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Le parti au pouvoir remporte les législatives ivoiriennes, perd des députés


Un homme a voté lors des premières élections sénatoriales, à Cocody, un quartier d'Abidjan, Côte d'Ivoire, 24 mars 2018.
Un homme a voté lors des premières élections sénatoriales, à Cocody, un quartier d'Abidjan, Côte d'Ivoire, 24 mars 2018.

Le parti au pouvoir en Côte d'Ivoire a remporté les législatives du 6 mars, mais a perdu la majorité qualifiée au Parlement qu'il détenait avec ses anciens alliés lors d'un scrutin qui s'est déroulé sans violence, contrairement à la présidentielle d'octobre.

Ces législatives ont consacré le retour à l'Assemblée nationale des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo qui boycottaient tous les scrutins depuis dix ans et dont le fils Michel a été élu à Abidjan.

Elles laissent aussi espérer une normalisation de la vie politique dans un pays à l'histoire marquée par de fortes tensions et des violences électorales.

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) remporte la majorité absolue, avec 137 sièges sur 254, dont 32 femmes, contre 91 aux partis d'opposition, selon les résultats publiés mardi par la Commission électorale indépendante (CEI).

La coalition entre le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, premier parti d'opposition) et les partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo obtient 50 sièges, le PDCI seul 23, et les pro-Gbagbo seuls 8, soit au total 81. Les autres partis d'opposition se partagent 10 sièges, les indépendants en obtenant 26.

Un siège n'a pas été pourvu du fait du décès d'une candidate suppléante, l'Assemblée comptant au total 255 députés. L'élection dans cette circonscription de Tortiya (nord) aura lieu dans un délai d'un mois, selon la CEI.

Avec 137 sièges, le RHDP perd la majorité qualifiée des deux tiers qu'il possédait depuis les dernières législatives, en décembre 2016 avec ses 167 élus, quand il regroupait le parti du président Alassane Ouattara et le PDCI de l'ex-président Henri Konan Bédié, plus ceux de ses alliés.

"Nous constatons que le RHDP est le parti le plus représentatif de la Côte d'Ivoire. Nous avons des élus sur l'ensemble du territoire dans toutes les régions. C'est une satisfaction (...) que ces élections aient tenu toutes ces promesses, la participation de tous les acteurs, l'apaisement, la transparence, le calme" s'est félicité Adama Bictogo, numéro deux du RHDP, le parti au pouvoir.

Le taux de participation à ces législatives à un tour s'est élevé à 37,88%, soit un taux équivalent à celles de 2016.

Ces élections, qui se sont déroulées sans violence, contrairement à de récents scrutins, réunissaient pour la première fois depuis de nombreuses années l'ensemble des principaux acteurs politiques.

Il a marqué le retour du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, pièce maîtresse de la coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) qui avait fait alliance avec le PDCI dans une majorité des 204 circonscriptions.

Michel Gbagbo, universitaire et fils aîné de Laurent, l'emporte dans la commune de Yopougon à Abidjan, la plus grande de tout le pays avec près de 500.000 électeurs sur 7,4 millions, et ancien fief de l'ex-président, que la coalition PDCI-EDS a réussi à reprendre au RHDP.

"Un bonheur"

"C'est un bonheur", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant: "Nous allons essayer de consolider ce processus de démocratisation de la vie politique, dans l'objectif de pourvoir atteindre une paix durable".

Parmi les personnalités du RHDP élues figure Patrick Achi, ancien secrétaire général de la présidence, nommé lundi Premier ministre par intérim pour remplacer le titulaire du poste Hamed Bakayoko, hospitalisé en Europe depuis le 18 février. Malgré son absence, M. Bakayoko a été élu à Séguéla (Nord).

Le RHDP, qui n'avait pas réagi dans un premier temps à ces résultats, l'emporte aussi à Abobo, autre grande commune populaire d'Abidjan, et s'empare de plusieurs anciens fiefs du PDCI, dont la capitale administrative Yamoussoukro (centre) et la station balnéaire de Grand Bassam (Sud).

L'opposition, même si elle parvient à rééquilibrer les forces au sein du Parlement, n'est pas parvenue à ses fins d'obtenir la majorité pour éviter "la constitution d'un pouvoir absolu" du président Ouattara et de son parti.

La victoire du RHDP devrait lui permettre de continuer à soutenir la politique de "réformes" du chef de l'Etat, réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé.

Sa réélection avec plus de 94% des voix, lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, a été marquée par des violences tout au long de la période électorale, qui ont fait 87 morts.

Le chef de l'Etat entend poursuivre également la politique de "réconciliation nationale" dont l'un des signes forts serait le retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire.

Acquitté en première instance de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans des violences électorales qui avaient fait quelque 3.000 morts en 2011, M. Gbagbo a annoncé ce retour pour "bientôt".

La CPI l'a autorisé à quitter la Belgique, où il réside depuis sa libération conditionnelle en janvier 2019, dans l'attente d'un éventuel appel de la procureure de la CPI.

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