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Pas d'accalmie en zones anglophones camerounaises


Un soldat du Bataillon d'intervention rapide (BIR) camerounais se tient à côté d'une voiture brûlée dans la ville de Buea, dans la région anglophone du sud-ouest du Cameroun, le 4 octobre 2018. (Photo: REUTERS/Zohra Bensemra)
Un soldat du Bataillon d'intervention rapide (BIR) camerounais se tient à côté d'une voiture brûlée dans la ville de Buea, dans la région anglophone du sud-ouest du Cameroun, le 4 octobre 2018. (Photo: REUTERS/Zohra Bensemra)

L'armée camerounaise a déclaré avoir tué 24 séparatistes qui, selon elle, tentaient de perturber la reprise des municipales et législatives prévues dimanche dans les régions anglophones du pays.

Une affirmation rejetée par les séparatistes qui affirment que les pertes humaines seraient plutôt du côté de l’armée. Entre temps des témoins affirment qu'un certain nombre de personnes tuées étaient des civils.

Selon le général de brigade Valere Nka, 350 soldats de l’armée camerounaise ont détruit 10 camps des séparatistes durant la semaine. Ils auraient également saisi des véhicules ainsi que des armes et tué un certain nombre des combattants adverses, dont un officier supérieur.

"Leur soi-disant général a été neutralisé, et nous avons compté une vingtaine de morts ou de neutralisés dans leurs rangs. Beaucoup de blessés sont en fuite. Nous sommes satisfaits. Nous allons continuer de travailler pour que la paix revienne dans les régions ouest, nord-ouest et sud-ouest", a souligné Nka.

Pour leur part, même s’ils reconnaissent que l’armée a détruit leurs camps, les séparatistes ont déclaré sur les réseaux sociaux que la plupart des victimes se comptaient du côté de l’armée.

Ce que rejette en bloc Nka, qui affirme qu’aucun de ses éléments n’a perdu la vie. Il reconnait que certains ont été légèrement blessés.

Quant aux témoins, ils disent que l'armée a également tué des civils lors de ces raids.

Metombi Nchari, un infirmier de 44 ans, affirme que les soldats ont abattu au moins six civils, dont sa fille.

"Vous voulez me dire que ma fille de 17 ans qui allait aux champs portait une arme ? Elle qui n’avait qu'une houe en main?", s’interroge-t-il. "Ou vous voulez me dire que ma fille de 17 ans est un combattant terroriste? Ce n'est pas possible!", rétorque-t-il.

Démenti officiel

Le ministre de l'administration territoriale du Cameroun, Paul Atanga Nji, a rejeté toute possibilité que l'armée ait abattu des civils.

Selon lui, le président Paul Biya a ordonné ces raids pour stopper les attaques des séparatistes contre les candidats et les électeurs à la veille du double scrutin de dimanche.

"Le chef de l'Etat a donné des instructions pour que les autorités administratives et les forces de l'ordre garantissent la tenue du scrutin", a expliqué Nji. "Nous pouvons vous affirmer que la situation sécuritaire dans la région du nord-ouest est sous contrôle."

Les populations entre deux feux

Malgré les démentis officiels, les populations locales - et même des dirigeants du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) - disent que les combats sont récurrents dans la zone. Selon Ben Collins Nyuyberiwo, responsable du RDPC dans le village de Mbiame, les séparatistes sont toujours actifs dans la région.

"Soit ils vous coupent les doigts, soit ils vous coupent complètement les mains", a-t-il dit. "Ceux qui ne sont pas en mesure de payer une rançon sont tués. Dix maisons appartenant à mes collègues ont été incendiées. Même ce matin, nous avons reçu des appels disant qu'ils viendraient brûler nos maisons si nous participons à l’élection de dimanche. Ils ont fabriqué des explosifs et font beaucoup de ravages".

Prises entre deux feux, les populations implorent d’une part les séparatistes de cesser leurs attaques et d’autre part l’armée camerounaise pour qu'elle leur offre une protection.

Les séparatistes, pour qui l’objectif ultime est la reconnaissance d’un État anglophone indépendant, sont déterminés à stopper les élections de dimanche.

Le scrutin initial avait eu lieu en février mais le Conseil constitutionnel du Cameroun l’avait annulé dans une dizaine de circonscriptions à cause des nombreuses irrégularités et des fraudes constatées.

Le taux de participation était d’à peine 5% dans certaines régions anglophones.

(Adapté de l'anglais par VOA Afrique. Article original de Moki Edwin Kindzeka)

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