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Les confessions d'ex-enfants soldats de la LRA à Cannes


Dans le documentaire "Wrong Elements", présenté hors compétition à Cannes, l'auteur des "Bienveillantes" Jonathan Littell a recueilli les témoignages d'ex-enfants soldats de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) de l'Ougandais Joseph Kony, à la fois bourreaux et victimes.

Dans ce documentaire de plus de deux heures, son premier film, l'écrivain et journaliste franco-américain de 48 ans suit des jeunes qui ont été enlevés alors qu'ils étaient encore adolescents par la LRA. Ce mouvement, créé dans la deuxième moitié des années 80 en rébellion contre le gouvernement de l'Ouganda, a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants, selon l'ONU.

Parmi eux, Littell a rencontré Geofrey, Mike, Nighty et Lapisa, enlevés à 12 ou 13 ans et forcés à combattre dans les rangs de la LRA, qui tentent aujourd'hui de se reconstruire.

"J'avais déjà fait deux reportages pour Le Monde Magazine sur la LRA en 2010 et 2011, donc c'est un sujet que je connaissais déjà assez bien et qui continuait à m'intéresser. Quand il y a eu l'idée de faire un documentaire, je me suis assez naturellement focalisé sur ça", a indiqué Jonathan Littell à l'AFP.

"Il y a eu un énorme travail de préparation, j'ai beaucoup travaillé avec des chercheurs", a poursuivi l'auteur, qui a passé au total un an sur ce film, dont deux mois de repérages et autant de tournage, pour aboutir à "120 heures de rushs, donc une très grosse matière".

Composé de séquences souvent longues, "Wrong Elements" alterne les témoignages de ces jeunes face caméra et des moments où le réalisateur les fait revenir sur les lieux où ils ont été avec la LRA, en particulier l'ex-base du mouvement au Soudan. "Là, je me suis vraiment inspiré de la tradition des films de mémoire", dans la lignée de "Shoah" de Claude Lanzmann, "S21, la machine de mort khmère rouge" de Rithy Panh ou "The Act of Killing" de Joshua Oppenheimer, explique Jonathan Littell.

Il suit aussi l'ancien chef de guerre Dominic Ongwen, lui-même ex-enfant soldat, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, lors de sa reddition en janvier 2015.

A travers les souvenirs de ces jeunes, qui racontent, tantôt bouleversés, tantôt en riant, leur vie dans la brousse, la façon dont ils ont appris à tuer, les entraînements, les viols et les exécutions (ici un extrait du film), le réalisateur les montre dans leur complexité.

"Ce qui m'intéresse, ce sont les fonctionnements humains, le côté universel", explique-t-il.

Avec AFP

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