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Démission du président birman, proche d'Aung San Suu Kyi


Aung San Suu Kyi et le Président démissionnaire de la Birmanie Htin Kyaw à Naypyitaw, au Myanmar, le 24 mai 2017.
Aung San Suu Kyi et le Président démissionnaire de la Birmanie Htin Kyaw à Naypyitaw, au Myanmar, le 24 mai 2017.

Le président birman Htin Kyaw, qui vivait dans l'ombre d'Aung San Suu Kyi, a démissionné mercredi avec effet immédiat, près de deux ans après sa prise de fonction, à un moment complexe pour le pays, accusé d'épuration ethnique.

"Le président Htin Kyaw a demandé le 21 mars 2018 a être démis de ses fonctions", a annoncé la présidence dans un court communiqué publié sur sa page Facebook.

Cet intellectuel, fils d'un poète birman renommé et ami d'enfance d'Aung San Suu Kyi, était devenu en avril 2016 le premier civil à ce poste depuis des décennies.

Aucune raison n'a été avancée par la présidence pour expliquer cette démission, mais Htin Kyaw était apparu très amaigri ces derniers mois et les spéculations sur sa santé s'étaient multipliées dans la presse.

Aung San Suu Kyi avait placé ce fidèle compagnon de dissidence à ce poste, principalement honorifique dans la configuration actuelle, car elle ne peut pas l'occuper pour des raisons constitutionnelles. Il est en effet interdit à quiconque ayant des enfants de nationalité étrangère - ce qui est le cas d'Aung San Suu Kyi, qui a deux fils britanniques - d'occuper le poste de président.

Dans l'incapacité de changer la Constitution, cette dernière avait clairement expliqué après l'élection qu'elle serait "au-dessus" du président.

- Nouveau défi -

Elle a maintenant sept jours d'après le communiqué de la présidence pour trouver un remplaçant à celui qui se sera peu exprimé lors de ses deux années de mandat, et quasiment jamais sur les dossiers sensibles.

"S'il s'agit d'un proche d'Aung San Suu Kyi, les choses devraient continuer normalement, le poste de président étant largement honorifique depuis la création de celui de conseiller d'Etat pour Aung San Suu Kyi", a commenté Mael Raynaud, spécialiste de la Birmanie.

C'est un nouveau défi pour Aung San Suu Kyi, qui incarnait d'immenses espoirs à son arrivée au pouvoir en 2016, mais dont le pays est aujourd'hui dans la tourmente.

La Birmanie est accusée par les Nations unies d'épuration ethnique de la population musulmane rohingya dans l'ouest du pays. Près de 700.000 d'entre eux se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir une campagne de l'armée birmane.

Si elle garde la confiance de la grande majorité des Birmans, la prix Nobel de la paix 1991 a été pointée du doigt pour son manque de compassion à l'égard des Rohingyas et pour son silence sur le rôle de l'armée, avec laquelle elle doit composer sur le plan politique.

Et dans les coulisses, les politiques reprochent à Suu Kyi d'avoir concentré trop de pouvoir dans ses mains et d'étouffer le débat au sein du parti.

Le gouvernement de l'ancienne dissidente peine par ailleurs à relancer le pays: des guerres ethniques qui reprennent, des réformes économiques et sociales qui tardent, les critiques sur la scène internationale s'accumulent.

Pendant des décennies, la Birmanie a vécu sous la dictature militaire et rêvé de démocratie.

Les attentes des Birmans étaient donc très fortes après les élections historiques en novembre 2015 qui ont porté au pouvoir la Dame de Rangoun et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD).

Avec AFP

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