitraire" et elle doit être libérée "immédiatement", a jugé un groupe de travail de l'ONU dans un avis authentifié mercredi par l'AFP.

Détenue depuis mars 2021 dans le sud-est du Bénin, Mme Madougou a été condamnée en décembre 2021 à 20 ans de prison pour des faits de "terrorisme", étant accusée d'avoir financé l'assassinat de personnalités politiques pour empêcher la tenue de l'élection présidentielle, des faits qu'elle conteste.

L'opposante, âgée de 48 ans, avait été jugée coupable par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), tribunal accusé par l'opposition de servir à les museler au bénéfice du président béninois Patrice Talon, engagé, selon eux, dans un tournant autoritaire.

A la suite de l'examen de son cas, le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire a conclu que l'arrestation et la détention "dépourvues de base légale" de Mme Madougou sont "arbitraires". L'opposante n'a notamment "pas bénéficié du droit à la présomption d'innocence" et le tribunal n'a pas fourni la preuve de son "implication présumée dans une entreprise de financement d’assassinats", selon le Groupe dont les avis ne sont pas contraignants.

Celui-ci conclut "que la mesure appropriée consisterait à libérer immédiatement" l'opposante et "à lui accorder le droit d’obtenir (...) une indemnisation". L'avis précise que le gouvernement béninois avait répondu au Groupe fin mars 2022, affirmant notamment "réfuter toutes les allégations de violation des droits fondamentaux de Mme Madougou". Contactées par l'AFP, les autorités n'ont pas souhaité réagir dans l'immédiat.

Joint par téléphone depuis Lagos, Me Antoine Vey, l'un des avocats de Mme Madougou, s'est réjouit de cette "décision symbolique forte".

"Le Bénin s'est peut-être coupé de la démocratie et d'une justice indépendante mais il ne s'est pas coupé de la communauté internationale. Ses partenaires économiques, notamment l'Etat français, ne peuvent pas souscrire au travail des Nations unies et l'ignorer quand la cause est moins médiatisée", a affirmé à l'AFP Me Vey.

L'ancienne ministre, dont la candidature à l'élection présidentielle d'avril 2021 avait été rejetée, avait été arrêtée quelques semaines avant le scrutin qui a vu le président Patrice Talon être réélu pour un second mandat avec plus de 86% des voix.

Depuis sa première élection en 2016, le président Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d'engager son pays dans la voie du développement. Mais cette modernisation s'est aussi accompagnée d'un important recul démocratique, selon l'opposition, réduite quasiment à néant aujourd'hui.

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