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Covid-19 et vaccins: l'Afrique doit "intensifier sa préparation"


Un volontaire reçoit une injection lors du premier essai clinique humain du pays pour un vaccin potentiel contre le nouveau coronavirus, à l'hôpital Baragwanath de Soweto, en Afrique du Sud, le 24 juin 2020.
Un volontaire reçoit une injection lors du premier essai clinique humain du pays pour un vaccin potentiel contre le nouveau coronavirus, à l'hôpital Baragwanath de Soweto, en Afrique du Sud, le 24 juin 2020.

Moins touchée que les autres continents par le Covid-19, l'Afrique se lance dans une course aux vaccins semée d'obstacles financiers, logistiques et culturels, avec une préférence dans quelques grands pays pour les offres les moins chères comme AstraZeneca.

Le continent a pour objectif de vacciner "3% des Africains d'ici mars 2021 et 20% d'ici la fin de l'année prochaine", a déclaré le 26 novembre la directrice régionale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Matshidiso Moeti, basée à Brazzaville.

Sur le continent, le coût du déploiement du vaccin auprès des "populations prioritaires" est estimée à 5,7 milliards de dollars, avec "des coûts supplémentaires de 15 % à 20 % pour le matériel d'injection et la livraison des vaccins", selon l'OMS.

Sur les 47 pays de la région Afrique de l'OMS, "seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement", regrette l'agence onusienne.

L'OMS a demandé aux gouvernements d'"intensifier leur préparation à la vaccination contre la Covid-19".

Pour le financement, les pays africains, à revenus faibles ou intermédiaires, doivent bénéficier du soutien du "Covax", une alliance internationale emmenée par l'OMS qui négocie avec les laboratoires un accès équitable aux vaccins.

Terre de toutes les épidémies, souvent sans vaccin comme le paludisme ou le sida, l'Afrique a relativement été épargnée par la Covid-19, avec 52.000 décès officiellement, pour 2,2 millions de cas recensés (sur une population d'environ 1,25 milliard d'habitants).

Pays le plus touché du continent (près de 800.000 cas pour plus de 21.000 décès), l'Afrique du Sud espère obtenir ses premières doses d'ici mi-2021, d'après l'épidémiologiste Salim S. Abdool Karim, conseiller du gouvernement.

Efficacité vs coût

"Si nous ne pouvons vacciner que 30 à 40% de la population, ou au moins la population adulte, cela nous aiderait à gérer la transmission du virus", ajoute le professeur spécialiste des vaccins Shabir Madhi de l'université de Witwatersand.

Trois essais sont actuellement en cours en Afrique du Sud, dont celui d'AstraZeneca/Université d'Oxford.

AstraZeneca annonce des doses à prix coutant (2,50 euros, environ trois dollars), moins cher que ses concurrents Pfizer/BioNtech et Moderna.

Mais son vaccin est efficace en moyenne à 70%, contre 90% pour les deux autres fabricants, d'après les résultats des études communiquées par les trois laboratoires. AstraZeneca a annoncé une "étude supplémentaire".

D'après le professeur Shabir Madhi, mieux vaut en Afrique du Sud un vaccin efficace à 60 ou 70% accessible à une partie importante de la population, qu'un vaccin efficace à 90%, mais hors de portée pour 50% de la population.

Comme l'Afrique du Sud, le Kenya participe également aux essais du laboratoire AstraZeneca, en restant ouvert "à d'autres opportunités de collaborations".

"L'Institut kényan de recherche médicale (Kemri) va collaborer avec des chercheurs d'autres pays comme la Corée du Sud, l'Inde, Singapour et la Chine entre autres", selon le comité national de réponse d'urgence au coronavirus dans un communiqué le 30 novembre.

Réticences culturelles

Le Maroc (près de 360.000 cas, 5.915 décès) a opté pour AstraZeneca et le chinois Sinopharm, en espérant lancer une campagne dès la fin de l'année.

Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique (environ 200 millions d'habitants, plus de 67.500 cas pour quelque 1.173 morts officiellement enregistrés), "nous sommes en contact avec tous les pays et les entreprises qui ont développé le vaccin, y compris les États-Unis, la Chine et Pfizer", a déclaré mardi à l'AFP le chef de l'autorité sanitaire NPHCDA, Dr. Shuaib Faisal.

"Environ 44 millions de Nigerian seront les premiers ciblés quand le vaccin sera disponible", a-t-il ajouté.

"Des scientifiques nigerians sont en train de travailler avec des universités et des instituts de recherche pour développer des vaccins locaux, qui seront moins chers et plus approprié à notre environnement", selon lui.

Outre le défi logistique (la chaîne du froid), l'Afrique devra faire face à des résistances culturelles. Des méfiances aggravées par des propos unanimement condamnés d'un médecin français au début de l'épidémie en mars, qui invitait à tester les vaccins en Afrique "où il n'y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation".

Madagascar fait partie du club des pays réticents. "Nous ne nous positionnons pas encore par rapport au vaccin. En d'autres termes, nous ne nous inscrivons pas sur la liste des pays futurs bénéficiaires", a déclaré fin novembre la porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo.

En Afrique du Sud, le "taux d'hésitation" face au vaccin est estimé à un tiers de la population, d'après l'épidémiologiste Salim S. Abdool Karim.

"Si les communautés ne sont pas associées et convaincues que le vaccin protègera leur santé, nous ferons peu de progrès", a plaidé la directrice régionale de l'OMS.

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