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Congo: après le référendum, l'opposition veut poursuivre la "désobéissance civile"


Militaires votant à Brazzaville, Congo, 25 october 2015. (REUTERS/Roch Baku)
Militaires votant à Brazzaville, Congo, 25 october 2015. (REUTERS/Roch Baku)

L'opposition congolaise a annoncé lundi à Brazzaville la poursuite de ses opérations de "désobéissance civile", jugeant que le président Denis Sassou Nguesso avait subi "un camouflet" la veille au référendum sur un projet de constitution lui permettant de se représenter en 2016.

Le porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, a indiqué que les résultats du référendum seraient annoncés "mercredi soir au plus tard".

Il a souhaité "qu'on ne regarde pas [le vote de dimanche] sous le prisme de Brazzaville et de ses quartiers sud", théâtre de violences meurtrières mardi lors d'affrontements entre opposants et forces de l'ordre, et où la participation a été très faible.

Selon les observations de plusieurs journalistes de l'AFP à Brazzaville et Pointe-Noire, la deuxième ville du pays, dans le sud, et les informations récoltées dans plusieurs autres grandes villes dans diverses régions, les électeurs semblent avoir largement boudé les urnes dimanche.

M. Sassou Nguesso "vient d'avoir un camouflet", a déclaré à l'AFP Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), premier parti d'opposition au Parlement.

"Les Congolais ne se sont pas déplacés, c'était le mot d'ordre que nous avions donné", a ajouté M. Tsaty Mabiala, pour qui la participation dimanche n'a pas dépassé "10%".

"Après tout ce que nous avons connu comme tracasseries, arrestations, brimades, violences inouïes", a-t-il encore dit, "nous allons continuer la désobéissance civile".

"On constate aujourd'hui que la participation est faible et que le consensus auquel on avait appelé n'a pas été trouvé", a-t-on commenté de source diplomatique à Paris, faisant référence aux propos du président français François Hollande.

Celui-ci avait jugé mercredi que M. Sassou pouvait "consulter son peuple", mais qu'il lui fallait ensuite "veiller à rassembler, respecter et apaiser".

- 'Phénomène quasi-plébiscitaire' -

M. Tsaty Mabiala est l'un des chefs d'une des deux principales plateformes d'opposition ayant appelé à boycotter un référendum qualifié par elles de "coup d'État constitutionnel".

Revenu au pouvoir par les armes en 1997, M. Sassou Nguesso, qui avait dirigé le Congo de 1979 à 1992, cumule plus de 31 ans à la tête du pays.

Le projet de constitution soumis aux urnes dimanche fait sauter les deux verrous qui l'empêchent de briguer un troisième mandat : la limite d'âge et celle du nombre des mandats présidentiels.

"Ne disons pas que tous ceux qui ne sont pas allés voter adhéraient à la position de l'opposition, a estimé M. Moungalla, [ce] serait un raccourci imprudent à ce stade".

"Là où le suffrage s'est exprimé de manière forte ou très partielle, on constate une avance significative des suffrages en faveur du 'oui'", a encore affirmé le porte-parole du gouvernement parlant de "phénomène quasi-plébiscitaire dans les régions du nord [du] Congo".

La campagne référendaire a été marquée par l'interdiction des rassemblements publics, l'assignation à résidence de certains dirigeants d'opposition, et des violences meurtrières à Brazzaville et Pointe-Noire qui ont ravivé dans l'opinion le spectre des épisodes de guerre civile ayant déchiré le pays entre 1993 à 2003.

Plusieurs ONG locales et internationales ont dénoncé un climat de "répression" rendant impossible la tenue d'un scrutin dans des conditions démocratiques.

Lundi, l'internet mobile, les SMS et le signal FM de la radio française RFI, l'une des stations les plus écoutées du pays, sont restés coupés pour le sixième jour d'affilée.

Plusieurs pays africains ont été récemment confrontés à la question de la modification ou de l'interprétation de leur constitution pour permettre au chef de l'État de se maintenir au pouvoir, à l'image du Burundi, où la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, puis son élection, ont plongé le pays dans une crise profonde et meurtrière.

Jeudi, l'Élysée a déclaré que M. Hollande souhaitait "que les Constitutions soient respectées et que les consultations électorales se tiennent dans des conditions de transparence incontestables".

Le référendum passé, "on rentre dans une phase difficile pour essayer de préserver au maximum la paix, sauver des vies, retrouver du consensus", a estimé la source diplomatique à Paris, "on continue à passer des messages pour que [cette phase] s'ouvre dans les meilleurs conditions".

Avec AFP

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